Révélé par son second album, « Good Man Down », sorti en 2012 chez Talitres, aux singles éperdument fédérateurs, le quatuor estonien Ewert and the Two Dragons revenait plein d’entrain avec « Circles » en ce début 2015. Un nouveau disque aux compositions plus équilibrées et minutieuses sans pour autant offrir de morceaux inoubliables.
Le précédent LP concentrait ses meilleurs atouts au sein des premières pistes, envoyé en orbite grâce à ses deux singles pop espiègles et imparables (Good Man Down, (In the End) There’s Only Love).
Si « Good Man Down » était définitivement une (très) belle découverte des Bordelais de Talitres (les sublimes mélopées folk intimistes de « Sailor Man » et « Falling », le folk avide de grand air de « Jolene », l’intimité du piano de « Burning Bush »), il manquait peut-être un fil d’Ariane à ce disque qui présentait de magnifiques compositions sans forcément créer de liens entre elles.
« Circles » est certainement de ces disques plus modestes et plus sages. Sur ce troisième album, le projet de Tallinn nous offre une épopée digne de l’Odyssée, à bord d’un vaisseau pop-rock paré pour passer l’ouragan et se frotter à toutes les vagues.
« Million Miles » nous réserve une incursion mature, où le chant téméraire et austère d’Ewert contraste avec l’énergie déployée par les guitares et la batterie. Mélodieuse, sévère et intense à la fois, cette première piste semble imposer dès lors le nouveau visage du quatuor.
C’est pourtant sur « Pictures » qu’Ewert and the Two Dragons appuie sa nouvelle sortie : une ballade pop-rock plus légère et lumineuse, bucolique et mélancolique, où le folklore s’invite dans le jeu des guitares agitées et des percussions sauvages.
On s’extasiera à l’écoute de « Getting Older », pour sa progression léchée prenant toujours plus de place minute après minute, pour ses rythmiques méticuleuses et mesurées s’approchant du jazz, et pour sa diction sûre et retenue, suivie par un « Gold Digger » accablé de lourdeur et de soleil comme ces porteurs d’or, relevé par un refrain porteur (d’espoir).
On lui préférera le confort feutré de « Circles », ballade pop-folk sublime et noble, embaumée de douceur, de lenteur et de sérénité. Un morceau léger au sens le plus pur.
Suivront le refrain flottant et encourageant de « Could Have Been », l’évasion art-rock de « Waiting For The Weather To Change » et le pop-rock crépusculaire de « Stranger », pour finir sur le très réussi « Warhorses », symbiose d’une indie-pop et d’un axe folklorique alliant vigueur, emportement et poésie.
Avec « Circles », son troisième album, Ewert and the Two Dragons ne tourne définitivement pas en rond. Le quatuor estonien nous livre un disque plus secret que son prédécesseur, aux compositions qui demandent le temps appliqué de l’écoute pour les apprécier au mieux, comme on observerait le passage de l’enfance à l’âge adulte en quarante minutes. Sans se vouloir incontournable ni sans faille, Ewert and the Two Dragons vise avant tout la sincérité grâce à l’authenticité.
« Circles » de Ewert and the Two Dragons est disponible depuis le 20 février 2015 chez Sire Records.
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