[Interview] Marie-Flore

Rencontre avec Marie-Flore avant son concert au Divan du Monde dans le cadre du MaMA. Elle nous parle de son 1er album « By The Dozen », de son travail avec Robin Leduc et de ses autres collaborations.

crédit : Renaud Cambuzat
crédit : Renaud Cambuzat
  • Depuis sa sortie début septembre, « By The Dozen » reçoit un très bon accueil du public comme de la presse. Plutôt encourageant, non ?

Ça fait toujours plaisir d’avoir des bons retours des journalistes, mais aussi de savoir que les gens adhèrent au projet. J’ai travaillé pendant trois ans avec Robin Leduc sur cet album. Donc oui, ça fait très plaisir.

  • Tu es auteure-compositrice-interprète. Est-ce que ta manière de travailler a évolué depuis ton premier mini-album en 2009 « More Than Thirty Seconds If You Please » ?

Oui, beaucoup. En 2009, j’écrivais mes chansons dans ma chambre. Je n’avais pas trop de vision des arrangements, de tout ce qu’il y avait autour. Après avoir fait quelques tournées, notamment avec Peter (NDLR : Pete Doherty), j’ai eu une vision plus complète de ce qu’il fallait faire. J’ai commencé à arranger tous mes titres sur des logiciels, à réfléchir aux batteries, aux cordes. Après avec Robin, on a beaucoup travaillé sur les arrangements. Avant, je ne m’attardais pas, si j’entendais quelque chose et que je n’arrivai pas à le faire à la guitare, je n’insistais pas. Maintenant, j’ai gagné en persévérance.

  • Pour cet album, tu as travaillé avec Robin Leduc, alors que tu avais produit toi-même le précédent disque. Comment l’as-tu rencontré et que t’a-t-il apporté ?

La rencontre s’est faite par l’intermédiaire d’un musicien qui travaillait avec lui. À cette époque, je souhaitais partir sur un EP. J’ai alors travaillé avec des réalisateurs, mais je n’étais vraiment pas contente de ce qui sortait du studio. Du coup, j’ai tout jeté. Puis j’ai rencontré Robin et on est partis sur deux titres pour essayer, et en fait, on ne s’est pas quittés pendant trois ans, le temps de faire l’album. Il m’a beaucoup apporté en termes d’arrangements. Il a une culture musicale énorme et c’est un musicien hors pair ; il joue de la batterie, de la guitare, de la basse, du clavier… C’est lui qui a joué tous les instruments que l’on retrouve sur l’album, hormis mes parties. Et puis Robin est quelqu’un à l’écoute, il a su comprendre où je voulais aller. C’est lui qui a apporté la couleur de l’album « By The Dozen ».

  • Tu as écrit des chansons pour Stuck in the Sound. Aimerais-tu renouveler cette expérience, et si oui, avec quels artistes ?

C’était une super expérience, c’est toujours intéressant d’écrire des textes pour d’autres personnes. Je continue de le faire à un autre niveau. J’écris les paroles pour un groupe qui s’appelle OMOH et ce sont également mes musiciens ; on fait en quelque sorte un échange de bons procédés. Pour qui j’aimerais écrire ? Pour des gens morts comme Johnny Cash, mais je dirais plutôt, comment j’aimerais écrire ? J’aimerais écrire comme Cohen, Cash,…

  • Il y a un duo sur ce nouveau disque avec Gregg Foreman, sur le titre «  Feathered With Daggers ». Mais ta première collaboration avec lui remonte bien avant, à ton mini-album. De cette première rencontre à ce duo, peux-tu m’en dire davantage ?

J’ai rencontré Gregg à l’Olympia à l’occasion d’un concert de Cat Power. Il avait souhaité me rencontrer, car il avait entendu mes chansons sur internet et voulait travailler avec moi. Du coup, on a travaillé ce titre, « The Soft Divide », qui apparaît sur le premier disque. Je suis partie l’enregistrer à Philadelphie avec lui. Pour le deuxième album, il était de passage à Paris avec Cat Power alors que je travaillais avec Robin. Il restait deux jours sur Paris, moi j’étais en studio. Quand on s’est revu à cette occasion, je lui ai demandé de venir, car je voulais absolument avoir sa « touch » sur l’album. C’est une rencontre qui m’a beaucoup marquée musicalement, j’adore son son, très psyché. C’était très spontané, il est venu en studio le matin, a découvert la chanson en arrivant, qui en passant ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle est devenue grâce à lui.

  • Sur « By The Dozen », tu as repris la chanson « Empty Walls » qui était un duo sur le premier album.

Oui, avec Mike, un Australien.

  • Pourquoi ce choix ?

C’est une chanson que j’ai reprise sur scène dès que j’ai eu un groupe. On l’a transformé avec mes musiciens pour l’approche du live. L’album a été écrit à deux avec Robin alors j’avais envie d’y mettre aussi cette version, car c’était pour moi un clin d’œil à mes musiciens, et une façon aussi d’y intégrer mon côté live.

  • Par rapport à la scène justement, à tes débuts, tu étais guitare-voix, maintenant tu es entourée de musiciens…

Ah ouais, maintenant je suis équipée, c’est du lourd

  • Quand as-tu franchi le cap ?

Quand j’ai terminé mon album, je me suis dit que, vu le travail fait sur les arrangements, je n’allais pas partir seule sur scène. C’était bien au début, mais ça m’a aussi beaucoup fatigué. Et puis, c’est un peu frustrant d’entendre ses chansons avec juste une guitare et une voix. Là, j’avais envie de partager ça avec des musiciens, je voulais aussi que ça bouge plus, avec entre autres une session rythmique. Donc on est quatre sur scène : un batteur qui lance également des samples, un bassiste, un guitariste-clavier et moi qui fais guitare-clavier et voix.

  • Ton parcours est fait de rencontres. Tu as assuré la première partie des tournées de Pete Doherty et d’Émilie Simon. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots ?

Peter est quelqu’un d’assez exceptionnel. À l’époque, quand je suis partie en tournée avec lui, je ne savais pas trop où j’allais dans ma musique. Le voir travailler m’a ramené aux basiques, à ce que j’avais vraiment envie de faire dans la musique. C’est mon tourneur de l’époque qui lui a proposé que je fasse sa première partie et il a accepté. Par contre, pour les autres tournées, c’est lui qui a voulu que je vienne. Avec Émilie, même si on n’a pas eu l’occasion de sympathiser pendant la tournée, cela a été aussi très enrichissant. Son public était vraiment, vraiment cool, hyper ouvert, accueillant.

  • Tu nous as parlé d’OMOH, mais il y a eu aussi une petite collaboration avec Gaspard Royant avec « Yours » !

Oh, c’était il y a longtemps… Je ne sais même plus comment on s’est rencontré, je crois qu’on devait avoir des connexions communes. Je suis venue poser une voix sur cette chanson. D’ailleurs, pour la petite histoire, c’est Robin Leduc qui a arrangé ce titre, mais à cette époque, je ne le connaissais pas et je ne l’avais toujours pas rencontré. Donc j’ai chanté sur une réalisation de quelqu’un qui allait devenir mon propre réalisateur quelques années plus tard. Quant à OMOH, c’est un groupe électro, producteur également, avec qui je travaille beaucoup. Ce sont mes amis et j’aime beaucoup ce qu’ils font.

  • Un mot sur le MaMA ?

Je suis contente de faire partie de cette programmation. Il y a beaucoup de professionnels qui peuvent passer à ton concert et te programmer à leur tour. C’est une super opportunité, mais je ne me pose pas trop de questions, j’ai surtout super envie de jouer, car cela fait longtemps que je ne l’ai pas fait à Paris.

crédit : Solène Patron
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Sylvie Durand

Curieuse, passionnée par les voyages, la musique, la danse. Par tout ce qui aiguise les sens.