[Live] Hellfest 2014, jour 3

La fatigue commence à se faire sentir après deux jours de festivités metal. Se diriger vers la Warzone dès 11h00 est le bon remède pour se donner un coup de fouet et retrouver l’énergie nécessaire pour couvrir cette troisième journée qui s’annonce, à l’instar des deux précédentes, de haute volée.

Mad Sin © Nicko Guihal

Nous étions très curieux de découvrir Cobra, les quelques titres entendus nous ayant surpris par leur férocité et leur urgence. Autant dire qu’on ne sera pas déçus. Pas d’artifices ni de cérémonial sur la scène, trois Gibson SG et une boîte à rythmes participent à la furie punk durant la demi-heure d’une prestation incroyable. Ça hurle, ça braille des paroles infectes et nihilistes. « Qui est venu armé ? » demande le groupe. Les poings se lèvent dans le public très en forme malgré l’heure. La poussière, qui aura marqué les esprits par sa présence durant ces trois jours, se soulève et cache la scène. On se rend vite compte qu’on a affaire à un groupe culte. Les titres sont salués et repris par une foule massée. On est au-delà du 36e degré lorsqu’est annoncé une reprise (à tort) de Louis Bertignac « qui est déjà venu plusieurs fois à Clisson » ou quand on nous exhorte à aller tuer les dauphins. Certainement, le concert le plus décalé et le plus jouissif du festival.

La faute sans doute à Lofofora qui, au même moment, fera carton plein sur la Mainstage 1 devant les caméras du Petit Journal de Canal +, les Crushing Caspars joueront leur punk HxC et old school devant un public clairsemé. Les gars ne se laisseront pourtant pas abattre et feront une prestation honorable. Difficile de croire que ces types soient allemands tant leurs brûlots nous transportent vers la Californie ! Des musiciens d’une efficacité redoutable dont une nouvelle recrue arrivée à la basse seulement cinq jours avant (!), des titres punchy, un alliage mélodies-énergies du plus bel effet. On en viendrait même à vouloir se remettre au skate. Dans le même registre, les cultes Millencolin nous avaient grandement décus deux jours avant, les méconnus Crushing Caspars, eux, nous auront mis une belle claque.

Ce fut ensuite au tour de Zodiac de nous dépayser. Délivrant un heavy rock traditionnel agrémenté d’un jeu de batterie très puissant, on imagine les grands espaces et les virées en Buick direction le Mexique. Pour son premier passage au Hellfest, le groupe recevra un accueil des plus chaleureux. Mais qu’y avait-il donc sous la Valley pour que l’ambiance y soit toujours aussi incroyable ? Zodiac nous fera l’honneur d’une excellente reprise de « Cortez the Killer » du Crazy Horse de Neil Young. S’étendant sur près de dix minutes et inattendu en ces lieux, le morceau sera salué avec force par le public. Visiblement heureux, le groupe devrait garder longtemps en mémoire ce dimanche matin à Clisson.

On se laissera surprendre par Powerwolf et la grandiloquence de son show devant une foule compacte. Le metal symphonique, de par des parties musicales très (trop ?) fournies, court le risque de versions en live bien en-deçà des originaux. Ce ne sera pas le cas pour le groupe de Sarrebruck qui aura été d’une redoutable efficacité, les titres de ses albums dont « Preachers of the Night » (2013) ayant été parfaitement bien transposés. On se verra même remuer des cervicales sur « Amen & Attack ». Inimaginable quelques heures avant mais il faut bien que des miracles se produisent au Hellfest !

Histoire de faire monter un peu plus la température en cette après-midi brûlante, le stoner sera mis à l’honneur. Début des hostilités avec Lowrider qui faisait l’honneur d’une apparition rare. La prestation aura été fiévreuse. Grande ferveur parmi le public.

Dans un registre plus énervé encore, House of Broken Promises prouveront qu’ils détiennent la formule idéale du power trio, virant par moments vers un hard-rock boosté. Guitariste et bassiste se partagent le chant et l’on assiste à un déferlement de riffs et des cavalcades sur les fûts pour le plus grand plaisir des headbangers qui s’agiteront comme de beaux diables dans la fosse. L’énergie est bien présente sur scène. On assiste à un vrai show rock’n’roll, dans toute sa démesure et son délire.

Les riffs restent abrasifs durant la prestation de Dozer qui sera faite d’instants de furie, le groupe osant toutefois des virées plus planantes et entraînant sans mal le public à sa suite. Au final, trois facettes d’un même genre. Le stoner n’a pas fini de nous dévoiler tous ses mystères.

La prestation de Mad Sin aura été des plus vivifiantes du week-end. La bande défendra avec une énergie punk les couleurs du psychobilly. L’allure des cinq gaillards tatoués et portant fièrement des bananes d’un autre temps sera remarquée par les festivaliers plutôt habitués par des looks plus sombres et macabres. L’énergie déployée gagnera tout de go la foule qui baignera en plein folie une heure durant. Pour la seule fois du week-end, il nous sera d’ailleurs difficile de nous extirper de la fosse de la Warzone, complètement pleine à craquer. Le spectacle sera total et le contrebassiste viendra même parmi les premiers rangs avec sa contrebasse pour monter, si c’était encore nécessaire, le délire encore plus haut. Cerise sur le gâteau, la courte reprise de « Angel of Death » de Slayer nous prouvera encore une fois que le metal est une grande famille rassemblant différentes ambiances, différents looks, différents tempos. Il faut reconnaître le talent des organisateurs du Hellfest pour réunir tous ses imminents membres et réussir l’éclectisme au sein d’un courant injustement taxé de sectarisme.

Changement total d’ambiance avec Behemoth précédés déjà d’une solide réputation sur scène. Dans le circuit depuis plus de vingt ans, le groupe est enfin reconnu à sa juste valeur depuis quelques années et n’est désormais plus relégué sur les scènes secondaires. Face à la Mainstage 2, la tension est grande et le restera tout au long d’un show dominé par le charisme de Nergal, leader du groupe, dissimulé sous une sorte de bure. Débutant les hostilités avec « Blow Your Trumpet Gabriel », titre-phare de leur bien nommé dernier album «The Satanist », le groupe sera impressionnant de maîtrise et l’on assistera à nouveau à des mises en scène occultes déjà aperçues durant le week-end à coup de croix inversées enflammées et de sang sur les visages des musiciens. Malgré le soleil de plomb qui écrasera le site, on se sera cru en pleins ténèbres.

Rétropédalage brutal avec l’arrivée sur la Mainstage attenante de Soundgarden qui ouvre depuis plusieurs dates pour Black Sabbath. Est-ce dû à la prestation démoniaque délivrée par Behemoth quelques minutes avant ou l’absence de Matt Cameron aux baguettes ? Malgré le respect sans limites pour ces musiciens hors pair, on ressentira peu d’émotions à l’écoute de ces chansons cultes écoutées des milliers de fois : « Rusty Cage », « The Day I Tried To Live », « My Wave »,… Même « Black Hole Sun » ne nous donnera pas le frisson espéré. Pourtant, Ben Shepherd nous prouvera encore une fois qu’il est un bassiste injustement reconnu, Matt Chamberlain assurera de manière plus que correcte l’intérim derrière les fûts mais la prestation restera décevante.

Et est arrivé le moment de partir. C’est à regret que nous quitterons Clisson … Ce week-end aura été sensationnel.
Bravo à l’équipe du Hellfest et aux bénévoles pour l’organisation impeccable et l’ambiance extraordinaire qui aura régné sur le site durant ces trois jours totalement dingues dont on se souviendra encore longtemps !


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.