[Live] My Brightest Diamond à l’Aéronef

Dans un monde parfait, constitué de gens de bon goût, un concert de My Brightest Diamond dans le nouveau club de l’Aéronef afficherait complet. Peut-être même qu’on déplacerait le spectacle dans la grande salle pour faire face à la demande. Mais dans le monde réel, ça ne se bouscule pas au portillon ce jeudi 12 février 2015. Qu’à cela ne tienne, on se dit que tous ceux ayant répondu présents auront droit à un concert plus intime et à une proximité privilégiée avec Shara Worden (aka My Brightest Diamond). On n’imagine pas à quel point…

My Brightest Diamond © David Tabary

La soirée démarre avec le concert délirant du non moins taré Tim Fite. Seul en scène, muni de sa tablette qu’il utilise pour balancer diaporamas et vidéos sur un grand écran derrière lui, et avec lesquels il se synchronise à la milliseconde, Tim Fite nous livre ses visions perturbées du monde qui l’entoure.

Tim Fite © David Tabary

S’arrêtant entre deux morceaux, il constate que le public est particulièrement calme et discret et nous explique que c’est OK tant qu’il ne heurte pas nos sentiments. Voyant également qu’une étrange zone de quelques mètres carrés proche de la scène reste vide, il se demande si des personnes invisibles occupent cet espace, et enjoint ceux restés en arrière à s’avancer pour ne pas laisser gagner ces derniers.

Peu à peu, Tim Fite réussit à remplir sa mission de chauffer le public. Les gens se rapprochent, on en voit quelques-uns commencer à se déhancher. Tim Fite demande si nous sommes excités à l’idée de voir My Brightest Diamond. Quelques cris discrets lui répondent, et il ne peut s’empêcher de se moquer de ce manque d’extériorisation. Et ce d’autant plus que c’est le moment que choisit Shara Worden pour le rejoindre sur scène et entamer avec lui une sorte de ballet hip-hop des plus inattendus. Worden sort de scène et Tim Fite nous explique qu’il adore les gens comme elle ceux qui prennent des risques et savent se mettre en danger. Des coulisses, on entend Shara Worden lui crier « I Love You! »

My Brightest Diamond et Tim Fite © David Tabary

Fite termine son show et est rapidement remplacé par My Brightest Diamond. Première surprise : le groupe démarre sur une reprise de « Gunshot Glitter » de Jeff Buckley. Guitare électrique aux sonorités presque garage très présente, My Brightest Diamond enchaîne sur les excellents « I Am Not The Bad Guy » et « Pressure ». Le début du concert est étonnamment rock et lancé à 200 à l’heure. Le mélange de guitares et de boucles électro n’est pas sans rappeler le meilleur de The Kills.

Tim Fite rejoint My Brightest Diamond pour le non moins rock « Before The Words », pour lequel Shara Worden exhorte le public à hululer comme une chouette avec elle. Worden en profite pour nous expliquer que Tim Fite est un de ses vieux amis, et que cette tournée est un « Hand in hand tour », ce qui la rend particulièrement joyeuse. Le concert emprunte alors des chemins plus nuancés avec « Be Brave » ou le génial « Lover Killer ». Après avoir fait taper le public dans ses mains, Shara Worden décide de lui enseigner une chorégraphie pour l’accompagner sur « High Low Middle ».

Suit un titre inédit que Shara Worden nous dit prévu pour un EP de My Brightest Diamond qui paraîtra au printemps, morceau qu’elle dit avoir écrit suite à des tueries aux États-Unis, qu’elle a pensé pour tous les disparus et qu’elle veut interpréter ce soir pour « Charlie ». Acclamations immédiates de tout le public. Mais, et c’est peut-être le seul bémol de la soirée, Shara en fait un peu des caisses sur un morceau qui ne s’y prête pas. On sent qu’elle a envie de danser et de bondir partout ce soir et ne peut s’en empêcher, y compris sur ce titre. On ne lui en veut pas et elle semble néanmoins se reprendre et se poser un peu sur le jazzy « Resonance » et surtout sur « I Have Never Loved Someone The Way I Love You », ballade qu’elle nous dit avoir écrite pour son fils et qu’elle joue seule sur scène. Puis elle enchaîne sur Apparition, morceau inspiré d’un poème de Mallarmé, et qu’elle interprète en français. Langue qu’elle réutilise quelques instants plus tard pour « Ceci est ma main », b-side du single « This Is My Hand ».

Le concert s’achève sur ce morceau très réussi, et une angoisse s’empare de moi. Où est passé le superbe « Inside A Boy », morceau avec lequel j’ai connu My Brightest Diamond ? Pas le temps d’y penser que le groupe remonte sur scène pour débuter les rappels justement avec ce morceau. Tim Fite revient sur les planches, tandis que Shara Worden enfile une combinaison blanche identique à la sienne pour mieux lancer un déjanté et inattendu « I Wanna Rock Right Now » qui résume bien l’esprit de la soirée, et pour lequel les deux compères d’un soir descendent dans la foule et vont jusqu’à entamer une battle de danse hip-hop avec certains membres du public, avant de remonter sur scène et de saluer la foule.

On s’imagine un instant que le concert de My Brightest Diamond s’achève sur ce point d’orgue, mais Shara Worden revient pour un deuxième rappel, seule à la guitare électrique et interprétant une énorme reprise de Feeling Good ; intense et même assez sensuelle.

On se dit que rien ne pourra dépasser une telle apothéose au moment où Shara sort de scène, mais c’était sans compter un troisième et dernier rappel, et une nouvelle reprise, celle de Fever de Peggy Lee. Pour le coup, niveau sensualité, on franchit un nouveau seuil, et Shara Worden s’invite à nouveau dans le public pour danser avec une jeune femme puis un homme qui auront sans doute beaucoup de mal à se remettre de cette fin de concert particulièrement chaude de My Brightest Diamond.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures