Bercé d’arrangements dignes des meilleures bandes originales horrifiques baignées d’électro, un EP à écouter en se planquant sous les draps.
Tous les fans de films d’horreur (et dont l’auteur de ces lignes fait partie) vous le diront : les bandes originales les plus efficaces sont souvent les plus simples et directes. Il suffit de prendre l’exemple de John Carpenter qui, en quelques notes synthétiques, parvient à distiller un climat d’angoisse éprouvant pour les nerfs des plus endurcis. Une mélodie sobre et entêtante, inquiétante et subversive, et le tour est joué. Cela étant, il est difficile de parvenir à égaler le maître (aussi bien musicalement que cinématographiquement, d’ailleurs) et beaucoup s’y sont cassé les dents (dans une gerbe de sang, bien sûr). Le duo américain Dance with the Dead tente l’expérience au fil de ses créations, et il faut bien avouer que le résultat est là, rappelant les grands moments béophiles des années 80 en y ajoutant une touche moderne passionnante.
« Send the Signal » apporte son lot de synthés vintages et de loops frénétiques rappelant les grandes heures du giallo (Not Of This Earth) ou des créatures d’un autre monde, les nappes artificielles distillant leur climat addictif et excitant (They’re Here (Intro)). Les rythmes percussifs et électro, presque techno parfois (Spacewalk), invitent l’auditeur à danser comme un possédé (au sens propre du terme), à se sentir capturé et entraîné dans un monde où il lui faudra se confronter à tous les monstres, tueurs masqués et autres fantômes gravitant autour de lui. On sent presque l’odeur en décomposition mais prête à la résurrection des sonorités de Giorgio Moroder ou M83 (Nightdrive) et les accords de guitares hard rock de Big John période « Vampires » (Take Me There). L’ensemble fait sourire autant qu’il se savoure, une bière à la main et une pizza posée sur une table basse devant soi, entre potes. Même si la soirée ne fait que commencer…
Si Dance with the Dead invite à faire chauffer le pop-corn et mettre une vieille VHS dans le magnétoscope avant d’enlacer la reine du lycée ou la plus mignonne des pom-pom girls de l’équipe de football américain, il convoque également démons et merveilles, assassins gantés tapis dans l’ombre et extraterrestres belliqueux ou, au contraire, morts-vivants assoiffés de sang et de chair fraîche. Le pouvoir d’évocation de la musique prend tout son sens dans le noir, face à une image granuleuse, alors qu’on voit le reflet du tueur dans l’écran de la télévision (à tube cathodique, cela va de soi).
L’expérience est sensorielle et nous plonge dans les méandres de ces films qui, 30 ans après, continuent à fasciner des générations de spectateurs. Ce qui n’était pas gagné d’avance, bien au contraire ; au milieu de toute cette vague de remakes sans âme qui pullulent sur nos écrans plats (ainsi que les bandes originales tout aussi pénibles qui les accompagnent), faire renaître les ténébreuses obsessions de ces grands moments de cinéma uniquement par la musique aurait pu largement échouer. Or, le pari est réussi haut la main et atteint des sommets, invoquant les plus grands moments du slasher et des zombie movies. Une bouffée d’air frais, simple et directe, dans le tout-venant fantastique actuel.
Aiguisez les couteaux pour vous défendre et ne vous séparez pas des autres quand la lumière s’éteint brusquement. Et surtout, surtout, ne regardez ni dans les placards, ni sous le lit…
« Send the Signal » de Dance with the Dead, disponible depuis le 15 décembre 2014.
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