[EP] Thylacine – Exil

« Exil » est un vrai régal pour ceux qui recherchent des sons électroniques novateurs. Le mélange d’electronica et de trip-hop est cristallin, très bien produit. Et l’escalade phénoménale de la carrière de Thylacine rend le tout encore plus excitant.

Thylacine - Exil

Ce troisième EP de Thylacine porte très bien son nom et peut être interprété différemment tant par l’auteur que par l’auditeur : « Exil ». Quitter son chez-soi, ses repères, se ressourcer ailleurs ; prendre du recul, revenir à l’essentiel pour mieux aborder la suite. William Rezé, dans ce nouveau disque, assume plus que jamais le fait d’être aller voir ailleurs qu’à Angers pour s’épanouir et grandir. On constate un retour plus marqué vers la composition solitaire, avec moins de place accordée aux featurings. Le concept paie et les quatre morceaux qui composent l’EP attestent d’une nouvelle évolution, d’un vrai voyage imaginaire.

La première partie de l’exil a lieu en hauteur avec « Mountains ». Idéal pour une ouverture. On ressent immédiatement une sophistication plus avancée que sur les deux derniers disques, « Singles » et « Blend ». Une composition belle, harmonieuse et minimaliste qui prend son envol au fur et à mesure pour devenir finalement épique. On retrouve ce que l’on aime chez Thylacine, ces petites gouttes d’eau qui exercent un magnétisme volubile au creux de nos oreilles.

On retrouve le beatmaker nouvelle génération sur « Anthem », morceau de transition avec le reste de l’EP. Nouveauté : des instruments à cordes font leur apparition dans la musique de Thylacine. Ils représentent un élargissement intéressant du potentiel de l’Angevin et insufflent quelque chose de vraiment nouveau. Les percussions et synthés sont bien placés, le tout est, comme à son habitude, doux et enchanteur. Une musique qui parle à tous et évoque des images différentes pour chaque auditeur, selon l’endroit où il est et ce qu’il y fait.

Piste 3 : nouveau tube et featuring de la chanteuse américaine Dyllan, déjà entendue sur le titre « Distance » présent sur l’EP « Blend ». Le morceau part d’une idée nostalgique de l’Amérique illustrée dans un clip reprenant des images du film « Vanishing Point » de 1971. Tout est là : un road trip en Cadillac sur les routes désertiques californiennes. Course folle qui se termine fatalement, comme le titre de ce morceau : « Closing ». Et l’on se dit alors que Thylacine serait un génial artisan de bandes originales pour des projets tournés vers l’image. Le loup de l’electronica prend son pied aussi bien dans des contrées arides que gelées. Une façon cool et subtile de s’exporter outre-Atlantique.

Paradoxalement sorti des profondeurs, d’un certain trouble, « 5th Floor » est un spleen faisant écho aux souvenirs. De lointaines réminiscences psychédéliques qui nous tapissent dans la nuit et nous font nous trémousser. Les chœurs familiers que l’on retrouve sur les précédents disques de Thylacine refont surfassent et ajoutent une réelle grandiloquence. Est-ce un hommage à un anecdotique cinquième étage où les élucubrations électroniques du musicien ont eu lieu ?

crédit : Louis Jammes
crédit : Louis Jammes

Un artiste encore plus expérimenté et dont le nouvel EP est calibré pour être davantage diffusé et apprécié au niveau national et international. William Rezé a un grand nombre de cartes à jouer et peut se permettre de naviguer avec une certaine quiétude vers de nouveaux terrains de jeux. De plus, il publie tous ses EP sur son propre label Intuitive Records. On peut parier que 2015 sera l’année de Thylacine.

« Exil » de Thylacine est disponible depuis le 26 janvier 2015 chez Intuitive Records.


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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts