[Live] Christine and the Queens à l’Aéronef

Enfin. Après plusieurs rendez-vous manqués, je retrouve Christine and the Queens, après avoir croisé sa route une première fois en 2012, peu avant la sortie de son EP « Mac Abbey », et bien avant le succès de « Chaleur Humaine », paru en 2014. Une question légitime me vient à l’esprit avant le concert : Christine n’a-t-elle pas pris la grosse tête avec ce succès fulgurant ? Après tout, ça pourrait se comprendre…

Christine and The Queens © David Tabary

En attendant d’avoir la réponse, il ne fallait pas être en retard à l’Aéronef ce mercredi soir. Ou au contraire, peut-être valait-il mieux. 20h05, le groupe Paradis est déjà en scène pour la première partie, statiques, dans la pénombre derrière une grande table de mixage. 20h20, on se demande quand tout cela va se terminer, au risque sinon de s’endormir. La musique électronique envoyée à grand volume couvre en majeure partie la voix fluette et monocorde du chanteur, un timbre un peu à la Alain Chamfort. Ce que l’on perçoit des paroles est assez indigent. Seul moment à sauver peut-être, une reprise électro pas inintéressante de « La ballade de Jim » de Souchon.

On oublie instantanément ce qu’on vient de voir pour se focaliser sur Christine and the Queens. On sent bien une certaine fébrilité dans les premiers rangs d’un public serré, comprimé même contre la crash barrière pour être au plus près de son artiste préférée . Christine débarque dans des cris de délire et se met en place avec ses deux danseurs sur une petite estrade centrale (flanquée de deux autres pour les musiciens) et entame une chorégraphie synchronisée avec une vidéo d’elle et ses danseurs projetée sur un écran géant en arrière scène.

La réponse à la question initiale nous sera donnée dès la fin du premier titre et ne souffrira jamais aucune discussion : non, Christine n’a absolument pas chopé la grosse tête. L’humour de Christine and the Queens est resté le même qu’en 2012, les mêmes blagues vaseuses (elle préviendra tout de suite qu’elle est une spécialiste), tout comme cette manière de tutoyer le public en le considérant comme une entité unique, comme une personne à part entière.

Christine and the Queens nous explique qu’elle est ravie de revenir à Lille (après son passage au Splendid en novembre), qu’elle se souvient s’être prise pour Johnny Hallyday face à la ferveur du public du Nord, et que ça lui avait donné, à elle et son groupe, énormément d’énergie positive pour la suite de la tournée, tout en prenant soin de préciser qu’elle ne dit pas ça tous les soirs. Elle rappelle au passage que rien n’a changé, et que ce concert est l’opportunité pour chacun d’être ce qu’il veut, faisant écho au tatouage indiquant « We accept you » sur son bras droit. « Tu peux être un Dragibus si tu veux », nous dit-elle, « moi ce soir j’ai décidé d’être un petit garçon de 8 ans ».

Après un titre un peu fou, Christine s’arrête et s’imagine une seconde à la place du type qui n’a entendu que Saint Claude à la radio, pensait assister à un concert calme et intimiste, et se retrouve face à une fan de RnB à l’humour douteux. Elle parle de son histoire d’amour avec le public lillois, de ce deuxième rendez-vous, et descend dans la foule pour demander aux gens comment ils s’appellent. « Et là, tu remarques que je suis toute petite car tu ne me vois plus du tout ». En effet, Christine a disparu des écrans radar. Lorsqu’une fille lui dit s’appeler Harmonie, elle tombe en arrêt et réalise que Harmonie and the Queens aurait eu plus de classe.

Au milieu du concert vient un enchaînement de morceaux dédiés à la danse, initié avec la reprise du « Who Is It » de Michael Jackson et enchaîné avec une reprise du « Pump Up The Jam » de Technotronic qui mettra le public dans un état de délire absolu. Trois titres sur lesquels Christine and the Queens ne dira plus un mot entre les morceaux, focalisée sur la chorégraphie et l’intensité musicale.

Cela ne durera pourtant qu’un temps : chassez le naturel et il revient au galop. Lors d’une énième blague borderline, Christine s’interroge sur les changements qu’elle donnera à son show pour son deuxième album. Peut-être devrait-elle se contenter de chanter et danser, comme une Mylène Farmer ? Elle réalise que, si ça trouve, Mylène Farmer était une super déconneuse au début de sa carrière, et que son manager lui a dit : « Non, Mylène, tais-toi, chante, juste chante ».

Constatant que les premiers rangs du public reprennent par cœur absolument toutes les paroles, Christine and the Queens profite de jouer un nouveau morceau, « Intranquillité », pour piéger l’audience en tendant son micro, qui plus est sur une liste de noms de villes longue comme le bras. « Je t’ai bien eu ! » enchaînera-t-elle.

Pendant les rappels, Christine and the Queens nous explique qu’elle est au bout de son répertoire, qu’un jour elle fera peut-être des concerts fleuve de plusieurs heures, comme Bruce Springsteen. Et le public de scander son enthousiasme à cette idée, encore démultiplié quand elle annonce le dernier titre de la soirée : « Nuit 17 à 52 ». Pour tester une dernière fois la chaleur et la ferveur du public lillois, Christine tend son micro et l’invite à chanter le refrain à sa place. Impressionnant : tout le monde se met à chanter parfaitement. Christine, impressionnée, se mettra de son côté à chanter : « Tu m’as piqué mon boulot, tu m’as mise au chômage ».

Nul doute qu’elle reviendra pourtant comme prévu, fin septembre, pour relever un nouveau défi : remplir le très grand Zénith Arena de Lille. Et que toutes les personnes présentes à l’Aéronef ont pris leurs billets pour ce futur show dès le lendemain de ce concert.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures