Rencontre avec Venera 4

Petit nouveau de la scène du rock psychédélique à la française et précédemment chroniqué dans nos propres pages, Venera 4 est de toute évidence un groupe à suivre et à  découvrir de toute urgence. « Deaf Hearts », leur dernier EP en date, est un pur bijou de shoegaze qui par moment dépasse la musique et les mots afin d’illustrer l’imaginaire propre à ce quatuor intelligent et mélomane. Rencontre.

crédit : Quentin Legallo
crédit : Quentin Legallo
  • Vous avez commencé le groupe il y a de ça combien de temps ? C’est né de la volonté de faire du bruit et de rendre hommage à vos influences ou pas du tout ?

Nous avons commencé à nous envoyer quelques bribes de morceaux durant 2012. Cela s’est concrétisé fin 2012 avec la sortie de nos deux singles, « Seabed Terror » puis « Sun ». Le tout forme notre premier EP.
Nous essayons avant tout de faire la musique qui nous ressemble. Ces assemblages, ces sons, nous sont purement personnels et représentent pour nous notre façon de nous exprimer et de partager. Ça ne rentre en aucun cas dans une quelconque forme d’hommage ou de culte.

  • D’ailleurs quelles sont vos influences ? Il est facile d’imaginer My Bloody Valentine ou Tamaryn, mais à mon avis elles ne sont pas si évidentes…

C’est naturel de vouloir assimiler notre musique à des groupes déjà existants. Néanmoins, ce n’est pas simplement parce que certaines sonorités se rapprochent de MBV, de Tamaryn ou de qui sais-je que cela veut dire qu’ils nous influencent directement. D’ailleurs, à ce propos, MBV et Tamaryn n’ont -selon nous- pas grand-chose à voir.
Pour nous, tout est source d’influence : une exposition, un film, un lieu, simplement se promener ou même des émotions du quotidien peuvent tout autant influer que tel ou tel groupe.
Au-delà de ça, nous sommes aussi quatre personnalités différentes, aux horizons différents et par conséquent, aux influences également différentes. Une chose sur laquelle nous nous entendons par contre tous, c’est que nous nous définissons volontiers enfants de la britpop.

  • Parlez moi un peu de votre nouvel EP « Deaf Hearts ». De quoi ça parle et quel est le thème ou en tout cas quel est le fil conducteur de ces quelques morceaux ?
crédit : Morgane Caux
crédit : Morgane Caux

Le fil conducteur de cet EP est la couleur. Chaque chanson a sa couleur : « Ash & Gray », c’est le gris anthracite, « Blood », le rouge, « Home » l’opale, « Haunted Summer » l’or et « Deaf Heartbeats », une explosion de rouges, de roses et d’oranges.
Cela rejoint d’ailleurs également nos influences artistiques que sont le colorfield painting avec des artistes comme Rothko ou Still. « Deaf Heartbeats » serait, par ce côté explosif, notre chanson Action Painting avec Pollock ou Francis.

  • Vous êtes apparus sur une compilation de l’excellent label Crane Records l’année dernière, Venera 4 est-il désormais signé ?

Depuis cette excellente compile, nous avons rencontré Étienne du label Requiem pour un Twister. C’était en avril. Il nous avait proposé de sortir des vinyles. On était évidemment enchantés par cette perspective et nous avons concrétisé tout cela autour de bières dans notre bar préféré.
Nous travaillons donc désormais avec lui. Nous avons déjà sorti un premier 7 pouces, avec « Seabed Terror » et « Sun » (extraits de notre premier EP), et notre second EP « Deaf Hearts » en 12 pouces.

crédit : Quentin Legallo
crédit : Quentin Legallo
  • La presse spécialisée aime bien parler actuellement d’une nouvelle scène française ? Vous vous sentez appartenir à cela ?

Peut-être que le fait d’être un groupe jeune (car au final, nous avons à peine un an d’âge) et français nous donne le droit d’appartenir à cette scène. Aujourd’hui, il y a une nouvelle scène, hier il y en avait une, demain il y en aura une autre et après demain aussi. Mais en tout cas, nous n’avons pas forcément l’impression qu’il y ait davantage de bruit, d’ébullition ou de groupes qu’il y a quelques années.
De notre côté, nous cherchons juste à poursuivre notre bonhomme de chemin sans nous préoccuper de ce qui marche aujourd’hui et de ce qui ne marchera plus demain.

  • Quels sont vos plans pour l’avenir ?

Nous avons d’ores et déjà commencé à travailler sur notre premier LP que nous sortirons courant 2014. D’ici là, nous préparons quelques surprises avant la fin de l’année et vraisemblablement avant cette prochaine sortie.

  • Pour finir, quel album de 2013 nous conseillez-vous d’écouter ?

« Dimly Lit » de Neils Children.

Neils Children - Dimly Lit

On a été surpris par leur dernier album qui a été le symbole d’un virage musical. On écoutait déjà les Neils Children dans les années 2000 et on se souvient particulièrement de « X.Enc ». On connaissant leur côté punk, transperçant, voire violent. « Dimly Lit » n’est pas tout le contraire, on reconnait leur ADN mais tout est plus romancé. C’est très féminin, sombre et lumineux à la fois. On adore aussi le songwriting british, la complexité qu’ils arrivent à créer.

facebook.com/venera4band
venera4band.bandcamp.com

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique