Rencontre avec Lisa Leblanc

C’est lors d’un après-midi chaud, précédent son concert sur le parvis de l’Hôtel de Ville, qu’indiemusic est parti à la rencontre de Lisa Leblanc. Échanger avec elle, c’est une vague de bonheur. C’est des rires. C’est une envie de faire de la musique avec joie. C’est aussi la découverte d’une autre culture à travers les mots et les accents. Lisa Leblanc était contente d’être là, indiemusic aussi. Transcription d’un échange débordant de bonne humeur.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Ton album est sorti il y a quelques mois en France, auparavant au Québec. Tu as eu plein de récompenses. Alors, dis-nous tout, comment ça se passe cette aventure ?

Ouais, j’ai eu ça. J’ai eu plein de récompenses. C’est fun. Ça va super bien, je m’attendais pas à ça. Je n’avais jamais attendu qu’il vive autant cet album-là et je suis contente. C’est vrai c’est très drôle de le faire revivre par ici parce que nous ça fait déjà un an et demi qu’on roule dessus et qu’on chante ces chansons-là assez souvent, merci. Et de recommencer ici, t’sais, c’est quand même drôle, ça lui redonne une nouvelle vie. Et puis les gens sont contents de le découvrir, c’est vraiment une nouvelle façon de voir l’album. Je trouve ça vraiment intéressant. C’est cool et puis de voir un nouveau public aussi en show. Alors oui je suis très contente de ce qui arrive là.

  • Justement, pour nous, jeunes Français, le Québec c’est un peu une contrée exotique. Tu la sens dans le public cette curiosité ?

En fait, je ne viens pas du Québec, je viens du Nouveau-Brunswick, qui est la province à l’Est du Québec. Du coup, je suis acadienne. Avec ces différentes cultures, déjà moi, arriver au Québec c’était exotique. Alors, arriver ici, c’est doublement exotique parce que personne ne connaît l’Acadie, personne ne connaît le Nouveau-Brunswick. Là, c’est complètement une autre affaire, mais oui c’est sûr, les réactions sont différentes, car oui il faut que j’explique d’où je viens, c’est quoi ça, ça mange quoi en hiver, c’est quoi les chansons, traduire un peu, expliquer, mais je trouve ça fun. Les gens ne comprennent pas nécessairement, alors il faut que j’explique, mais en même temps c’est cool pas forcément de promouvoir la culture acadienne, mais de dire « ça existe, c’est le chiac, mon dialecte, un mélange entre l’anglais et le français ».

  • Comme tu parles de l’anglais et du français, musicalement tu as cette double culture anglophone  et francophone ?

Oui, beaucoup. Comme je disais, vu que nous on avait une différente culture du Québec, on avait vraiment les trucs locaux qui se passaient en Acadie, du côté francophone. C’est tout ce qu’on connaissait de musique francophone. C’était beaucoup de bluegrass, beaucoup de country, puis aussi beaucoup de musiques folkloriques acadiennes. Mais aussi beaucoup d’influences américaines, anglophones. Surtout, pour moi, ce qui était les années 60, 70, t’sais, tous les classiques rock. Le mélange de tout ça a fait mes influences.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Pour ma part, quand on me parle musique québécoise j’ai un peu peur. On a beaucoup trop entendu Natacha St Pierre, Garou. Mais du coup, actuellement tu sens qu’il y a un nouveau souffle sur la scène québécoise?

Il y a un nouveau souffle immense qui se passe au Québec, au Nouveau-Brunswick aussi. Il y a des trucs extraordinaires qui sont en train d’arriver. Il y a de bons bands qui sont en train de sortir, qui font vraiment du stuck là, complètement unique, complètement différent, qui sont vraiment francophones. Chose très cool qui arrive au Québec. Les bands francophones sont vraiment en train d’écrire en français et de faire vraiment des bons trucs. Alors oui, il y a vraiment une belle vague depuis deux ou trois ans, il y a vraiment des nouveaux albums de fous qui sont sortis. Et puis c’est cool car il y en a qui s’exportent ici, on entend un mini peu parler, mais pas tant. J’espère qu’il y aura une belle voie pour ça, l’année prochaine.

  • D’ailleurs, on a vu Canailles en concert,  il n’y a pas longtemps…

Ahhh oui ! Canailles ! C’est de bons amis. Bernard Adamus aussi, t’en as sûrement entendu parler. Toute cet gang-là, on se met souvent ensemble. Ils sont supers bons, Canailles je les aime beaucoup et puis toute cette vague-là de folk un peu crassou, folk trash. Oui, il y a vraiment de bons bands.

  • Ce soir, tu joues sur la scène de la Fnac Live. Quand tu écris ton album, le live est une finalité ?

En fait, j’ai surtout fait l’album parce que j’avais besoin de quelque chose à donner aux personnes qui venaient aux shows. J’ai fait des shows pendant longtemps avant de faire cet album-là, et en même temps je voulais vraiment prendre mon temps avant  qu’il soit sorti. Puis justement, ça nous a permis de roder les chansons en studio, on savait en fin de compte où l’on voulait s’en aller, parce que ça avait déjà beaucoup vécu en live avant. Puis, je suis vraiment très contente d’avoir fait tout ça parce que l’album il est sorti, et du coup, ça a quand même explosé au Québec pour nous autres. Au moins, on avait déjà fait des shows, on était déjà prêt. Ça, ça a été cool. Je suis vraiment une fille du live. Je suis moins une fille de studio. J’aime beaucoup être sur la scène, j’aime le monde, j’aime aller chercher le monde, j’aime jaser avec vous autres. J’aime cette énergie-là, il y a vraiment une magie qui se passe sur une scène.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Du coup, tu n’as pas envisagé d’enregistrer un album de tes concerts ?

Vu que je n’ai qu’un album, je n’ai pas vraiment… Mais peut-être qu’un moment donné, sûrement en fait. Mais il faut quand même que j’ai plus d’albums sur la ceinture, car j’en ai juste un. T’sais faire un album live de mon un album, c’est comme rac et espérer que passe à autre chose. Mais ouais, j’aimerai ça.

  • On ne t’a pas encore vu en live, alors dis nous ce que ça donne sur scène Lisa Leblanc.

En fait, on est trois. J’ai un banjo, mais on joue avec beaucoup d’énergie, un peu s’tu veux, un peu fort. C’est quand même un show avec énormément d’énergie et qui bûche, c’est très rock. Je pense que c’est ce que ça va avoir l’air.

  • Et si tu devais pour ce concert, partager la scène avec un des artistes présents ce soir, tu choisirais qui ?

En fait, c’est niaiseux, mais comme je ne viens pas d’ici, il y a énormément d’artistes que je ne connais pas en fait. Je me sens vraiment inculte quand je regarde le poster. « Vraiment Lisa, il faut ptêt que tu fasses ta recherche ». C’est juste que ça n’a pas passé l’autre bord, ou alors je suis jeune et que ça ne fait pas très longtemps que je m’intéresse à ce qui se passe par ici. Alors oui, j’ai vraiment beaucoup de trucs à apprendre, à m’informer, à écouter. C’est sûr que j’ai vraiment beaucoup de découvertes à faire. Je connais pas encore assez pour te dire « ah cette personne-là, je l’aime absolument ». Mais je travaille là-dessus !

  • Jouer ton show autre part que dans les pays francophones, c’est un truc qui t’intéresse ?

J’aime beaucoup ça en fait. Je me rappelle, l’année passée, on était allé jouer en Allemagne, pour des allemands et c’était très drôle. On avait vraiment tripé. L’année prochaine on veut faire une tournée canadienne, dans les parties francophones et dans les parties anglophones et aussi les États-Unis. Car pour moi, c’est un trip et puis j’adore la culture du Sud-Américain : la Louisiane, le Texas, Austin. J’arrive d’un road trip  de là-bas. J’ai découvert ça ; le Mississippi, le Tennessee, Nashville, Memphis, New-Orleans. Juste y retourner, j’aimerai vraiment ça, faire des shows là-bas. On y allé quelques fois, mais j’aimerai faire une vraie de vraie tournée. C’est quelque chose qui me tente beaucoup. Même si c’est francophone, il y a quelque chose de fun pareil à faire. Ça me fait beaucoup penser à ici en fait, c’est très drôle. Il faut que j’explique mes chansons, ça se ressemble au bout du compte.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Comme on a le droit à une dernière question, chez indiemusic, on aime énormément les découvertes, alors si tu devais nous aider, tu nous ferais découvrir quel groupe ?

Il y en a tellement, mais je vais dire Karkwa, que ça fait quand même un bout qu’il existe. C’est Louis-Jean Cormier qui a réalisé mon album. Louis-Jean, c’est le chanteur du band, il a un projet solo en ce moment qui est super, vraiment écœurant, vraiment. Et Karwa le dernier album, Les Chemins de Verre, c’est pour moi, un de mes albums québécois préférés.

  • Merci beaucoup Lisa, à ce soir.

Merci à vous, à ce tantôt pour le show !

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lisaleblanc.ca

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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes