[Live] Un samedi au festival We Love Green

Week-end annonciateur de la période estivale, le festival We Love Green réunissait pour sa 3e édition une programmation haut de gamme constituée de têtes d’affiches et de grands espoirs de la pop internationale.
Au cœur de l’immense parc de Bagatelle, nous n’avons pas boudé notre plaisir de vivre durant deux jours des lives dans un cadre verdoyant et privilégié. Retour sur l’atmosphère du festival et sur les concerts que nous ne voulions pas manquer samedi 31 mai 2014.

Ambiance par Solene Patron

Ce samedi, les festivaliers ont goûté aux premiers rayons (et coups) de soleil dans le superbe parc de Bagatelle où se sont dressés tipis, stands d’animation, points de restauration et deux grandes scènes. La principale, dédiée à la programmation « indé » et la seconde, plus retirée, animée par des DJ sets. À l’heure où nous arrivons, le cadre verdoyant du site invite au calme et à la sérénité. Les robes d’été sont de sortie, les couronnes de fleurs bien accrochées aux cheveux… un vrai défilé « hippie chic ».


Joakim

C’est sur l’électro pop tropicale de Joakim que s’ouvre la scène indie de We Love Green.
Si les plus motivés s’approchent de la crash pour suivre le concert, l’option pique-nique musical dans l’herbe sera en milieu d’après-midi une autre manière d’appréhender ce festival au naturel.
Premier live de son nouvel album « Tropics Of Love », l’artiste parisien est venu présenter ses titres en trio : Joakim Bouaziz aux machines et au chant, toque africaine, lunettes de soleil, chemise en jean et pantalon tacheté, accompagné d’un bassiste-claviériste très à l’aise et d’un batteur armé de ses pads.

Avec sa voix énigmatique, parfois sous l’effet du vocodeur (« Heartbeats », « On The Beach »), Joakim joue avec passion ses premiers titres, de plus en plus habités (« This Is My Life »), mais toujours très détendus et chaleureux (« Man Like Moon »).
Le grand moment du concert sera la venue, annoncée dans les dernières heures, de l’ex-leader de The Rapture, Luke Genner, sur deux titres, dont l’excellent et envoûtant « Bring Your Love ». Un guest de choix que les aficionados des DJ sets pourront retrouver plus tard dans la soirée sur l’autre scène du festival en collaboration avec DJ Tennis.
Pas trop bavard, ni très démonstratif pourtant, concentré sur son set, Joakim offrira un concert agréable et plutôt convaincant en guise d’ouverture.


Ásgeir

On espérait avec Ásgeir s’évader vers les montagnes et autres paysages irréels d’Islande.
On était tombé amoureux de la voix fragile du jeune chanteur islandais de 22 ans sur son album sorti d’abord dans sa langue natale puis adapté par l’américain John Grant en anglais pour l’album « In The Silence ».
Sur scène, c’est d’abord un musicien assez effacé que nous avons découvert, le cœur à l’ouvrage, la voix délicate, mais jamais tant en avant par rapport à ceux qui l’accompagnent.
Ce sera par quelques titres en islandais qu’Ásgeir Trausti démarrera son concert pour mieux dépayser les spectateurs.

Doucement, très lentement, le projet évoluera sur scène du folk (les sublimes « In The Silence » et « Going Home ») vers une orchestration de plus en plus animée, et emportée par son batteur barbu, très en forme, que l’on verra mordre ses baguettes. Un peu de folie dans toute cette retenue ne fait pas de mal.
Ásgeir bouclera son concert par ses morceaux les plus connus, l’incontournable « King and Cross », et enfin « Torrent » à l’énergie post-rock contenue en live. Si le set fut d’abord poétique, on a senti le projet islandais dans la retenue, malgré une fin de set plus enlevée. Un beau voyage donc, mais sans grande folie.


Cat Power

Drôle de situation que de jouer seule sur une si grande scène, devant tant de public qui n’ont eu que d’yeux pour elle, que d’oreilles pour sa voix, que d’amour à recevoir et à donner à la touchante Charlyn Marie Marshall alias Cat Power.
Longtemps à la guitare acoustique, avant de se mettre au piano, c’est pendant plus d’une heure (certainement le concert le plus long du festival) que le musicienne et chanteuse new-yorkaise va offrir généreusement ses plus grands morceaux dans leur plus simple et sincère expression, sans filet de sécurité.

On redécouvrira notamment « Good Woman » et « The Greatest », essentiels à la guitare et le touchant, presque déchirant « I Don’t Blame You » au piano.
Alors qu’on s’imaginait le trac de jouer seule devant une si grande assemblée une musique pourtant si intimiste, Cat Power s’imposait à nous comme une artiste simple et sincère, attentionnée envers ses fans qu’elle n’oubliera jamais de remercier de quelques sourires, jusqu’à s’excuser à plusieurs reprises sans qu’on ne sache trop pourquoi on lui en voudrait. Un concert porté par la passion d’une femme, délicate et plus que tout amoureuse de son public.


London Grammar

Les mots nous manquent pour parler de la prestation impeccable de London Grammar.
Plus grande date française du trio londonien, accompagné sur certains titres par un jeune orchestre de chambre, Hannah Reid au chant, Dan Rothman à la guitare et Dot Major à la batterie nous ont touchés en plein cœur pendant une belle heure.
Avouons-le, il est bien impossible de résister aux charmes d’Hannah, muse complète au physique parfait et à la voix sidérante de justesse. Le public n’aura d’ailleurs de cesse de faire l’éloge de ses charmes.

Ce concert nous accompagnera comme un coucher de soleil devant l’océan. On se laissera emporter tout au long des dix titres joués, entre « Hey Now » et « Metal & Dust », entre retenue et ardeur.
Pour parfaire l’instant, le lightshow très varié et soigné, quoique parfois très (trop) éblouissant, nous offrira un moment magistral partagé entre puissance, délicatesse et chaleur.
Clin d’œil au public français, London Grammar lui offrira sa célèbre reprise de Kavinsky sur le titre « Nightcall », mais ce sera tout autant sur les compositions originales du projet ; « Interlude », « Strong » ou encore « Wasting My Young Years » que les spectateurs se montreront particulièrement séduits par l’exercice sincère et saisissant du projet anglais.
À la fin du concert, on sera comme sur un petit nuage. Il nous faudra quelques heures avant d’en redescendre, tout doucement.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques