[EP] Kagu – Kagu EP

En moins de quinze minutes, Sean Heathcliff démontre un sens inné de la mélodie et mélange folk éthéré et électro lumineuse pour mieux bercer nos songes les plus profonds.

Kagu - Kagu EP

Il semble au premier abord assez facile de pénétrer l’univers de Kagu (aka Sean Heathcliff) grâce à ce premier EP, sobrement intitulé « Kagu EP » ; mais uniquement en surface, au vu de la densité sonore du projet. Il est en effet la confession d’un besoin direct de donner à une audience enfermée dans un lieu au-delà du monde des bribes de notes, un chant épuré et des mélodies s’empêchant toute déviance trop intellectuelle.
Car ce disque est avant tout une offrande ; de celles que l’on fait à des divinités musicales inconnues, tout en prouvant que l’inspiration est déjà omniprésente et qu’on ne les a pas attendues pour s’exprimer librement. Ainsi, les titres offrent une une vision angélique de la pop et du folk ; un voyage au-dessus de plaines vierges et immaculées, que l’on survole sans jamais vouloir les atténuer en y posant le pied. Tout se passe en douceur, au ralenti parfois, avec amour souvent.

Dès les premiers accords délicats de « Shadow of the Wind », on accepte de se laisser emmener dans les méandres de neiges éternelles, qu’un rythme sobre et immédiat vient bercer en nous laissant admirer l’eau courant sous la glace. La voix, rappelant Chris Martin mais avec une intensité et une beauté encore plus frappantes, confie ses paroles sentimentales sans verser la moindre larme, avec une honnêteté qui donne le frisson et nous caresse de ses perles aqueuses les plus douces.
L’électro bienveillante de « Humans », écho se répercutant dans nos esprits captivés, côtoie les plus beaux exploits de la pop mélancolique, voire les dépasse et relie les points éloignés de genres apparemment contradictoires.
Puis le calme revient, entre le folk liquide et tendre de « The Misinformed Judgement of Stones », élan généreux d’affection et de sincérité, et les vagues aériennes de « Jacob », enserrant le cœur et métamorphosant une simple écoute en périple émotionnel fulgurant et intérieur.

Kagu laisse le ressenti recouvrir les terres humides et brillantes de sa propre musique. Comme si la tristesse se mesurait à la force de conviction d’un artiste profitant de son talent pour imprégner chacune de ses créations de sonorités vécues au plus profond de lui-même.
On n’a jamais cette impression parfois trop appuyée de se retrouver face à un déluge d’introspection et de repli sur soi-même que seul le compositeur semble comprendre. Au contraire : Sean Heathcliff nous offre des histoires qui, prises séparément, sont autant de moments de vie qu’il ne faut jamais oublier. Mais qui, lorsqu’on les unit, nous racontent des expériences dont le point commun demeure la vision d’un vécu appréhendé avec sagesse et respect.

Humble et confidentiel, l’EP est un journal intime qui, une fois lu, nous amène à penser nos propres perceptions des relations quotidiennes ; ce qui nous attache aux épreuves traversées et aux êtres qui les peuplent. Avec une ouverture d’esprit aussi sensible que mature et fascinante, Kagu offre un moment pendant lequel on s’arrête pour regarder tout le chemin parcouru, les relations qui l’ont balisé et les témoignages qui s’imposent. Car sans art et sans contact, l’artiste n’est rien, sinon un produit de consommation.
Ici, l’homme compose aussi bien des ballades humaines et fondamentales que des poèmes mélodiques dont le romantisme est dévoué à la révélation de l’individu dans sa forme la plus complète : être soi-même en acceptant ses sentiments, ses doutes et ses révélations. Mais plus que tout, être grâce à autrui, pour mieux se connaître et comprendre son passage ici bas.

Kagu

On découvre ce disque comme on parcoure des yeux un livre de contes ; en voyant apparaître les images qui nous guident et éclairent notre vision d’une réalité qui pourra, un jour, nous appartenir grâce à la passion et au partage que l’artiste nous invite à découvrir et désirer.

« Kagu EP » de Kagu, disponible le 6 mars 2015 chez Humming Records.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.