Rencontre avec Granville

Pour indiemusic, l’aventure Fnac Live s’est ouverte par une rencontre avec le groupe caennais Granville, dans un canapé de velours rouge. Image classe d’une après-midi d’interview. Le trio s’est raconté, s’est échappé du carcan des références que les médias aiment entretenir. Voilà ce qu’ils nous ont dit. Magnéto.

Granville
crédit : Charlène Biju
  • Si j’ai bien suivi l’aventure Granville, ça commence en 2011 avec une histoire de colocataires. En 2012, il y a un concert à Rock en Scène. Et là, début 2013, un premier album. Tout va bien pour vous ?

Sofian : Tout va bien !

  • Ça ne va pas trop vite ?

Sofian : Ça va vite, trop je ne sais pas. En tout cas, pour nous, c’est l’histoire que l’on a vécue, on n’en a pas vécu d’autres. Du coup on ne sait pas ce qu’est la rapidité. C’est notre histoire, elle a été rapide comme ça, intense même. Plutôt que trop rapide, c’est intense !

Granville
crédit : Charlène Biju
  • Vous venez de Caen, vous êtes une preuve de plus qu’on n’est pas obligé de passer par Paris, pour faire sa place dans la musique…

Sofian : C’est de plus en plus vrai pour pas mal de groupes. Il n’est plus nécessaire d’être sur Paris, avec les histoires d’internet. On  le voit avec toute la nouvelle scène pop française, de La Femme, Lescop, Aline, nous et j’en passe, il n’y en a pas un qui vient de Paris de base. Même Mustang, qui était le premier, est de Clermont. Du coup, ce n’est plus centralisé sur Paris, on peut venir d’ailleurs pour sortir de son trou. Et à Caen, depuis qu’Orelsan et Concrete Knives ont réussi à faire parler d’eux, il y a un coup de projecteur sur notre ville, et nous, groupe caennais, on en bénéficie.

  • Et depuis 2011 à la sortie de votre album, comment cela s’est-il passé ?

Mélissa : En fait, le premier mois, on a composé une trentaine de chansons, mais on ne comptait pas, on n’avait pas l’intention de sortir du salon d’Arthur et de Sofian… Et on a rencontré notre manager, qui nous a fait rencontrer du monde et ainsi on a enregistré notre album à La Chapelle-Souëf, dans l’Orne, au studio du Hameau. On l’a enregistré live parce qu’on imaginait un son brut comme en concert et qu’il n’y a que comme ça qu’on arrivait à se sentir à l’aise dans la manière d’enregistrer. Et voilà, il est sorti le 4 février 2013.

Granville
crédit : Charlène Biju
  • Vous le dîtes, vous êtes très inspirés des Sixties, notamment des yéyés en France. Alors puisque c’est ce qui les caractérisait, dites-nous tout ; comment écrit-on un tube ?

Sofian : Comment on écrit un tube ? Je ne sais même pas si on écrit des tubes ! (rire) On écrit des chansons. Nous, quand on écrit des chansons, c’est de façon très spontanée. Le principe de base dans Granville c’est que, en tout cas pour le texte, si on bûche trop dessus, si on met plus d’une heure à écrire un texte, c’est qu’il n’est pas évident et qu’il ne nous ressemble pas forcément, qu’on a beaucoup trop réfléchi pour le faire. C’est pas bon.
Notre manière de composer réside dans la spontanéité et dans la sincérité de l’instant et on ne veut pas se prendre la tête, on ne veut pas réfléchir justement en se disant « il faut écrire un tube ». Il faut juste écrire une chanson et elle aura l’histoire qu’elle aura. Si elle a été écrite sans souffrance, c’est que c’est une chanson qui nous ressemble ; c’est une bonne chanson, en tout cas pour nous.

Granville
crédit : Charlène Biju
  • Vous prenez comme principale référence, Françoise Hardy, qui était à l’époque une des seules femmes qui écrivait elle-même ses textes, du coup le texte est pour vous aussi la chose primordiale d’une chanson ?

Sofian : On écrit la majorité des textes ensemble. Pour nous, faire de la musique nécessite de la création, donc oui c’est forcément important que ça soit pour le texte comme pour la composition. On n’a jamais fait de reprises, ou en tout cas, on n’a jamais commencé par des reprises. On a tout de suite composé et écrit. Avec Mélissa, on avait une trentaine de chansons au bout d’un mois, un mois et demi. C’était forcément naturel de passer à l’étape création et non à celle de la reprise, tout en s’inspirant de morceaux qui existent déjà. On a une oreille habituée à des sonorités, c’est pour ça qu’on préfère parler d’inspirations que d’influences. On a eu des professeurs en écoutant des disques, maintenant on reproduit les choses de cette façon-là et  ça se rapproche de choses qui ont existé, on nous met à côté d’artistes qu’on aime bien et c’est plutôt cool.

  • Pour ce qui est de la scène, comment ça se passe un concert de Granville ?

Mélissa : On tient à créer notre concert. À être nous-mêmes. Il ne sera jamais pareil deux soirs de suite parce qu’on tient vraiment à être spontanés dans cet instant-là. On apprend au fur et à mesure des dates.

Granville
crédit : Charlène Biju
  • Quand vous composez votre album, la scène reste une finalité ?

Sofian : Oui carrément. Ça a été un rêve d’enregistrer et de sortir un album et de pouvoir le défendre sur scène c’est la continuité de la chose. Du coup, on ne pouvait pas imaginer sortir un album sans pouvoir le défendre devant un public. C’est normal, on fait de la musique et on a envie de la partager avec des gens qui l’écoutent ou la faire découvrir, comme ce soir à la Fnac Live, car on sait qu’il n’y aura pas la majorité des personnes qui nous connaissent.

  • D’ailleurs, si vous deviez partager votre scène avec un artiste présent ce soir, quel serait votre choix ?

Sofian : Moi je dirais Oxmo Puccino.

Mélissa : Superpoze aussi.

Sofian : Ouais, mais il est là dimanche. Superpoze c’est un super pote à nous. Concrete Knives aussi. Ouais, il y a trois artistes caennais sur ce festival.

Granville
crédit : Charlène Biju
  • La suite de l’aventure pour vous, ça va se passer comment ?

Sofian : Une tournée d’été, puis on reprendra fin septembre pour l’automne et on partira jusqu’à l’été suivant et plus si affinité. Là, on compose déjà le regard tourné vers le large. On espère avancer et défendre l’album aussi longtemps qu’il le faudra. Puis on repartira…

  • Tu parles du « large », vous avez chanté Jersey, l’étranger c’est quelque chose qui vous tente ?

Mélissa : On est parti à Montréal, et on a une grande, grande envie de voyager.

Sofian : Et on a fait, aussi, un petit tour en Allemagne et ça nous donne envie de découvrir d’autres pays, de retourner dans ces pays-là, de pouvoir voir l’Angleterre et les USA aussi.

Mélissa : De pouvoir défendre le français aussi sur d’autres scènes, dans d’autres pays, c’est une énorme chance.

  • Vous restez donc très attachés à la langue française ?

Sofian : Nous on se dit qu’on a tous la même culture pop qui est anglo-saxonne de base et que la seule chose qu’on peut apporter à cette scène-là, à cette culture-là, c’est notre propre culture française. Oui, on tient beaucoup à le faire en français. La langue française dans notre musique c’est quelque chose de très important pour nous, ce n’est que pour enrichir le spectre de la pop internationale.

  • Chez indiemusic, on aime bien faire découvrir des groupes, alors si vous avez des noms à nous balancer, on est preneur…

Mélissa : Tennis…

Sofian : Non, mais toi, ça serait plutôt Wardell.

Mélissa : Ah oui ! Wardell !

Sofian : Et toi Arthur, ça serait qui ?

Arthur : Euh, faire découvrir des groupes… si Shelley Short.

Sofian: Moi, j’aime bien Dalton Darko & The Sorry Sorrys.

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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes