[Live] Le Printemps de Bourges 2015 – vendredi 24 avril

Première journée et les festivaliers, malgré le soleil et la chaleur ambiants, sont encore attendus le long des esplanades du Printemps de Bourges 2015.

Forever Pavot par Fred Lombard

Sur la scène Pression Live, après une prestation assez faible d’Emma Beatson et ses reprises de grands classiques du rock version blues-funk, les Caennais de Portier Dean investissent les planches et nous bercent de douces mélodies folk-rock montant petit à petit en puissance, entre électricité et statisme de sonorités à la fois douces et aigres. Un set où la démonstration accompagne à la perfection des morceaux dont le calme apparent laisse émerger des instants à l’énergie contenue, mais fin prête à s’exprimer. On surveillera le groupe avec curiosité et, plus que tout, l’envie de les voir se dépasser toujours plus en live.

Alors que le public se fait toujours désirer ou n’ose pas s’approcher de la scène – on se demande encore pourquoi, les artistes proposés n’étant pas aptes à provoquer pogos ou stage diving en tous genres – , F.U.R.S fait son apparition et nous délivre un pop-rock qui pourrait paraître lisse au premier abord, mais qui, au final, dévoile un talent harmonique étonnant.

Le charme de la chanteuse et de la bassiste joue énormément, chacune faisant preuve d’une présence scénique entre discrétion et prestance afin d’unir les musiciens et ainsi interpréter des chansons bercées de nostalgie 80’s et des élans de la nouvelle scène britannique. F.U.R.S apporte sa pierre à l’édifice et promet un futur qui s’épanouira sous d’excellents augures.

Comment rêver mieux que la nuit tombante pour apprécier à sa juste valeur le rock progressif mâtiné de sonorités modernes des Parisiens de Forever Pavot ? Un concert qui invite à la transe et sans temps mort, le quintet propulsant sa musique aérienne et puissante vers des sommets savants, mais toutefois abordables, car remportant immédiatement l’adhésion.

Alliant talent de composition et jeux de lumière parfaitement mis en place, le spectacle qui s’offre à nos yeux est hypnotisant et marquant, tant il est impossible de détacher notre regard de ce magma artistique semblable à l’éveil d’un volcan dont l’éruption fascine et déchaîne les éléments. Les nostalgiques de séries télévisées des années 90 en auront aussi pour leurs frais, la reprise d’un générique bien connu (mille sabords !) et orienté ici vers le psyché achevant de positionner le groupe parmi les plus prometteurs des années à venir.

Le temps de courir au 22, Kid Wise, dans une obscurité presque totale, fascine grâce à quelques notes de violon éthérées ne laissant aucune chance au public quand une déflagration sonore retentit et colle chacun au sol pour mieux étreindre et serrer le cœur. Bêtes de scène ne cessant à aucun moment d’être pris de fulgurances sonores et corporelles, les six membres de l’entité se complètent à merveille et offrent à une audience médusée un set alternant envolées post-rock radicales et douceur maligne, où les fêlures laissent peu à peu émerger un rock intelligent et tétanisant.

Et que dire de la présence d’Augustin Charnet, de son besoin d’exulter et de partager toujours entre chant réservé et hurlements flamboyants ? On regrettera l’interruption brutale du set pour des raisons logistiques, laissant un goût amer et entraînant la colère du public (sans débordement, cependant) ; mais ce qui nous a été offert ce soir restera dans les annales du festival et achève de confirmer que le projet toulousain a grandement mérité sa place parmi les meilleurs créateurs hexagonaux actuels.

Après un tel état de grâce, difficile d’apprécier la prestation de Fyfe, sans doute trop lente, le trio faisant preuve d’un certain manque d’expressivité desservant sa musique pourtant proche du trip-hop et d’atmosphères lynchiennes qui sont sans doute très plaisantes sur disque, mais gagneraient à devenir plus évocatrices sur les planches. Dommage, tant le potentiel des Anglais effleure en seconde partie de la demie-heure qui leur est accordée ; on leur laisse cependant le bénéfice du doute, en imaginant ce que leur musique peut encore évoquer dans d’autres conditions.

Une première journée aux visages multiples, sans interruption et offrant son lot de découvertes émouvantes et magiques. On a hâte de continuer sur une telle lancée !


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.