Rafistolage, fantaisie et cœurs mécaniques : Patrick Watson ranime une fois de plus notre âme d’enfant. « Love Songs for Robots » fond comme du chocolat en bouche.
Tout commence avec les robots et les machines. Certaines chansons de « Love Songs for Robots » sont nées de petits concerts privés. Patrick Watson nous explique : « J’ai commencé à réfléchir de façon très mécanique. J’ai trouvé intéressant que nous utilisions nos sens pour créer une réaction émotionnelle. Avec l’âge, on apprend à mieux se connaître et je me suis rendu compte que beaucoup de mes réactions émotionnelles étaient des réponses mécaniques ; ce qui m’a énormément influencé. Je ne voulais pas devenir un robot. Mais la raison pour laquelle nous sommes supérieurs aux ordinateurs est que nous avons des émotions, donc si mes émotions sont mécaniques, la seule chose qui reste entre les robots et nous est la curiosité et l’inspiration. Et ça, je ne crois pas que l’on puisse le programmer. C’est vraiment de là que je suis parti lorsque j’ai débuté l’écriture de l’album. »
Là où cet album se rapproche de « Adventures In Your Own Backyard », c’est par l’ambiance qui s’en dégage. Watson a toujours eu cette âme d’enfant – de par sa voix douce et fluette –, conteur de ces histoires de jouets vivants, de maisons dépliables et de marionnettes enchantées. Nous sommes loin des androïdes que combat Will Smith dans un film qu’on ne cite plus. Nous sommes plutôt avec des robots de Kinder Surprise, ceux qu’on montait et démontait avec nos petites mains, le chocolat au coin des lèvres. On retrouve cette mécanique enfantine sur chaque piste de l’album, dans des sons de second plan, presque faits maison. Aucun titre n’est linéaire dans sa composition, le registre classique est omis ; un va-et-vient constant, des mélodies posées mais aussi hyperactives. Et puis, la voix clairsemée et lumineuse de Patrick Watson n’arrange rien. On est en plein terrain de jeu. « Good Morning Mr Wolf » et surtout « Hearts » en sont les meilleurs exemples.
Musicalement, l’album s’en va vers des recoins jamais explorés par Mr. Watson, comme le blues jazzy de « Turn Into The Noise », qui est sans doute sa meilleure surprise. Puis, la douceur connue de la sublime « Lighthouse » vient avec ses morceaux « In Circles » et « Alone In This World », où l’on reconnaît le folk minimaliste et réservé de Sufjan Stevens. La délicatesse résumerait presque tout, si bien que notre cœur tourne comme une veilleuse de chambre, avec ses petites lumières sur les murs, faites de nuages et de petits cœurs fluorescents. Les couleurs, les ombres chinoises, et les yeux qui brillent avant de se fermer.
« Love Songs for Robots » de Patrick Watson, sortie le 11 mai 2015 chez Domino Records.
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