[Live] Christine and the Queens au Chabada

Il y a des soirs où l’on se rend à un concert sans rien attendre, sans perspective, sans enjeu ; comme ça, pour voir si le spectacle nous plaira. Des nuits où, sans rien espérer, par simple curiosité, on se prend au jeu, on se laisse surprendre, on se fait séduire.
La date du vendredi 27 février 2015 au Chabada affichait complet depuis novembre pour Christine and the Queens. Sur place, l’impatience du public d’assister au concert se traduisait par des files interminables de spectateurs. Majoritairement des femmes, de tous âges ; qui vivaient pour la plupart leur premier concert de l’artiste, quand d’autres l’ont déjà vue une dizaine de fois, voire plus, et continueront de la suivre sur sa tournée française. De la curiosité à la passion, certains ont sauté le pas. Ce sera mon tour ce soir.

Christine and the Queens © Fred Lombard

Invité bienheureux sur trois dates de la tournée de CATQ, le trio parisien Super Social Jeez ouvre la soirée admirablement bien.
Énergiques, souriants et habillés de vestes dorées et argentées, Sacha Taillet à la guitare et au chant, Benjamin Lafont à la guitare et aux synthés et Celio Tardio aux machines ont, semble-t-il, tout compris de leur rôle : celui d’ambiancer le public pour le mettre dans les meilleures dispositions pour la suite de la soirée.

Explorateur d’une odyssée électro funk héritée de Daft Punk et Chromeo, le groove de Super Social Jeez enclenche son opération séduction dès les premiers titres. Très en place et hyper confiants, les musiciens nous livrent des titres très accessibles, faciles à danser et qui, en quelques instants nous font passer à l’heure d’été. Rythmiques entêtantes, chant suave et sensuel ; on ne peut pas résister à l’élan de positivisme délicieux des Parisiens sur « Things Went Done » et « Jane », leurs deux singles, à l’allure de tubes mid-80’s totalement d’actualité.

Alors certes, Super Social Jeez n’est pas le groupe le plus original du genre : certes, on a déjà entendu des tas de fois des projets qui y ressemblent, mais avouons que c’est sacrément efficace et bien exécuté et qu’on peut sans souci mettre ces remarques de côté pour apprécier le moment.

Pendant l’entracte, l’avant-scène est dégagée de tout instrument, de tout câble, pour laisser un maximum de place à la reine de la soirée. Le public n’attend alors plus qu’une chose, que la Nantaise Héloïse Letissier fasse son entrée sur scène. Les cris de « Christine » pleuvent alors que la foule ne tient plus en place.
Quelques minutes plus tard, la musique d’ambiance s’arrête pour laisser place au concert. Les signes de joie et d’excitation résonnent dans la salle.
Synchronisée avec ses deux danseurs, l’élégante Christine descend de son estrade lumineuse pour s’approcher à pas feutrés et agiles du public sur « Starshipper » suivi du tournoyant et entraînant « Half Ladies ».

Elle prend pleinement possession de l’espace qui lui est alloué avec une aisance déconcertante et une grâce partagée avec deux danseurs épatants ; on n’écoute presque plus les paroles pour se laisser porter par l’émotion d’une chorégraphie et d’un chant combinés. On assiste à la célébration d’une sensualité mixte et irradiante, comme au croisement d’une pop raffinée et d’un RnB délicat, appuyée par l’instrumentation assurée par trois musiciens aux machines et claviers positionnés sur deux autres estrades sous les rangées de tubes de LED.
Du côté des jeux de lumière comme du son diffusé dans la salle, à un volume très convenable, on se régale également. Tout concoure à nous faire passer un bon moment, et ce sera le cas.

En dix-sept titres, mettant en exergue les talents de comédienne d’Héloïse, autant à son aise pour improviser entre et au milieu des morceaux (quand les flammes de briquets se mettent à surgir du public pour accompagner la chanteuse), que pour réagir instinctivement, avec audace, vis-à-vis de certains fans, un peu trop exigeants, lui demandant un titre non prévu sur la setlist (impossible de satisfaire tout le monde; pour les reprises, il faudra repasser).
De tous les titres, on retiendra forcément les singles « Saint Claude », « Chaleur Humaine » et plus encore « Christine » et sa chorégraphie à trois corps libérés, terriblement vivants et vibrants. Mais on sera tout aussi charmé par l’attendue reprise de « Paradis Perdus » de Christophe croisée au « Heartless » de Kanye West, comme par le troisième et dernier titre du rappel, le très intime « Nuit 17 à 52 » , accompagné au clavier, dernier moment partagé avec un public angevin avant les adieux.

Artiste à part dans l’univers de la pop made in France, Christine and the Queens s’affirme sur scène comme une artiste touche-à-tout, admirable danseuse et performeuse, capable de donner sens et vie à chacun de ses mots avec une facilité désarmante. On est forcément épaté sinon subjugué par une telle maturité sur scène comme par sa présence aussi significative.


Setlist de Christine and the Queens au Chabada (27 février 2015)

Starshipper
Half Ladies
iT
Science fiction
Photo souvenir
Paradis perdus
Christine
Who is it
Narcissus is Back
Ugly Pretty
Dassassossego
Chaleur humaine
Saint Claude
Here

Safe and Holy
Loving Cup
Nuit 17 à 52


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques