[Live] Chapelier Fou au Connexion Live de Toulouse

Un afflux de sensations contradictoires. L’organisme, simultanément appelé par la moiteur de l’atmosphère et la délicatesse des sonorités, hésite entre pesanteur corporelle et envol par la psyché. Car si, le jeudi 16 avril dernier au Connexion de Toulouse, 350 personnes se tassent les unes contre les autres, c’est bien parce qu’il y est question de haute voltige phonique.

Chapelier Fou © Chris Rod

Le Toulousain Tom Terrien prend d’abord place avec une décontraction pétrie d’humilité : ce n’est pas lui qu’on vient voir, il le sait et le dit. De son clavier s’échappent des notes jamais faciles, mêlées à un rythme électro très présent qui finit par emplir l’espace en un crescendo fiévreux : personne n’y est indifférent, touché par la qualité de la partition proposée, par la visible jubilation de l’interprète, par la sophistication de certaines parties, à l’esthétique classique, parfois jazz, et la simplicité du beat électro qui en prend le relais.

Le tout retient de plus en plus l’attention, entre l’organique et le cérébral. Le set se termine en nous laissant sur notre faim : et si on se mettait les pieds dans le sable, histoire d’écouter Tom Terrien des heures encore nous inoculer sa passion de l’élégance électronique ?

Chapelier Fou. Messin d’origine, couvre-chef old fashioned, silhouette dégingandée, inspiration prolifique. Depuis ses débuts, il garde sa ligne, son violon comme base, ses machines comme shaker.

Depuis peu, il n’est plus seul, il a trouvé trois autres musiciens-bidouilleurs. À eux quatre, ils tissent une bande-son expérimentale en même temps qu’enfantine. De boucles en beats, d’archets en joypads, de cordes pincées en notes étirées, ils entament une conversation musicale avec un plaisir non dissimulé et communicatif. Au risque, parfois, de passer du lumineux au pastel, du sublime à l’excès de lyrisme. Mais qu’importe, tant les nuances sont nombreuses, les ressources inépuisables de ce quatuor exhalant une véritable et poétique délicatesse, si exigeante dans le croisement de réminiscences hétéroclites formant une harmonie symphonique, tour à tour japonisante, tzigane, déconstruite, minimale…

De notre côté, une concentration rare, une succession d’émotions et d’images mentales dont le trait serait la ligne acoustique : associations d’idées issues du claquement de la matière sonore sur la surface de l’âme de chacun, elles se font, se défont, se refont, ténues et touchantes.


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Chris Rod

Photographe toulousaine passionnée de rock indé, cherche à laisser des traces d'une scène musicale incandescente...