[Live] Biffy Clyro et Drenge au Printemps de Bourges

Programme certainement à part que celui de ce 23 avril 2014 au W du Printemps de Bourges. EDF avait été sollicité pour augmenter la capacité de ses compteurs, une surconsommation de watts ayant été anticipée avec une entrée en soirée énergivore : les loyaux sujets de la reine Drenge et Biffy Clyro fusionnaient dans l’arène pendant 2 fois 40 minutes. Puissance, chaleur, buée, bien-être. Shocking brilliant ! Dans tous les sens des thermes.

Biffy Clyro © Fred Lombard


Drenge : gang of brothers

La taille de l’espace de je(u) des Drenge est inversement proportionnelle à celle de la scène. Les Anglais, réservés, qui semblent avoir du mal à couper le cordon ombilical et s’éloigner de leur Home Sweet Home recréent leur chaleur fraternelle et confidentielle en jouant sur scène en rangs serrés, comme dans leur chambre après avoir poussé les coffres à jouets sous le lit en mezzanine. Face à face, sans réellement prêter attention au public qui les sollicite, le duo en symbiose – tels les Faux Semblants de Cronenberg – embarque le W dans un tremblement grunge, parfois crasseux, rarement poli, en mode guitare-batterie revisité. Ils jouent ensemble, respirent ensemble, boivent ensemble. Il ne s’agit pas d’un énième projet réduit à sa plus simple expression, mais bien d’une réappropriation d’une synergie musicale en mode minimaliste que ne renierait pas un Queen of the Stone Age.

Souvent desservie par un son lorgnant avec insistance sur l’infrabasse et les graves, cette première joute de 40 minutes menée à 200 miles à l’heure ne laisse que peu de temps aux esprits et aux jambes pour prendre du recul par rapport au phénomène. Décontenancés, abasourdis, au bord de l’acouphène, les 3000 spectateurs de ce début de soirée ont la carcasse qui tremble, à l’égal d’une séance de powerplate qui aurait mal tourné. Roots, rude, heavy, Eoin et Rory sont dans leur rock autiste, qui reste en famille et entre experts. Il n’y a guère qu’au bout du 8e ou 9e titre que le duo accepte d’entrebâiller sa porte pour laisser le public entrer dans sa playground. Tempo lourd qui ralentit, le temps de reprendre son souffle et de vérifier que tout est bien en place pour finir sur une totale explosion à la Jon Spencer.

Presque en s’excusant d’avoir causé autant de ravage, le batteur démonte une cymbale qu’il jette par terre sans savoir vraiment pourquoi. On a bien compris toute cette violence et cette rage interne que Drenge a en lui, encore maladroites à vivre et à exprimer, comme si tout n’arrivait pas à sortir de ses tripes. L’énergie et la musique sont implacables, il ne leur reste plus qu’à totalement se lâcher.


Biffy Clyro : douche écossaise

À peine remis des dégâts causés par les frères Loveless, le W déroule le tapis rouge à deux très attendus frangins, authentiques jumeaux, embarqués par Simon Neil qui ne boude pas son plaisir de retrouver la France et la scène de Bourges. Au vu du peu de temps alloué à Biffy Clyro (40 petites minutes), le groupe a décidé de se passer des préliminaires et se lance dans un long coït musical savamment dosé et set listé. Torses nus, jeans taille basse, totalement échauffés, les Écossais qui n’ont presque plus grand-chose à prouver, nous délivrent un best of scénique et visuel généreux et contagieux, comme pour rappeler qu’ils ne sont pas multiples disques d’or et de platine pour rien. Aussi calmes à la ville que rageurs sur scène, les Biffy Clyro transforment le W en arène olympique du riff qui tue, de la guitare qui claque, de la batterie qui tempête, de la basse qui abasourdit. Épaulés cette fois-ci par un discret guitariste et un claviériste qui ne pourront que rester dans l’ombre, Simon et James haranguent sempiternellement les premiers rangs gonflés à bloc de béton.

Les fans de la première heure ne manquent pas de meubler chaque infime silence par un « Mon The Biffy ». Les Folding Stars du soir se baladent à l’aise, interpellent la foule dans un parfait français comme pour lui signifier qu’ils se sentent ici comme à la maison et que ce « petit » concert sera tout aussi grand que les autres. « You guys are alright ? ». Bien sûr Simon que les 4000 sourires radieux boivent du petit lait. Ça court, ça saute, ça se roule par terre. « Merci mes amis ». Non, merci aux Biffy Clyro qui entre de nombreuses dates aux 4 coins de l’Europe ont eu la délicatesse de venir se poser quelques instants à Bourges pour nous régaler les oreilles avec un Black Chandelier ou un Bubbles. Absolument rien à jeter durant ce concert beaucoup trop court à part des médiators et des baguettes en fin de set, dernier geste de générosité de ce groupe qui fête bientôt ses 20 ans avec des tatouages toujours intacts.


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans