[Live] Cee-Roo au Pan Piper

Au Pan Piper, Cee-Roo a fait le show (et le pitre) pendant une petite heure. Un set vivant et énergique, qui a pourtant cruellement manqué d’une vraie instrumentation.

crédit : Stefan Meyer
crédit : Stefan Meyer

Queue de trente mètres de long pour le vestiaire. On se la joue bad boy, on descend avec nos cuirs en espérant ne pas crever de chaud. Jumo est déjà en train de jouer. Le pad tourné vers nous, les couleurs qui tournent pour qu’on voit bien qu’il fait le son en direct. On est dans le délire C2C, au milieu de samples sympathiques qui font danser. Un peu impersonnel somme toute, mais ça passe bien en première partie. La queue vers le bar ne désemplit pas, et pour cause : ça commande des mojitos à tout va, refusant la franchouillardise des pintes. En tout cas, cet intermède permet de goûter la perfection du lieu : une hauteur sous plafond juste ce qu’il faut, une assemblée bien large et pas trop profonde. On doit s’entasser à environ trois cents là-dedans. La population a l’air surtout trentenaire vers le fond. En attendant de suer sa bière sur le diable Cee-Roo, il faut d’abord l’ingurgiter et l’audience s’en donne à cœur joie.

Le concert commence tandis qu’on est toujours au bar ; la plaie ! Un décompte s’installe, des images en noir et blanc des plus grands de ce nom défilent : Elvis, Otis Redding et Jimi notamment, si on se trompe pas. Décompte des années 1950 à nos jours, année après année, avec l’homme au bonnet-lunette, qu’il gardera même en cas de canicule ou de concert au Brésil par quarante degrés à l’ombre ; la star de la Plagne. Mister Cee-Roo – prononcer Cyrou, contre toute attente. La musique, déjà, s’installe. Ils seront trois sur scène, avec des looks d’amour : des petits vestons d’un charme certain.

crédit : Stefan Meyer
crédit : Stefan Meyer

« Flashback », le nom de la performance. En cette année 2015, on penserait même à un retour vers le futur. Cee-Roo nous balance du rythme et chauffe la salle comme il faut. L’ambiance est donc là, avec le flot de bonne humeur qu’elle distille et des déhanchés sauvages pas toujours synchronisés ; mais ça, c’est une autre histoire.

Par contre, concernant la performance musicale, on est moins sûrs. Les images défilent, le son et lumière est millimétré. Cee-Roo se promène sur scène, le pad couvrant son bidon, se flagellant pour sortir ses samples, éclipsant ses acolytes. On ne sait pas s’il joue pour de vrai ; et finalement, qu’il le fasse ou pas, ça revient au même. La musique de Cee-Roo est chouette, elle rentre dans les cordes d’une philosophie généreuse, mouvante et passionnée. Enfin, on imagine que le mec est dans le même délire que Guts.

Il a de l’humour, le souci de l’esthétique, ses références tabassent et sa musique est bonne. Mais un live sans instru, les lives sans un petit solo de cuivre par-ci par-là, sans présence physique de la musique, c’est triste. En tout cas, c’est incomplet. Et le show n’est pas très long, tout au plus une heure, de même qu’on n’a pas eu droit au très bon Sinatra sur lequel on aurait aimé se déboîter une hanche.

Alors, Cee-Roo : à écouter dans toutes les chaumières dignes de ce nom ; le Pan Piper, une programmation à scruter si vous aimez bien les salles allégoriques d’une certaine idée de la promiscuité ; le mélange, pas sûr. On n’a pas découvert un nouveau Cee-Roo, on a sans doute été conforté dans l’idée que sa musique est bonne ; mais pour les adeptes du jeu scénique, il faudra repasser. En espérant que la prochaine tournée soit avec un live band ; là, on rentrera dans le jeu, aux premières loges.


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Nils Savoye

Mais de quelle situation cette musique pourrait-elle bien être la bande-son ? Réponse d'un étudiant en histoire.