[Live] Villagers au Grand Mix

Il existe différentes manières de reconnaître un habitué du Grand Mix. En ce 5 mai 2015, l’une d’entre elles consiste à demander aux spectateurs présents : « Tu as déjà vu Villagers au Grand Mix ? » Le fidèle vous répond alors : « Oui, c’est la troisième fois ce soir !« .

Villagers, le Grand Mix, Tourcoing, 5 mai 2015

Après deux passages dans la salle tourquennoise, il est désormais clairement établi que Conor O’Brien et Villagers adorent le lieu et réservent à leurs spectateurs un spectacle riche et intense. Villagers au Grand Mix en 2013, on avait été décontenancé par le look tendance de l’artiste, qui jurait avec l’image qu’on avait eu de lui lors de sa première tournée. On avait craint un instant la « boboïsation » de sa musique avant d’être rassuré par un superbe show fait de titres totalement réorchestrés. Alors cette fois, ce n’est pas la barbe de hipster fièrement portée par l’Irlandais qui va nous faire douter ! Non, non, on sait quoi attendre de Villagers, et ces attentes sont pour le moins élevées quant à la beauté du concert qui démarre sous nos yeux ; c’est le moins qu’on puisse dire.

Et pourtant, en quelques secondes seulement, O’Brien et son groupe nous refont le coup du concert de 2013. En entrant en scène avec « Pieces », un morceau du premier album, « Becoming A Jackal », dans une version réorchestrée, totalement dépouillée, à peine reconnaissable, Villagers déconcerte totalement le public. Mais loin d’un ponctuel effet de surprise, ils remettent ça avec le troisième morceau, « That Day », lui aussi extrait du premier album, mais surtout avec le second titre, un « No One To Blame » issu de Darling Arithmetic, subissant lui aussi le même lifting dépouillé. Autour de nous, la circonspection est lisible sur de nombreux visages : aime-t-on ce qu’on est en train d’entendre et qu’on ne connaît finalement pas ? Aimera-t-on ce qui suivra ? La prise de risque pour Villagers est totale.

Trois titres. C’est ce qu’il leur faudra pour défaire le public de toutes ses attentes, de toutes ses idées bien arrêtées sur ce qu’est Villagers et sur ce qu’est sa musique. Non, Conor O’ Brien ne dépouille pas seulement ses morceaux, il applique également sa recette diabolique aux spectateurs. Trois titres, c’est ce qu’il faudra à Villagers pour dépouiller le public, le mettre émotionnellement à nu, le mettre en état d’accueillir la musique proposée par le groupe.

Villagers peut alors sortir ses plus belles (re)compositions : « Darling Arithmetic », « Set The Tigers Free », « Dawning On Me », et surtout, surtout, une extraordinaire version de « Nothing Arrived » (titre issu de Awayland) qui aura pris aux tripes toute la salle, et qui à n’en pas douter aura tiré des frissons sinon des larmes à beaucoup de personnes présentes, le tout se terminant par une énorme ovation.

Le reste, il est peine perdue de tenter de le décrire. Tant d’émotions et de poésie ne sont pas accessibles par les mots, et il est juste que tout cela reste un ressenti partagé par les seuls spectateurs de ce soir (après tout, les absents ont toujours tort). À peine s’autorisera-t-on à dire d’un mot que la version de « The Waves » livrée par Villagers méritait elle aussi le qualificatif d’extraordinaire, ou encore que Conor O’Brien nous subjuguera une dernière fois en restant seul en scène pour une interprétation de « 27 Strangers » où quelques accords de guitare suffiront à donner une autre dimension à un titre qu’on croyait faussement déjà parfait dans sa version studio.

Et que dire de l’enchaînement « Hot Scary Summer » et « Courage » pour terminer les rappels en apothéose ? Ceux qui étaient là savent… Aux autres, on donnera rendez-vous, on l’espère, au quatrième passage de Villagers au Grand Mix, pour un concert qui mériterait d’être enfin sold out, tant l’alchimie entre le groupe et cette salle mérite d’être partagée avec le plus grand nombre.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures