Brut, généreux et sincère, « Chahut » est un hommage à la musique folk traditionnelle, celle qui ne vieillit pas, belle et intemporelle.
« Ne pas situer sa démarche dans un espace, un contexte sociétal ou générationnel, c’est nier la plus grande des influences : la vie que l’on mène au quotidien. » François Le Roux aime l’abstraction des mœurs, des mouvements, des courants étiquetés à la hâte. Arrivé de l’outre-mer réunionnaise chargé de voyages et d’essences intimes – il cite Nick Drake, José González et le cinéma-vérité de John Cassavetes –, la musique est pour lui une suite logique à sa création. Puis concours de circonstances, le festival Les Bouillonantes lui propose une carte blanche : « Je ne pensais faire qu’un concert à ce moment-là. Ce sont les beaux accidents de la vie. » Talune est né de la surprise, de l’inattendu, de cet effet boule de neige qui conduira François à écrire des morceaux au tumulte pur et originel.
« Chahut est un penchant intime d’un folk internationaliste. Il ne s’agit pas d’une rêverie ou d’une échappatoire. C’est au contraire un appel à habiter le monde. L’art a une portée politique, sans pour autant être militant. », explique François. Mais ce n’est pas son engagement masqué qui marque en premier, bien qu’il soit évident par la suite. « Chahut » est d’abord l’histoire d’une nostalgie, d’un regret certain pour la musique de genre qui ne fait que s’épaissir dans l’alternatif d’usage. Un souhait de vouloir l’inscrire dans l’intemporel. Le risque de la redite poussiéreuse et sans audace n’effraie pas François, il veut que ses titres soient appréciés à leur juste valeur, nus et lavés d’effets enjôleurs qui ne prônent souvent que l’esbroufe. Brut dans la forme, sauvage dans le fond, son recueil folk prend racine dans l’americana avec la vive « Go Over It » et la douce « The Rye », ainsi que des tournures plus surprenantes avec l’exotisme de son « Intro » qui nous amènerait presque en pays andalous.
Comme pour parfaire son authenticité, il enregistre son doux vacarme dans une chapelle de Basse-Normandie : « Nous avions 2 jours, des pulls, des livres et de l’envie. En passant par hasard devant cette chapelle, nous avons tous eu un flash et avons fait cet enregistrement sauvage en deux après-midi. La bienveillance des copains a fait le reste. » Et si même l’amitié vient mettre son grain de sel, c’est bien que l’EP provient du cœur. Le vrai, pas l’artificiel.
« Chahut » de Talune est disponible depuis le 26 mai 2014.
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