[Live] Drenge à la Flèche d’Or

Toujours plus dans la sobriété que dans le spectaculaire, Drenge (passé de deux à trois membres) manque de folie mais sait user de toute la rage de sa musique garage-rock puissante et sombre pour séduire sur scène, à l’image de son très bon second album, « Undertow », fraîchement sorti.

Drenge par Mauro Melis

Duo guitare/batterie révélé il y a deux ans avec son premier disque éponyme, Drenge fait partie de ces groupes de rock britannique qui usent avec talent de la puissance maximum d’une formule réduite. Entre Blood Red Shoes et Royal Blood, ce tandem garage composé de deux frères rugit régulièrement dans les petites salles parisiennes et signe son grand retour à la Flèche d’Or.

Eoin et Rory Loveless sont en effet les auteurs d’un second album, « Undertow ». Pour repartir d’un nouveau pied, ils ont finalement trahi leur formule et fait entrer un troisième membre, chargé de la basse, dans la danse. L’épaisseur donnée à leur musique s’en ressent, et leur deuxième disque comble ainsi les quelques hypothétiques vides d’un premier essai déjà flamboyant. L’avantage de les retrouver en live avec ce dispositif est que la basse vient également s’ajouter à leurs premières compositions et donne ainsi un poids supplémentaire à toute leur discographie.

Sur scène, le trio joue en toute sobriété, sans temps mort et sans bavardage. C’est le genre de show qui s’apprécie davantage pour la musique que pour la performance, ou pour admirer Eoin se livrer à une prestation vocale sans accro, sauvage, fidèle à un disque rugueux. Leur set offre un parfait mix de deux albums tellement proches et différents à la fois. « Drenge » compile les chansons courtes et rageuses avec une efficacité de tubes pop instantanés, quand « Undertow » offre des morceaux plus longs, sombres et aux séquences instrumentales assez marquées.

Drenge par Mauro Melis

Le nouveau disque est évidemment à l’honneur, dès l’introduction du concert avec « Running Wild », qui joue également le rôle d’ouverture sur l’album. Le duo devenu trio place ensuite ses gros sons « Backwaters » et « Bloodsports » pour le premier album, ainsi que « We Can Do What We Want » et « Favourite Son » pour le second, et fait ainsi monter la température. La guitare saturée d’Eoin, complétée par ses hurlements, fait petit à petit bouger un public trop calme. Son frère se donne à fond sur la batterie, mais le manque de présence du duo est assez criant : le charisme leur manque à tous les deux. À croire que c’est de famille. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur physique de jeunes petits anges britanniques n’est pas tout à fait accordé à leur musique. Seul leur bassiste Bob Graham, qui attire le plus l’œil, semble être le plus présentable sur scène.

Cependant, le son du trio est une base plus que solide, et la chaleur monte, bien aidée par une Flèche d’Or connue pour devenir vite bouillante et étouffante. Enfin surgit la véritable étincelle avec « Face Like a Skull », qui provoque les premiers coups d’épaules dans la fosse, avant de finir en pogo. Un peu trop tard ? Drenge a déjà sorti la grosse artillerie et le show semble se terminer sur la ballade « Fuckabout », qui rompt la volonté (tardive) des spectateurs de profiter enfin de l’ambiance. Heureusement, le groupe offre un dernier moment de bousculade avec le puissant « Let’s Pretend », qui achève la soirée sur une bonne note. Dommage que Drenge ne fasse pas de rappel ; les Parisiens semblaient fin prêts à en découdre !

Happyness par Mauro Melis

En première partie, le groupe Happyness n’était pas vraiment dans son assiette. Les Anglais n’ont pas semblé s’être remis de leur nuit (arrosée ?) précédente et ont livré un set assez insignifiant. Très chargées de vocoders, les voix des deux chanteurs sont finalement plutôt mal bidouillées et surtout incompréhensibles pour nos oreilles déjà pas très forcément instruites en anglais. Le résultat est plus frustrant que réjouissant.


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Merci à Mauro Melis pour les photos.
Galerie complète du concert de Drenge sur Sound Of Violence

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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens