[LP] The Black Ryder – The Door Behind The Door

Entre contemplation et mystère, les portes se succèdent sans jamais s’ouvrir sur les mêmes paysages sonores. Tout en nous invitant à entrer dans des pièces aux murs couverts de multiples fresques.

The Black Ryder - The Door Behind The Door

Tout commence par une guitare entre cris et larmes, portée par un rythme industriel martelé et lointain. Dès ces premiers instants, on comprend que le nouvel album des Américains de The Black Ryder ne va pas passer par des chemins d’ores et déjà balisés ; car « The Door Behind The Door » est totalement différent de tout ce qui se fait actuellement en matière de composition et de production. Des choix artistiques périlleux, alliant shoegaze et folk, plaines sonores désertiques et envolées musicales lyriques. Parcourant toutes les étapes de la création, le duo fait voler en éclats les barrières de ses propres compositions, marchant sur des sentiers inconnus et émouvants.

On oscille ainsi entre périodes de plénitude éthérées et faussement apaisées (Seventh Moon) et folk inattendue mais prête à se laisser happer par de funestes passages envoûtants (The Going Up was Worth The Coming Down, Throwing Stones et ses chœurs proches du gospel). L’électricité n’est pourtant jamais loin, courant intérieur du tumulte et de l’exultation ; comme si chaque mouvement d’un corps ramené à la vie après de longues années de sommeil partait en roue libre pour mieux se libérer de ses chaînes (le mémorable « Santaria »). La démarche du groupe est proche des expérimentations de Spiritualized, tout en conservant ce besoin d’une immédiateté plus évidente ; une envie de laisser libre cours à des sentiments plus directs, tantôt froids, tantôt éclatants, même dans les ténèbres (Let Me Be Your Light, Until The Calm Of Dawn). Étirant les titres jusqu’au point de rupture, là où le propos se suffit à lui-même, les compositeurs vont à l’essentiel tout en offrant une profondeur émotionnelle subtile et magnifique.

Et alors que l’on attend justement une explosion finale qui fera passer chacun de ses prédécesseurs pour une tentative désespérée et intelligente de mener à l’achèvement des sens, The Black Ryder dépose un bouquet mélancolique intense devant nos yeux. « (Le Grand Sommeil) The Final Sleep », longue plage instrumentale de cordes délicates et lumineuses, achève de nous laisser pénétrer un univers versatile auparavant révélé par l’alternance des voix entremêlées de Aimee Nash et Scott Von Ryper. Tout réside dans cette séparation abrupte et tendre entre énergie et introspection ; comme si le cœur s’emballait pour mieux laisser circuler le sang dans nos membres engourdis par la beauté du disque. Tant et si bien que l’on demeure abasourdi quand les dernières notes s’envolent loin de nous, encore sous le choc vécu pendant la traversée de cette mer aussi belle et apaisante que la peau maternelle. Une renaissance, un regard nouveau se partagent au fil de l’écoute, se délient et s’unissent à nos sens. Une caresse fraîche et sensible qui ne cesse de nous faire frémir.

crédit : Kristin Cofer
crédit : Kristin Cofer

Le nouvel album de The Black Ryder est une révélation bercée d’harmonies tristes et éclairées ; de celles qui brillent dans la nuit, comme des galaxies lointaines que l’on rêve de parcourir dans nos songes les plus secrets.

« The Door Behind The Door » de The Black Ryder est disponible depuis le 24 février 2015 chez The Anti-Machine Machine.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.