[Live] Cascadeur et Mina Tindle au Chabada

Cascadeur et Mina Tindle étaient aussi attendus l’un que l’autre au Chabada ce jeudi 16 octobre 2014. Douceur et harmonie étaient au programme, maîtrise et aisance hilarante en plus du côté du chanteur casqué.

Cascadeur © Nicolas Nithart
Cascadeur © Nicolas Nithart

C’est Mina Tindle qui assure la première partie de ce soir, dans la grande salle réduite de moitié. La Parisienne enchaîne différents morceaux extraits de ses deux albums de 2012 et 2014 : « Taranta » et « Parades ». Alternant entre anglais et français d’une voix légère, l’introduction est idéale pour le concert de Cascadeur. Ce passage par le Chabada est d’ailleurs la troisième date que les deux formations partagent sur cette tournée. À certains moments, Pauline de Lassus alias Mina Tindle entretient des airs familiers avec Émilie Simon ou encore Ladylike Lilly. À travers un set volatile aux paroles malheureusement trop noyées dans l’instrumentation, Mina Tindle et ses trois musiciens terminent par les deux tubes « Pas Les Saisons » et « To Carry Many Small Things ». Une prestation qui aura ravi les fans ayant fait le déplacement.

Quelques minutes après, l’ambiance presque solaire de Mina Tindle laisse place à un univers bien différent. Les lumières s’éteignent et Alexandre Longo, aka Cascadeur, arrive tranquillement sur scène, une lampe de poche à la main. L’artiste se pose en éclaireur sur la scène pour prendre place devant son piano et son micro. Son fameux casque blanc orné d’une étoile rouge lumineuse est l’accessoire qui accompagne sa combinaison en référence aux cascadeurs de cinéma. L’action ne se passe pas que sur scène. Dans le public, quatre autres lampes torche se déplacent et visent la boule à facettes fixée au plafond. Nul doute quant à l’origine de ces lumières ; les musiciens de Cascadeur, vêtus de la même combinaison que leur leader, mais ayant préféré au casque des masques de luchador finissent par grimper sur scène depuis la fosse tout en douceur.

Les titres se succèdent et sont partagés avec un savoir-faire passionné et inlassable. La musique de Cascadeur et de ses musiciens a cette chose planante et toujours juste qui nous ravit les oreilles. Le Messin Alexandre Longo joue tous les morceaux au piano et se déplace parfois vers les spectateurs pour chanter plus près d’eux. Difficile de catégoriser sa musique tant son univers est à la croisée du lyrisme et du trip-hop. Chose appréciable, l’espace scénique est merveilleusement investi par la formation. Le tube du premier album « The Human Octopus », « Walker » arrive vers le milieu du spectacle et c’est à ce moment-là que la mise en scène connaît son point d’orgue. Le xylophone est incarné par des « lampes fantômes » accrochées au fond de la scène, synchrones avec la succession des notes. Sur les chœurs d’Alexandre Longo et de ses musiciens en parfaite harmonie, le public est invité à chanter, mais ne le fera que timidement. Cascadeur en profitera alors pour comparer ironiquement le public à une véritable « chorale ». S’en suivront régulièrement d’autres blagues spontanées, de plus en plus hilarantes, entre différents morceaux. Souvent dans l’autodérision pour parler de sa musique au rythme lent, « Généralement les gens s’endorment à ce moment du spectacle », la communication avec le public est directe et toujours bien dosée. Sur la fin d’un morceau, Alexandre Longo aura le réflexe génial de prendre une fillette du public dans ses bras alors qu’il chante, pour ensuite rendre visite au bassiste au fond de la salle. Beau moment, les parents ne sont pas venus pour rien.

Sur le plan musical, un autre tube, celui du deuxième album-titre « Ghost Surfer » sera joué avec un rendu équivalent à celui du disque. Dansant, entrainant, un régal. Que dire de plus à part que tout est maitrisé à la perfection sans que cela donne l’impression d’un show ultra-rôdé et sans saveur ! « Scarface », « Your Shadow » ou encore « Dark Passenger » au son vocal modifié et les quelques instants de thérémine sont constamment fascinants, complétés du charisme et de l’aisance de Cascadeur.

Des applaudissements nourris provoqueront un rappel mérité qui en vaudra vraiment le détour. « D’habitude, on ne revient pas », blague Alexandre Longo. Plutôt que de recommencer à jouer tout de suite, c’est un véritable one-man-show auquel nous avons droit pendant une bonne dizaine de minutes de la part du chanteur devant son piano. Sur fond de quelques notes, il commente l’actualité ou encore sa région d’origine, la Lorraine : « Vous avez de la chance d’avoir un endroit comme le Chabada, qui est très réputé en plus. Dans des villes comme Metz, par exemple il n’y a pas ça. Au Chabada, il y a une bonne programmation : il y a moi déjà… ». Succession de blagues excellentes faussement égocentriques précédant un final musical plus intense et au rythme plus accéléré. À la fin du concert, chaque musicien retire son masque et Cascadeur le fera par la suite au merchandising. À notre grande surprise, nous apercevrons David Bartholomé du groupe belge culte Sharko, dans le groupe ce soir-là.

Ce qui s’est passé ce soir-là, on ne le vivra pas une seconde fois.


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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts