[Interview] Influenza Records

Né du cerveau du groupe Wonderflu, Influenza Records est une étiquette indie rock parisienne de qualité regroupant aujourd’hui Pfau, Social Square, Wonderflu et Polarbird. À l’occasion de la sortie de sa première compilation, « Chills, Fever, Sore Throat, Muscle Pains, Headaches And General Discomfort », rencontre avec Santiago (guitare) et Greg (basse) de Wonderflu pour discuter de la tenue d’un label à Paris en 2015.

Wonderflu
Wonderflu
  • Comment a démarré Influenza Records?

Greg : On a créé Influenza en 2013, l’année de la sortie de notre album « No End In Sight ». C’est parti d’un constat, en fait. Chaque groupe dans Paris forme sa propre entité. Il y a très peu de rapprochements entre eux et chaque groupe qui vient se présenter dans un bar ou une salle est à la merci d’un refus parce qu’il y a en a 150 autres derrières. Se réunir sous une étiquette clairement identifiée « rock indé », ça nous permet d’avoir plus de poids, de communiquer ensemble, de partager le matos et les plans d’enregistrement. Plutôt que d’être chacun dans notre coin, on a préféré créer un mouvement.

Santiago : Le livre « Our Band Could Be Your Life » de Michael Azerrad a été une énorme motivation. C’est sûr que, si ce bouquin n’était pas sorti, le label n’aurait même pas été imaginé. La sortie de notre album « No End In Sight » a été comme un déclic. On a tellement galéré… Dans mon cerveau, l’idée du label est venue avant, mais je me disais que ça allait prendre beaucoup trop de temps alors que l’on avait déjà du mal à en consacrer à toutes les démarches de Wonderflu. Il a fallu qu’on soit convaincu que ce serait le seul moyen. Avant, on s’imaginait qu’il y avait peut-être un raccourci.

Greg : Cette histoire de label, c’est aussi parti du constat que les autres genres musicaux, que ce soit le hardcore ou le punk, se sont fédérés. À partir de ça, les groupes arrivent à tourner en France, voir en Europe sur deux coups de téléphone, parce qu’ils s’invitent et qu’ils tournent. Il y a toujours beaucoup de gens à leurs concerts parce que, même si c’est un petit clan, tout le monde se déplace. Alors que, dans le rock indé, entre la punk et la pop, chacun est dans son coin. C’est l’intérêt de ce regroupement.

  • Comment ont été choisis les autres groupes du label ?

Santiago : À partir du moment où l’idée d’Influenza est venue, une demie-seconde après, on s’est demandé : « Mais qui il y a aura dedans ?». Et c’était très vite vu. Sur Paris, étant donné qui on connaissait, ce serait Polarbird et Social Square. (NDR : Pfau est le projet solo de Greg, chanteur de Wonderflu).

  • Vous sortez la première compilation du label le 10 avril prochain. Comment est venue l’idée ?

Santiago : C’est le prolongement naturel du label. Dès que tu as des groupes qui font des concerts ensemble, qui bossent main dans la main en s’échangeant les plans et s’enregistrent les uns, les autres… Il faut qu’ils se retrouvent sur un même disque.

Greg : Ça nous permet aussi d’avoir une actu ; chaque groupe devait y mettre trois titres, dont au moins un inédit.

Santiago : On pourrait aussi voir cette compilation comme un instantané. On saura qu’au début des années 2010, il y avait des groupes qui essayaient de faire vivre un truc à l’ancienne.

Vinyle Influenza Records

  • Et aujourd’hui, l’indie rock et Paris ? Vous avez dû voir les choses changer depuis votre formation en 2007 ?

Greg : Notre chanteur (aussi nommé Greg) a remarqué que les musiques extrêmes à Paris n’avaient pas de place. Ils sont obligés de se structurer et de trouver des lieux pourris pour jouer. Ils n’ont pas le choix parce qu’ils savent qu’ils ne passeront jamais sur Ouï FM. Nous sommes dans cette position un peu inconfortable, parce que du rock un peu mélodique, ça pourrait passer. Il pourrait donc y avoir une embrouille. Alors que ce n’est pas comme ça que ça marche. Il faut accepter que la musique qu’on fait reste marginale et ça reste dur à admettre.

  • Pourtant, aucun groupe signé sur Influenza ne sonne vraiment « extrême ».

Santiago : C’est une musique qui est acceptée une fois qu’elle a reçu le tampon. Et tout ce qui est en dessous, tout ce qui n’est pas tamponné pour l’instant, ce n’est pas reconnu.

Greg : Quand Thurston Moore et Dinosaur Jr viennent et font le revival, ils remplissent les salles. Alors que nous jouons le même style de musique et peinons à trouver des lieux.

Santiago : On cherche à être tamponné, ou au moins à créer notre tampon.

« Chills, Fever, Sore Throat, Muscle Pains, Headaches and General Discomfort » compilation vinyle en pré-commande ICI. Disponible à prix libre ici : http://influenza-records.bandcamp.com/

Release Party Influenza Records - Espace B

Release party de la compilation le 10 avril à l’Espace B.

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Cyril L'Allinec

chroniqueur globe-trotteur entre Montréal et Paris