[Live] Frànçois & The Atlas Mountains au Chabada

L’expression rêveuse de François Marry était sur toutes les unes de la presse musicale il y a quelques semaines. Difficile effectivement de passer à côté de son dernier album « Piano Ombre »  avec son groupe The Atlas Mountains : disque qui scelle une réconciliation solennelle après une rupture amoureuse bouleversante. Sur disque, c’est l’expérience de l’évasion, sur scène, c’est l’évasion incarnée.

Frànçois & the Atlas Mountains © Fred Lombard

Samedi soir, l’antichambre qui mène au club du Chabada se voit affublée d’une décoration inhabituelle. C’est François qui a peint et réalisé des affiches représentant chaque musique inscrite sur la setlist de ce soir. Les dessins sont bienveillants, enfantins et ont quelque chose de familier. François Marry, peintre aquarelliste depuis des années, n’a pas abandonné ses premières amours.

La première partie est assurée par Deltas, formule ligérienne pour l’occasion en compagnie de Richard Bourreau de Lo’Jo et de Vincent Erdeven de Zenzile.
Un folk-blues imprégné de la marque du jumelage entre Angers et Bamako, notamment en raison d’un des instruments utilisés : la kora. Malgré l’absence ce soir-là du troisième musicien, le Malien Andra Kouyaté (Tiken Jah Fakoly) au chant et au n’goni, l’introduction est réussie. On verra même le sage François main sur la joue comme un enfant, assis parmi le public, appréciant paisiblement le spectacle.

Clôturant l’album « Piano Ombre », c’est pourtant avec « Bien Sûr » que commence le spectacle de Frànçois et ses Atlas Mountains. Douceur, poésie, chant en français et chœurs en harmonie : les sons évoquent la nature, sont organiques et avancent à petits pas afin de craqueler sur du bois ardent. D’ailleurs, « Bois » revisite la sémantique et la polysémie du mot via l’appropriation personnelle par le chanteur de sa rupture amoureuse récente. « Heureusement qu’il y a la musique magique. L’amour a déçu ». Son art est une solution cathartique qui se poursuit sur le titre éponyme à l’album « Piano Ombre ». Les paroles entretiennent des similitudes avec « Bois » et prennent la direction d’un spleen aux allures jazzy éthérées. La salle est fascinée par ce qui est en train de se passer. La voix du Charentais est divagante et se superpose parfaitement aux instruments parallèles. Une escale est faite sur un « Slow Love » aux textes anglais, suivi d’une envie d’exprimer à la salle un besoin de faire de la musique plutôt que de parler (pour le moment).

Sur scène, de curieuses lumières dominant les instruments des musiciens viennent illuminer chaque artiste l’un après l’autre de façon répétitive. On croirait entr’apercevoir des lucioles au fond d’une grotte. La scénographie est nocturne, ce sont aussi des vers luisants qui, par leur musique, apparaissent dans une forêt sombre. La malice du « Réveil Inconnu » dégage l’impression de voir sur scène une fourmilière dont chaque membre se concentre sur sa tâche avec précision. Ici, chaque artisan du projet, autant à son aise que lorsqu’il s’agit de mener des projets parallèles (Pierre Loustaunau avec Petit Fantôme, Gerard Black avec Babe, Amaury Ranger avec Archipel et Jean Thevenin avec Jaune) pourrait très légitimement justifier l’image d’un super groupe français pour F&TAM. Ce que l’on entend est d’une grande richesse et d’une sophistication remarquable. Pérégrinations insaisissables que les percussions nous permettent de toucher du bout des décibels. Le tube « La Vérité » est joué en milieu de set d’une façon plus spontanée et lo-fi que sur disque après des élucubrations sur les Tapisseries de l’Apocalypse que le groupe a aperçues à Angers des années plus tôt. Frànçois & The Atlas Mountains met le public dans sa poche en réinvestissant parfaitement le cadre de la petite salle. Le concert se terminera par une succession intense mais interminable de chansons partant de « The Way To The Forest », où les rythmes s’accélèrent jusqu’à une fin aux applaudissements extrêmement nourris. Un long rappel fera revenir le groupe sur un tube sensuel du précédent album « E Volo Love » : « Soyons Les Plus Beaux ». Frànçois & The Atlas Mountains sur scène : magnifique, doux, poétique et thérapeutique.

Après le concert, François officiera immédiatement au merchandising et à la dédicace de manière inlassable, passionnée et disponible. Une envie de plaire, de bien faire. Louable et remarquable.


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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts