[EP] Crocodile & The Zookeepers – Crocodile & The Zookeepers

De part et d’autre d’un zoo musical, un reptile et ses gardiens jouent de quoi satisfaire les autres locataires. Et nous, curieux visiteurs, on paiera x entrées pour entendre ça.

Crocodile and The Zookeepers - Crocodile and The Zookeepers

À côté des gros essayistes qui tricotent des patchworks alternatifs – rois de l’usurpation et vendeurs de rêves trop parfaits – les plus humbles aiment l’élégance de la sobriété. Sans tournicoter des couleurs criardes et points de croix trop compliqués, leur tissu est efficace et séduit dans l’immédiat, sans se faire prier d’être assez beau. Tandis qu’on bavera sans rien comprendre devant le tissu tape-à-l’œil d’autres nigauds, les membres de Crocodile & The Zookeepers auront l’intelligence de créer des tricots simples et solides, qui ne déteindront pas au lavage.

On range la métaphore de Mémé et ses baguettes de laines dans le placard pour tenter d’éplucher le groupe. Blanche est à la batterie, Nicolas à la basse, Loann à la guitare électrique et Clémentine gratte aussi bien les cordes de sa voix que de sa guitare. Fin 2012, sous le pseudo de Crocodile, une première version de « Tomboy » est publiée sur YouTube : on y entend une tendre musique acoustique qui est non sans rappeler celle des Français de Cocoon. La voix de Clémentine, doublée de velours, élargit la trame folk de la piste pour ne laisser que l’écho de la mélusine. Janvier 2013, trois pré-enregistrements sur Bandcamp viennent définir la formation du groupe, et le crocodile s’accompagne désormais de ses gardiens et le folk s’accompagne de la pop.

Ce premier EP éponyme est un disque plein de charme et de maturité – un premier essai qui vaut mieux que l’énième d’autres normalement plus avertis. Les arrangements des cinq titres (dont les délicieuses refontes de « Before They Go » et « Tomboy ») sont sobres et intimes, sans fioritures, qui évitent à la formation de tomber dans le trop-plein maladif, récurrent chez les néophytes. C’est simple et transparent : ça coule de source ! Si bien que le très bon « Go Back Home » et l’électricité de « Stop » déclenchent la redondance mentale d’un tube – mais pas d’un mauvais. D’un tube qu’on pourrait placer dans l’intemporel, dont on se souviendrait même les dents en moins et les cheveux blancs. Enfin, en espérant que le tout ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.

Crocodile and The Zookeepers

« Crocodile & The Zookeepers » de Crocodile & The Zookeepers est disponible depuis le 30 mai 2014.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante