[LP] We Are Bodies – We Are Bodies

Loin de s’en tenir au(x) « Restriction(s) » d’Archive et avant la sortie de son troisième album « In The Company of Imaginary Friends », prévu pour l’automne prochain avec BirdPen, le charismatique et prolifique Dave Pen renoue le fil d’une amitié de longue date. Celle qu’il entretient avec Robin Foster, avec qui il avait collaboré sur l’album « Where Do We Go From Here? » en 2011, pour former We Are Bodies. Dense et immersif, noir et industriel, le duo œuvre dans le massif et l’indétrônable. Imposant leurs mesures avec force, les deux artistes anglais nous rappellent à quel point les projets parallèles peuvent être salvateurs et révéler le meilleur de chaque personnalité.

We Are Bodies - We Are Bodies

Pour démarrer le portrait, prenez un synthé aux notes éternelles, une batterie métronomique aux coups fortement marqués et des boucles de guitares pourchassées par le chant animal de Dave Pen. Vous avez là « Pressure Compressor », conglomérat de couches sonores compactes et durables, étreintes d’incandescence et de passion. Cinq minutes de pulsions et de montées d’adrénaline vitales.

Par ses constructions industrielles enrichies de new-wave, immédiates et pertinentes, We Are Bodies impacte un peu plus, à chacun de ses vers, comme des coups à répétition amenant à la fissure puis à l’éclatement. Offrant une progression et une immersion totales, à chacune des pistes, Dave et Robin offrent une place forte aux sentiments criants : torturés et suppliants sur « We Are Bodies », poignants sur « Calling Out », apaisants sur « Shadows » et son « Don’t Panic » retentissant, sereins et réfléchis sur « War ».

Précis, We Are Bodies ne manque jamais sa cible comme le prouve « Capsize », titre oppressant de rigueur, où le chant soucieux de Dave s’abat sur nous comme les grondements féroces et fatals des structures instrumentales.

Alternance maîtrisée d’ombre et de lumière, We Are Bodies brille de justesse quand le chant grave de Dave se voit complété par celui, plus doux et caressant, de Robin sur « A Light On ». Surpassant tout ce qui nous avait été jusque là présenté, le duo impose ici de nouvelles bases mélancoliques et poétiques aux limites du post-rock, capables de faire chavirer le plus insubmersible des navires.

Et c’est d’ailleurs sous l’eau que nous entraîne, le temps d’un interlude sublime, « Under The Sea », courte épopée sonore permettant d’introduire « Guide Me Home », œuvre lunaire immersive et rare.

Marchant sur des charbons encore tièdes, le fin de l’album se révèle plus tortueuse, acide et tranchée sur « Knife », brumeuse et taraudée sur « Fake Shelter » pour finir hors de tout contrôle sur l’éprouvant et dérangeant « Replicants ».

We Are Bodies signe l’une des fresques les plus fortes de ce début d’année. À la fois mature, complexe, soignée et savamment orchestrée, l’œuvre commune produite par Dave Pen et Robin Foster est tout simplement fascinante.

crédit : Marion Volant
crédit : Marion Volant

« We Are Bodies » de We Are Bodies, sortie le 23 mars 2015 chez Membran Recordings.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques