[LP] Florian Pellissier Quintet – Biches bleues

2014, année de tous les essais. Non spécialiste du jazz, encore moins de ses figures actuelles, parler d’émotions liées à cette musique souvent mise à part, de par sa technicité et son certain élitisme à l’instar de la musique classique, me sied davantage. Parler aussi d’une histoire assez simple qui me lie un tant soit peu au premier protagoniste de cet album me paraît une bonne introduction à ce qui suit.

Florian Pellissier Quintet - Biches Bleues

Un vendredi soir de novembre, un certain Guts est accompagné de Florian Pellissier pour défendre sur scène son dernier album « Hip Hop After All » sur la scène nationale. Après une interview de l’homme à barbe dans le beau et chaleureux shop Home Wax d’Angers, le patron des lieux, Stéphane Martin, me propose d’enchaîner avec une interview de ce fameux Florent. Manque de chance, je ne connais ni le bonhomme, ni sa musique, et préfère, en toute honnêteté, décliner sa proposition plutôt que de poser des questions dans le vent en non connaissance du projet. Compréhensif, Florian me tend alors son second album « Biches bleues » pour me proposer d’en faire l’écoute. Sans lui promettre une chronique, je lui assure que je vais écouter avec attention son album et nous gardons contact.

Un long mois est passé et l’objet trône toujours sur mon bureau. Une biche bleue sur fond blanc. Un digipack épuré et classieux, atypique si l’on veut, qui réveille ma curiosité déjà effleurée par quelques premières écoutes du dit objet.

Du bleu au blues, du blues au jazz, on n’arrive pas toujours à faire toute la lumière sur ce qui dissocie ces deux belles familles, qui s’empruntent à bien des égards les mêmes émotions et souvent les mêmes atmosphères. Celles de bars enfumés, lieux de toutes les histoires, de toutes les rencontres, de celles qu’on fait la nuit surtout. Car la nuit inspire la musique. Car le jazz respire la classe.
Et quand d’autres voient la vie en rose, c’est derrière des verres teintés d’azur que le musicien parisien, pianiste de sa fonction, nous décrit ses plus belles rêveries en musique.

On embarque alors pour 50 minutes de jazz, sans texte mais pas sans émotion. Et sans prétention.
Pas besoin de savoir lire une partition pour se laisser porter par les sentiments et la poésie de ces cinq musiciens au jeu aussi voluptueux que tempéré. Jamais trop loin du free jazz et du lounge, Florian Pellissier guide ses quatre hommes avec son expérience et son âme de compositeur.

Sur les notes agiles et mesurées de Florian, viennent s’imposer la trompette enivrée et espiègle, parfois le bugle, de Yoann Loustalot, le sax doucement enjoué et chaleureux de Christophe Panzani, la contrebasse aux lignes nettement marquées de Yoni Zelnik et la batterie particulièrement délicieuse de David Georgelet, entre discrétion, retenue et cadencement.
On devient alors obsédé par l’écoute en boucle de ce premier titre, « J’ai dû rêver », véritable ballade poétique où le jeu gracieux et délicat du pianiste Florian Pellissier compose la mélodie entêtante qui ne nous quitte plus. Accompagné sobrement à la batterie et à la contrebasse, l’air se dilue avec passion à la chaleur des cuivres.

On retiendra tant de belles émotions de ce disque : celles galopantes et sauvages de « Sorcière, sorcière » et « Un roman inachevé », saturniennes de « Biches blues », aventureuses d’ « Arumis », entraînantes de « Valse pour Helène » ou pensives de « Six jours après la guerre ». Un album changeant, profondément accessible le premier pas fait. Après avoir succombé au jazz à travers mes activités vidéo-ludiques sous fond d’enquêtes policières aux formes aussi disparates que Sam and Max et L.A. Noire, je replonge dans cette douce addiction aujourd’hui grâce à cette rencontre opportune d’un soir de novembre.

« Biches Blues » de Florian Pellissier Quintet donne le tournis, comme une nuit d’ivresse au son et aux rythmes du jazz. Comme un bon vin dont on a attendu la toute fin d’année pour le déboucher, les bons souvenirs nous montent à la tête en évitant tout mal de crâne la fête passée. C’est entêtant, familier et chaleureux. Un grand cru fascinant, à n’en pas douter !

Florian Pellissier Quintet

« Biches bleues » de Florian Pellissier Quintet est disponible depuis le 13 octobre 2014 chez Heavenly Sweetness.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques