Ardente et complexe, envahissante et imprégnée de desseins noirs, la musique de Tazieff est gagnée par une essence impalpable et errante hantant son nouveau disque, « By The Kingdom ».
En huit pistes prophétiques et fascinantes, le projet parisien évolue entre ombre prégnante et chaleur solaire, où la noirceur de longs couloirs sombres ouvre la porte à la plus accablante des marches dans le désert.
L’enchevêtrement des visions de chaos et de désillusion n’étonne donc pas à l’écoute ici, tant il trace un véritable chemin de croix lent et nébuleux pour ses quatre membres.
Entre charades, doutes et introspection, Christophe Moinard repend sa voix grave et charnelle au plus près des zones de turbulences, n’hésitant pas à frôler dangereusement les câbles électriques dénudés qui traînent au sol et pendent au mur. Poussé par la combustion du jeu de Gilles Bel Ange à la basse et aux claviers, Romain Cirica à la guitare et Dan Murciano derrière les fûts, Tazieff devient le chasseur, et nous, la proie.
Le phrasé lourd comme une nuit d’insomnie, le quatuor rock travaille au corps un disque éprouvant et jamais empathique, de ceux qui nous abandonnent sur place et nous étouffent par leurs rythmes implacables.
Sans jamais nous conduire à la suffocation, Tazieff édifie une histoire en huit actes sans happy ending ni bout du tunnel. C’est d’ailleurs ce qu’on pourra reprocher au groupe : ces mélodies en peine et cette constance dramatique qui vampirisent l’émotion à force de s’enfoncer toujours plus lourdement sous terre, sans penser à remonter à la surface.
Tazieff propose, à travers son second album, une expérience dense et oppressante qui, bien plus que nous tenir captifs, nous enfonce sans discontinuer dans les méandres de son univers. Et plus nous avançons, plus terrible sera la chute. Fatalité, quand tu nous tiens !
« By The Kingdom » de Tazieff est disponible depuis le 23 mars 2015 chez Pocket Knife.
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