Boogers n’a pas changé. Toujours le même gosse qui refuse de grandir, celui qui n’a ni renié ses goûts vestimentaires ni ses habitudes alimentaires, comme en témoigne la pochette de son troisième album « Running In The Flame », célébration de la junk food et des soirées pizza sur le canapé trouvé dans la rue un samedi matin.
Le cœur à l’ouvrage, Stéphane Charasse – Chacha pour les intimes – met un tigre dans son moteur pour nous entraîner dans son revival sauvage inspiré de ceux qu’il a autrefois écoutés ou radiodiffusés en boucle sur la tourangelle Radio Béton (et qu’il écoute à n’en pas douter toujours autant).
Harmonica et power-pop, la recette du premier titre « Nerves » a beau tenir d’une simplicité enfantine, c’est peut-être aussi pour ça qu’on adhère au propos sans pour autant rester plantés devant à ne pas savoir quoi en penser. C’est direct, ça file à deux cents, ça se tire la bourre sur les synthés, ça chante, ça braille comme dans un hymne punk. En deux minutes, on tient un titre plein de fraîcheur qui nous donnera la foi pour affronter le reste de l’album.
Refusant de se laisser mettre en boite, Boogers bricole des titres inattendus, qui nous laissent penser à la trajectoire artistique des Américains de CAKE de par un côté bricoleur de génie, jamais en panne de bonnes astuces comme en témoigne l’inclassable « The Big Summer ». Sans pleinement le vouloir, Boogers provoque des réactions en chaîne et surprend au passage.
Chacha nous amène du reggae dans ses bagages sur la tendre reprise de John Lennon « Oh my love », s’imagine compositeur du générique chiadé d’une certaine chaîne américaine en laissant sa fièvre le gagner sur l’expéditif « Showtime » et sème des cuivres là où il faut sur le bienheureux « Running In The Flame ». Qui aurait cru que courir pieds nus dans les braises pouvait mettre de si bonne humeur !
Aussi inévitablement, on se laisse emporter par la fraîcheur punk à la sauce Wampas sur l’entraînant « Dis moi pourquoi ». Première chanson en français sur trois disques, on a pourtant envie d’encourager notre ami Boogers à réitérer à l’avenir l’expérience.
Malgré quelques titres moins plaisants dont le léthargique, voire dépressif, « You Don’t Know », on se convaincra qu’on tient quand même là un chouette disque, notamment avec des titres comme « She Said No » qui font sacrément pencher la balance de l’autre côté de la force.
En 33 minutes, pour onze titres, Boogers signe un troisième album qui ne laisse que peu de répit, mais l’importance est ailleurs, ça défoule !
« Running In The Flame » de Boogers est disponible depuis le 2 juin 2014 chez AT(h)OME.
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