[Live] Un dimanche au festival We Love Green

Après un samedi ensoleillé au festival We Love Green, retour ce dimanche 1er juin au Parc de Bagatelle pour une nouvelle journée au vert. Après une rencontre avec Pablo Padovani, leader du projet Moodoïd, nous revoici devant la scène live… prêts à savourer de nouveau la programmation exceptionnelle du festival.

Foals par Fred Lombard


Denai Moore

Denai Moore, jeune artiste londonienne, donne le coup d’envoi. Sa belle voix chaleureuse, douce et puissante, nous a transporté au cœur de son folk sensible et mélodieux. À la guitare, chapeau melon sur la tête et chemise rayée aux manches retroussée, l’artiste anglaise partage la scène avec deux musiciens, Kieva au clavier et Joe à la batterie. Tous deux n’hésitent pas à donner de leur voix pour accompagner Denai sur de belles harmonies vocales.

Le public découvre les titres troublants de justesse de son second EP « The Lake », et frissonne d’émotion à l’écoute d’une voix qui porte bien plus qu’une âme, entre la soul de Lauryn Hill et le folk de Tracy Chapman. Alors qu’elle faisait sa première date à Paris il y a tout juste un an, Denai Moore semble ravie d’être à nouveau parmi nous et nous le fait savoir avec une grande sincérité et une belle spontanéité. Même si son jeu sur scène n’est pas encore totalement maîtrise, son sourire éclatant suffit à conquérir le public. On aimera d’ailleurs les dernières minutes durant lesquelles elle sera seule à la guitare puis au clavier sur deux titres. Aussi talentueuse sur disque que sur scène, à suivre assurément !


Moodoïd

La tribu Moodoïd, emmenée par son chef Pablo Padovani, a entraîné le public dans son monde Möö. Véritable maestro d’une pop féminine et sensuelle, Pablo est accompagné de trois superbes musiciennes (Lucie Droga au clavier, Clémence Lasme à la basse et Lucie Antunes à la batterie). Le quatuor parisien nous livre un spectacle épatant d’énergie et de fantaisie. Tous masqués d’une peinture dorée et habillés de costumes et robes pailletées, le projet glam pop psychédélique resplendit sur scène.

Projet androgyne lorsque se pose la question du genre sur le titre « Ce que je suis », on est envoûté par la voix céleste et aiguë de Pablo, par la langueur dans le jeu de la bassiste, et par l’excitation totale du jeu de la batteuse. Ensorcelant et hypnotisant (« Je suis la montagne »), ce concert – à mi chemin entre MGMT et Tame Impala – connaîtra son apogée sur le tube « De folie pure », moment tribal savoureux où Pablo et sa bande sexy enchaînent percussions insolites (ananas et poêle à frire) et rythmes endiablés qui invitent à la danse.
Moodoïd est grand, gloire au monde Möö !


Earl Sweatshirt

Seule parenthèse hip-hop du festival, le rappeur Earl Sweatshirt du haut de ses 20 ans se fait attendre. En guise de warm up, Lucas Vercetti, connu comme le « white guy » et la mascotte du collectif Odd Future (Frank Ocean, Tyler the Creator…), prend les platines d’assaut. Le public est dans l’attente, presque exaspéré passé le troisième morceau de ne pas voir sur scène la figure rap américaine annoncée dans le programme.
Ah, le voilà enfin !

Du sweatshirt d’Earl, on ne manquera pas d’emblée de retenir la couleur ; un jaune poussin, pétant, qui capte l’œil comme les yeux d’un chat éclairés dans la nuit.
Le rappeur est chaud bouillant sous sa capuche et sa casquette « Supreme ». Provocant et fiévreux face au public, Earl Sweatshirt enchaîne les tubes de son premier album « Doris » : « Chum », « WHOA » et « Hive » avec sa hargne qu’on lui connait. Les fans sont aux anges, ceux de Lorde un peu plus déconcertés. Les punchlines volent et c’est peu dire que le flow du jeune rappeur ne fait dans la dentelle. Jusqu’à la dernière minute, le sale gosse de Los Angeles aura joué les rebelles et n’aura pas quitté un instant son gansta-rôle de composition.


Jungle

Quel plaisir ensuite de retrouver l’excellent duo londonien Jungle, qui après avoir brouillé les pistes pendant près d’un an en se planquant derrière des clips géniaux se dévoile sur scène en sextet.
Épatant de charisme et d’envie, le projet néo soul anglais est animé par des voix et une instrumentation chaleureuses, à l’âme exotique.

L’envie de danser nous prend dès l’introduction jusqu’au dernier titre où résonneront une dernière fois les chœurs du hit « The Heat » (« No, I can’t feel the Heat / I know I can’t catch you alone »).
L’association sans fausse note d’une basse grondante, de vagues de notes au clavier, de riffs de guitares savoureux, de rythmiques estivales du duo de percussionnistes-batteur et du duo mixte de choristes ne feront que renforcer notre amour pour ce projet radieux et irradiant sur scène.
Sans être connu de tous au départ, Jungle s’est mis le public de We Love Green en poche, ce même-là qui dansera à coup sûr tout l’été sur leur premier album à paraître le 14 juin prochain. On a hâte d’y être !


Lorde

De Lorde, depuis le milieu de l’après-midi, on a vu les premiers rangées grossir de fans venues voir l’artiste néo-zélandaise sur sa seule date française.
Inévitablement, les places au premier rang de la crash barrière se font rares pour approcher au plus près la nouvelle idole des jeunes gens branchés. Sur scène, les roadies et les techniciens du festival s’activent pour installer un immense dispositif visuel, à l’allure théâtrale. D’énormes rideaux rouges en fond de scène viennent se placer derrière trois tout aussi immenses cadres dorés. Au dessus de la scène, on hisse avec précaution un impressionnant lustre en cristal. On ne reconnait alors presque plus l’espace scénique d’avant.

Introduite par ses deux musiciens vêtus de blanc et d’argent – Jimmy Mac aux machines et au clavier et Ben Barter à la batterie -, la chanteuse, du haut de ses 17 ans, se dit touchée par l’accueil du public français. Les fans ne tiennent plus en place et trépignent d’impatience et d’amour pour leur égérie pop. Dès les premiers titres « Glory and Gore » et « Bitting Down » s’abandonne à une chorégraphie épileptique, très physique. Lorde vit ses morceaux aux beaucoup d’intensité, dans une danse habitée et possédée. Le convaincant combo des tubes « Royals » – « Team » en fin de set convaincra de la maitrise totale du projet par la jeune artiste, bien dans sa tête et vraisemblablement tout aussi bien dans son corps.


Foals

Changement de public pour le dernier concert du dimanche et de l’édition 2014 de We Love Green.
Plus âgé, plus bagarreur aussi, le public de Foals est prêt à en découdre, excité d’affronter du regard le grand manitou du math rock anglais.
Le changement de scène prend du temps et l’impatience grandit à nouveau dans les rangées du public. Quinze minutes de retard, et enfin un light-show explosif, qui fera sauter l’alimentation écologique sur scène. Panique en régie, pour enfin voir le concert démarrer quelques minutes plus tard sur l’inévitable hit « My Number ».

Alors qu’on s’inquiète de finir écrasé contre la barrière par des fans ivres fous, le quintet d’Oxford emmené par son barbu de chanteur Yannis Philippakis au charisme implacable livre avec une aisance déconcertante ses meilleurs crus comme pour s’excuser des incidents techniques. Il en profitera pour saluer l’esprit « conscient et respectueux de l’environnement » du festival, comme d’un exemple à suivre.
Mélange de ses trois albums, on verra le projet voguer entre l’agitation d’ « Olympic Airways » et d' »Inhaler », l’excitation grimpante de « Late Night » et le calme céleste de « Spanish Sahara » pour notre plus grand bonheur.
Après avoir mis le feu à une foule en liesse, on peut dire que Foals n’a pas manqué à sa réputation de bête de scène. Un final monstrueux pour un des grands moments de la troisième édition de We Love Green.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques