[LP] William Fitzsimmons – Lions

Dans un quatrième album plein de maux et de poésie, William Fitzsimmons nous livre les chagrins qui ont construit sa force. « Lions » est une merveille qui se consume et se consomme.

William Fitzsimmons - Lions

Les conflits arrivent sans crier gare. Ils submergent l’efficience de nos sens, chamboulent notre routine, dirigent nos émotions et s’en vont une fois la tempête finie, sans honte ni regret. Les difficultés ne changent jamais de plan. Elles subissent avec paresse leur image de pourris gâtés. Figées dans le marbre, elles sont fières d’être l’élément qui déclenche le courage. Certains de leurs hôtes cherchent cet élément toute leur vie (en vain), quand d’autres, moins fatalistes, le fabriquent. William Fitzsimmons a construit le sien. Son quatrième album « Lions » est l’exutoire qui l’aide à combattre sa horde de démons.

« Ces dernières années furent pleines (un peu difficile de décrire ces années en quelques mots). Elles étaient merveilleuses, douloureuses, longues, très brèves, et plus éducatives et enrichissantes que celles vécues auparavant. […] Après des mois, des mois et des mois (et plus de bouteilles de bières et de bols de tabac que je voudrais divulguer), j’ai pris le recul nécessaire de tout ce que j’avais traversé ».

Cet album est le reflet musical de sa rénovation depuis sa précédente déclaration « Gold In The Shadows ».

« We burn in Centralia / Lost in the ash below / Hoping to find a home ». Ces quelques paroles de « Centralia » annoncent l’allégorie du labyrinthe mental de William. Pour l’histoire, Centralia est le nom d’une ville abandonnée à la suite de l’incendie de la mine de charbon qui s’étend sous la ville, qui brûle encore et depuis 1962. Cette anecdote reflète toute l’amertume des années qui se consument, lentes et sournoises, comme les riffs feutrés et haineux qu’introduit la piste et qui accompagnent cette douce descente en enfer.

Contrairement à son dernier album qui était dédié aux dédales psychiques de son second métier (psychothérapeute), « Lions » est plus simple et dépouillé. Les coagulants électroniques qui faisaient l’identité de sa musique (« Psychasthenia », « Funeral Dress ») se font plus discrets. Il se rapproche désormais de quelque chose de plus inné et acoustique.

Il vise juste, se fait moins mélancolique et larmoyant, bien qu’il ne puisse pas s’en empêcher. Le romantisme et la poésie du grand barbu n’a pas changé, l’amour est partout et chaperonne chaque mot de chaque parole (« Blood/Chest », « Sister », « Josie’s Song »). En plein branlement, on se sait plus sur quel pied danser. L’autre moitié du disque est vive, acérée, rejoint la frénésie sauvage de l’animal en couverture. On trouvera la lenteur contenue de « Lions », l’attraction électrique de « Took » et la fanfare aigre-douce de « From You ».

crédit : Ole Westermann
crédit : Ole Westermann

La vie lui a-t-elle joué des tours ? La réponse est oui et heureusement, sinon que resterait-il ? Que des non-dits, des simulations, des mots illusoires ? Les passions attisent et ravivent l’inspiration, et les passionnés aiment leur impact sur la création. William a confiance et veut simplement inverser les rôles. Il est le patient dans le sofa et nous sommes les docteurs qui soignent son esprit.

« Lions » de William Fitzsimmons, sortie le 14 février 2014 chez Groenland Records.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante