[LP] Dillon – The Unknown

Troublant et inquiétant, « The Unknown » est une spirale électro-pop sans fin, intensément moite et affriolante.

Dillon - The Unknown

On ne sait pas trop ce qu’elle cherche. De ce fait, on évite de prendre des conclusions trop hâtives. Son regard est ambivalent, à double tranchant. Veut-elle qu’on la suive ou qu’on la sauve ? La pochette de « The Unknown » montre la belle Dillon immergée dans d’étranges vagues bleues, sous la poupe d’un insondable sentiment. C’est un excellent reflet, car sa musique fait de même. Elle nous balance comme un métronome à basse fréquence qu’on entend cliqueter inlassablement dans un bruit lourd et épais. Son hypnose agit comme une impression de chute durant une nuit de sommeil.

Quand le titre éponyme s’ouvre, le piano fait du pied à l’électro, ou vice versa. Les sonorités commencent à faire plus ample connaissance pour mieux se séduire ensuite. Un jeu de séduction macabre qu’on retrouvait dans l’angoissant « Lovetune For Vacuum » de Soap&Skin. Les deux variantes, dont la nature diverge, cohabitent dans une sphère où l’expérimentation prend une place importante. C’est une chose que Dillon avait essayé d’explorer dans son premier album « This Silence Kills », mais qui ne réussissait pas prendre son envol, du fait de sa trame pop qui bloquait une quelconque prise de risque (« Thirteen Thirtyfive »). Désormais, elle ne suit plus le prémâché et l’assistanat délibéré. Fière et égoïste, elle invente et avance à tâtons. Elle nous sèmerait presque en cours de route. On ne sait jamais si le morceau va s’élancer ou s’effacer. Ce deuxième disque est une forme d’improvisation expérimentale qui démêle une musique sur le fil du rasoir, taillante et vulnérable. Une retenue boursouflée (« Nowhere »), âcre et dangereusement aguicheuse (« In Silence »). La voix de Dillon appuie cette consonance suave et cassée, remplie de césures humides et inquiétantes, comme pouvait le faire une Björk sous 3 grammes et en pleine forme (« Lightning Sparked »).

L’inconnu(e) ne quitte jamais l’album. Ses étranges doléances viennent se greffer à l’incroyable alliance qui marie le piano à la musique électronique. Dillon se cherche, feinte et nous piège comme dans un tour de colin-maillard. Et quand « Currents Changes » vient obstruer une fois pour toutes notre hallucination, on se dit simplement que sa ruse est efficace.

crédit : Siggi Eggertsson
crédit : Siggi Eggertsson

« The Unknown » de Dillon est disponible depuis le 28 mars 2014 chez BPitch Records.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante