[Interview] Mr. Crock au Printemps de Bourges 2015

Les membres de Mr. Crock se sont rencontrés en 2010 et, depuis, ne se sont pas quittés. Ils font de la musique « à la vie, à la mort », mais surtout « à la vie, à l’amour ». Car c’est nourris de leurs passions communes et personnelles que Christelle, Solène, Walter, Ben et Marc grandissent et font grandir le projet avec passion et ambition.
Une emphase naturelle qui se ressent tant sur scène qu’en interview, tant en mode acoustique qu’électrique. Un tonnerre de sons et d’inspirations diverses qui les conduit sur microsillons et sur les sillons des meilleurs groupes indie. Confiant sur son avenir, le quintet parisien nous a confié ses états d’âme et ses petits secrets de fabrique et de réussite avant d’investir la scène Pression Live.
On a craqué pour Mr. Crock qui, à l’aube de la sortie de son troisième EP, « Exotic Pilgrimage », s’est bien mis en jambes à Bourges avant d’aller dans sa Ferrari bleue vous surprendre et vous entendre sur ses compositions qui font sa fierté.
Par exemple, en finale du Tremplin Play It Indie le 30 mai au Pan Piper !

Mr. Crock

  • Bonjour les Mr. Crock, on se fait un petit tour de table pour savoir qui est qui et le rôle tenu dans le groupe ?

Mr. Crock : Bonjour. Je suis Solène et je suis à l’accordéon, aux synthés et aux chœurs. Moi, c’est Christelle, je suis à la voix, la guitare et un peu à la basse. Et moi je suis Walter : guitare, voix et un peu de basse aussi. Il manque Ben qui est aux claviers à la base et qui fait la basse aussi, et Marc, le batteur.

  • Est-ce que c’est la même formation depuis le début de l’aventure de Mr. Crock ?

Christelle : Oui, et ça sera la seule formation de Mr. Crock possible. Si quelqu’un part, cela sera la fin de Mr. Crock !

  • Il y a donc un pacte entre vous ?

Solène : Haha, un pacte secret ! En fait c’est un pacte non dit, mais on le sait tous. On est uni par les liens du cœur.

Walter : Une sorte de « Marche ou crève ».

  • Et donc, comment a démarré le projet Mr. Crock ?

Christelle : On s’est rencontré en 2009 avec Walter. On devait faire une scène pour un tremplin parisien et il fallait qu’on trouve d’autres musiciens. Walter a présenté Solène et Ben, et Ben nous a présenté Marc. On s’est retrouvé une semaine avant ce concert à faire des compos à cinq alors qu’on ne se connaissait pas du tout ! Ça a pris tout de suite et, depuis, on ne s’est jamais arrêté. Comme une machine qui s’est mise en route spontanément et qui nous a complètement transportés sans que l’on ait calculé le projet. Ce n’était pas un désir, ce n’était pas voulu, cela nous est un peu tombé dessus.

  • Qu’est-ce qui unit si fortement le groupe, selon vous ?

Solène : C’est vraiment une question humaine, car on ne se connaissait pas trop chacun à la base et on est arrivé vite à fonder une famille sur un projet musical ce que je trouve assez magnifique. On est unis aussi par tous les liens tissés autour du projet et qui nous rapprochent en tant qu’êtres humains.
Unis à la vie à la mort sauf par nos influences musicales qui sont toutes très différentes. On se réunit sur très peu de groupes.

  • N’est-ce pas justement une force que chacun ait un ADN musical différent qui vous permet d’enrichir vos échanges et vos créations ?

Walter : Oui, c’est justement cela qui est très intéressant. Au fil des réunions, chacun est venu avec ses influences ; le but étant au final de créer des compositions où l’on retrouve tous un petit peu notre univers respectif tout en gardant un aspect homogène. Maintenant, on ne va pas faire du punk et après du funk dans une musique ; mais on essaye d’avoir ce qui nous caractérise et ce que l’on aime écouter.
C’est une richesse incroyable et on la défend dans notre projet. On veut témoigner de cet éclectisme que l’on adore, c’est notre force. On joue beaucoup sur cela et on aime le faire, en tout cas.

  • L’écriture se fait vraiment collégialement ? Comment travaillez-vous sur les nouveaux morceaux ?

Christelle : Oui, justement, c’est super compliqué. On peut mettre six mois pour un seul morceau ! Il n’y aura jamais un choix de son ou d’arrangement qui ne soit pas validé par nous cinq. C’est ultra important pour nous, tous les EP ont été construits comme cela. Surtout le dernier, qui sort le 18 mai.
Oui c’est compliqué, oui cela prend du temps ; on se dispute même, mais parfois on trouve des choses assez magiques grâce au mélange de ces influences.

  • Est-ce que cela peut expliquer qu’en cinq ans d’existence, vous n’ayez pas une discographie si importante que cela ?

Solène : Le premier EP a été fait trop tôt je pense. On était content de ce que l’on faisait à l’époque, mais on n’était pas assez mûr. On a pris plus de temps pour faire le deuxième EP et le troisième maintenant (NDLR : Sortie le 18 mai). Il y a beaucoup d’attachement à faire des morceaux bien construits. Chaque titre est un bébé à part entière. On avait aussi besoin de temps pour faire grandir le projet et que l’on grandisse nous aussi avec lui. Et que l’on soit en osmose avec ce que l’on pense.

Christelle : On a une composition et une création très riches, et le plus long et le plus dur dans ce processus, c’est d’épurer afin de faire quelque chose d’audible et de compréhensible. À commencer pour nous. Il faut que l’on s’y retrouve dans les différentes parties de la compo, même si je pense que les musiques partent parfois dans tous les sens.

Walter : Cela nous a pris un an entre le second et le troisième EP, mais il n’y a pas vraiment de durée ou de limite à respecter. Le plus important est que l’on sorte quelque chose qui nous fasse plaisir et que l’on aime.

Mr. Crock

  • Un album va suivre bientôt ?

Walter : Grande question. On ne sait pas encore !!!

  • Et du coup, Crock vous absorbe à plein temps où vous faites d’autres choses dans vos vies respectives ?

Solène : On se douche Mr. Crock, on mange Mr. Crock, on dort Mr. Crock (rires).

Christelle : On commence à construire un collectif (j’aime bien ce terme) qui croît vers un projet professionnellement, artistiquement et humainement parlant. On agrandit la famille et cela prend beaucoup de temps ; on vise très haut dans ce que l’on veut faire. Mais on a encore nos petits projets chacun de son côté… L’album, on n’en est pas là ; ce qu’on aimerait, c’est tourner, tourner, tourner. Défendre ces EP sur scène nous paraît pour l’instant primordial.

Mr. Crock

  • Vous êtes-vous essayé à la scène étrangère ? Est-ce quelque chose qui vous démange ?

Walter : Moi, je vois cela comme un défi. On y pense de plus en plus, même si cela ne se fait pas à l’heure actuelle

Solène : C’est vraiment l’inconnu. Pour le coup, c’est de l’aventure voire du pèlerinage, je dirais (rires).

Christelle : Je pense qu’on aimerait bien, car on chante en français et en anglais. On a d’ailleurs construit le nouvel EP de manière très anglophone. On a privilégié batterie-basse-voix à la manière anglaise pour ensuite rajouter des couleurs ; des guitares, des synthés, de l’accordéon. Je trouverais intéressant de défendre cela à l’étranger. Pour l’instant, essayons déjà de faire découvrir tout cela auprès de ceux qui nous entourent !

  • Vous avez une très grande force tant en mode « électrique » qu’ « acoustique ». Dans quelle pratique vous sentez-vous finalement le plus à l’aise ?

Walter : Au début, on avait une attirance plus forte pour le folk. Au fur et à mesure, cela s’est transformé, on est parti dans quelque chose de plus organique, de plus électrique, avec l’acquisition de synthés, de pédales ; donc, tout ça, c’est dans le processus normal d’un groupe, de changer un peu. On a toujours cette « ambivalence », c’est aussi un truc que l’on aime défendre. D’ailleurs, on proposera peut-être bientôt une session acoustique sur indiemusic (clins d’œil).

  • Avec plaisir ! En attendant, il y a votre premier concert au Printemps de Bourges ; cela fait-il un écho particulier auprès de vous ?

Christelle : C’est d’abord une date particulière, car c’est la première fois que l’on présente devant pas mal de gens ce projet qu’on chérit. Rien que cela est impressionnant. Et les pros sont là, très attentifs aux les groupes dits émergents. C’est un défi. Outre le projet, on présente des gens, une équipe, on réalise des interviews. C’est fort et nous espérons être bien accueillis.

Walter : Moi, le printemps, cela me donne des allergies (rires)… Non, c’est un vrai bonheur d’être ici.

Christelle : (moqueuse) Ah la la, cette vanne, il la prépare depuis ce matin !


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans