Rencontre avec Fernando Ladeiro-Marques

À près d’une semaine du lancement de la 4e édition du MaMA, indiemusic a proposé à son directeur, Fernando Ladeiro-Marques, de nous présenter l’événement, orienté à la fois vers les professionnels de la musique par le biais de conférences et de meetings en journée, et à la fois vers le grand public par le biais de concerts en soirée.

Mama 2013

  • Le MaMA fête cette année sa quatrième édition. Pouvez-vous revenir sur la création et l’évolution du MaMA ?

Dans le domaine de la musique, la France est un marché important, le 5e dans le Monde. Mais, curieusement, il n’y avait pas d’événement de ce type, qui permettait de réunir l’ensemble de la filière : le côté culturel et son pendant économique, le disque et la scène, mais aussi les acteurs français et internationaux. Nous pressentions qu’il y avait un besoin, un vide à remplir et nous avons décidé de lancer cet événement à Bourges en 2009. Il s’agissait d’un numéro zéro, de la préfiguration de ce qui allait devenir le MaMA. Cette expérience ayant été très positive (nous avions accueilli près de 1500 professionnels), nous avons décidé de nous installer à Paris dès l’année suivante pour assurer le développement de notre événement. Le besoin d’un événement de ce type conjugué avec l’attractivité de Paris et la configuration même du quartier dans lequel se déroule le MaMA (Pigalle et Montmartre) ont permis un succès rapide et ont affirmé notre positionnement international.

  • Quel est d’ailleurs le sens de cette abréviation ?

MaMA signifie Marché des Musiques Actuelles.

  • Avez-vous une idée précise aujourd’hui du nombre de visiteurs attendus sur ces trois jours ? Quelle part les professionnels représentent-ils sur cet événement vis-à-vis du public en général ?
crédit : JPR
crédit : JPR

Nous sentons qu’il y aura sans doute plus de professionnels cette année. Le MaMA est aujourd’hui un événement international réputé dans le domaine des rencontres professionnelles. Nous avons d’ailleurs reçu le prix international du «best networking event » en 2012. Il y a donc de fortes chances que le chiffre de 3000 professionnels présents en 2012 (dont un tiers étaient étrangers) soit dépassé cette année.

Quant au public qui a accès aux concerts, son nombre est limité par notre modèle économique. Nous ne mettons en vente que 50% de la capacité de chaque salle afin de permettre aux professionnels d’assister à de nombreux concerts et à découvrir de nombreux artistes.

Nous pouvons néanmoins penser qu’il y aura approximativement 8 à 9 000 personnes (public) sur le MaMA (dont 2 000 participent aux concerts gratuits du « Live in Montmartre »).

  • Paris est-elle la seule ville où se déroule le MaMA ou le MaMA bénéficie-t-il d’un réseau international comme c’est par exemple le cas pour les conférences TED ? Y a-t-il sinon un désir au niveau de l’équipe organisatrice de l’événement de délocaliser le MaMA dans d’autres grandes villes ?

Le MaMA est un événement exclusivement parisien qui a pour but de mettre en avant le marché français et de favoriser l’exportation de nos artistes. Ce n’est pas une « franchise ». En revanche, il existe dans de nombreux autres pays des événements identiques, avec lesquels nous sommes souvent en partenariat : le South by South West d’Austin (USA), le Liverpool Sound City (Angleterre), le Spot (Danemark), le Reeperbahn (Allemagne), Eurosonic (Pays-Bas) et encore bien d’autres…

crédit : Augustin Détienne
crédit : Augustin Détienne
  • Au delà de son installation au sein de la capitale française, le MaMA a pour vocation de faire venir des acteurs du milieu musical de part et d’autre du monde. Quelle est selon vous la singularité d’un tel événement en comparaison de ce qui se fait à l’étranger ?

Notre singularité, comme je le disais précédemment, c’est le marché français ! C’est aussi le fait de permettre aux professionnels étrangers de découvrir les nombreuses et magnifiques salles de spectacle que nous utilisons lors du MaMA. Il est assez rare de pouvoir bénéficier d’une telle infrastructure (Cigale, Divan du Monde, Trianon, Trois Baudets avec, en plus cette année, le Louxor…) dans un périmètre aussi restreint qui permet d’aller d’un lieu à un autre sans avoir à utiliser les transports en commun.

  • Si je comprends bien, le MaMA se différencie des festivals dits « classiques » par sa double orientation : d’un côté tourné vers le grand public à travers les concerts en soirée, et d’un autre tourné vers les professionnels du secteur de la musique voire de l’image, à travers des événements qui leur sont réservés. C’est bien cela ?

C’est exactement cela ! Nous sommes perçus comme un lieu de rendez-vous et d’échanges par la profession et comme un festival urbain par le public.

  • Le MaMA se déroule non pas sur deux, mais trois jours cette année, c’est une première pour l’événement ? Comment en êtes-vous venus à cette décision et qu’est-ce que cela apporte au déroulement des différentes journées ?

Nous y pensions depuis 2011 et c’était une demande qui revenait souvent de la part des professionnels. Ceux-ci avaient le sentiment que notre contenu était très dense, très riche et qu’il était frustrant de ne pas avoir accès à l’ensemble de nos activités, faute de temps. Nous avons donc décidé d’ajouter une troisième journée cette année, mais nous ajouterons également du contenu…

  • Parlons d’abord des conférences en journée du MaMA. Quels seront les grands temps forts de cette édition 2013 ?
crédit : JPR
crédit : JPR

De nombreux débats se déroulent au Trianon, où il y aura aussi de multiples activités de networking (speed-meeting, déjeuners thématiques, apéros pros, ateliers …) permettant aux professionnels de se rencontrer. D’autres débats et ateliers auront lieu au Centre Barbara et au Louxor.

  • Pouvez-vous me parler des lieux labélisés « Live in Montmartre » ?

Le « Live in Montmartre » est une déambulation que nous proposons au public et aux professionnels dans divers lieux atypiques de Montmartre et de Pigalle (bars, théâtres, galeries d’art…). Il s’agit toujours de la programmation du MaMA, mais ces concerts sont gratuits.

Peter Kernel / crédit : Emma Charrin
Peter Kernel | crédit : Emma Charrin
  • 100 concerts en 3 jours, c’est un sacré programme ! Réunir tous ces artistes, c’était une manière pour vous de défendre l’éclectisme de la musique actuelle ?

D’un côté, notre « mission » est avant tout d’offrir à des artistes français ayant un potentiel à l’export une grande visibilité grâce à la présence de très nombreux professionnels internationaux (programmateurs de salles et de festivals, tourneurs, labels…).

D’un autre côté, nous permettons également à des artistes internationaux, ayant déjà une certaine notoriété dans leurs pays respectifs de pénétrer le marché français pour y présenter leur musique, un nouvel album ou un nouveau spectacle.

  • Le MaMA se déroule du mercredi 16 au vendredi 18 octobre. Pourquoi avoir fait le choix d’un événement en semaine plutôt qu’en week-end ?

Le MaMA étant largement fréquenté par des professionnels, il nous paraissait logique de l’organiser pendant la semaine. En effet,  pour ces professionnels, le MaMA fait partie de leur travail.

The Aerial | crédit : Hervé All
The Aerial | crédit : Hervé All
  • Les accréditations professionnelles sont de 135 euros pour les 3 jours. Des tarifs spéciaux sont-ils prévus ?

Nous avons des tarifs réduits pour les étudiants et les lycéens, mais uniquement sur les concerts puisque les conférences sont réservées aux professionnels. Nous avons également un tarif préférentiel pour les professionnels (95 euros au lieu de 135 euros) qui achètent leurs accréditations par le biais de structures, françaises ou internationales, partenaires du MaMA (il y en a de nombreuses et on peut les trouver sur notre site web).

  • Des opérations de « speed meeting » permettant de faire rencontrer les intermittents, les personnes à la recherche d’un emploi et les artistes désirant se produire avec des professionnels sont-elles au programme ?

Non, ce n’est pas vraiment le rôle du MaMA. Il faudrait proposer ces speed-meeting à Pôle Emploi.

  • Pour conclure cette entrevue, pourriez-vous me résumer en quelques mots l’esprit du MaMA ?

Si je voulais résumer l’esprit du MaMA en quelques mots, je pourrais dire qu’il s’agit d’un événement à dimension humaine qui vise à faciliter les échanges, culturels et commerciaux, sans oublier un point très important : la convivialité !

General Elektriks | crédit : Emma Charrin
General Elektriks | crédit : Emma Charrin
  • Merci beaucoup Fernando et à très bientôt pour cette, j’en suis sûr, très belle édition 2013 du MaMA !

facebook.com/mamaevent.paris
twitter.com/mamaevent

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques