Rencontre avec Fred Woods

Jeune talent canadien, Fred Woods dévoilait l’hiver dernier un premier album mystérieux et profond jusque dans son chant. Afin d’en savoir davantage sur ce projet, j’ai proposé à Fred une interview faisant suite à sa tournée européenne. Rencontre.

Fred Woods
crédit photo : Janek Barb
  • Bonjour Fred Woods, ton premier album « Documenta » sortait en janvier dernier. Je suis curieux de connaitre son origine. Peux-tu m’en dire plus ?

J’ai commencé à l’enregistrer en août 2011 avec l’intention de le finir en 4 jours. Je l’ai terminé un an plus tard ! Les morceaux se retrouvant sur l’album sont un mélange de vieilles et nouvelles compositions. Certaines d’entres elles ont été écrites quand j’avais 19 ans.

  • Comme l’a dit avant moi Benjamin lors de la chronique de cet album, ton univers est « sombre et aérien à la fois », « grave et séduisant ». Ce contraste fait d’ailleurs tout le charme de ce disque, quand on écoute le très doux et lumineux « It Was The Sky », le mystérieux et perdu « Come Out » et le nostalgique « Schools ». Comment vois-tu ces nuances au sein de tes compositions, à travers tes propres sens ?

Je ne les vois pas vraiment. J’ai un faible pour les mélodies mélancoliques, ça c’est sûr. Mais quand j’écris une pièce, je ne pense à rien du tout. J’essaie de faire le vide complètement et de voir quelle idée va germer en premier . Plusieurs autres pièces ont été écrites pour Documenta mais seulement celles qui « collaient » avec les autres ont été retenues. Je vois quand même les nuances, par contre j’ai de la difficulté à mettre une émotion bien précise pour les décrire comme vous l’avez fait.

  • Et il se dégage parallèlement à ces contrastes une ligne directrice, celle de ta voix : sombre et profonde comme des abysses sans fin. J’aimerais savoir quelle perception intérieure tu as de ton expression vocale.

Chanter c’est la chose que je préfère ! C’est aussi ce que je trouve le plus difficile. S’entendre chanter, c’est quelque chose de bizarre. J’y suis pas encore habitué. Je n’ai jamais pris de cours de chant donc chaque jour je ne sais pas ce que ça va donner ! Mais je ne trouve pas ma voix si sombre que ça haha, au contraire je la trouve parfois trop légère pour ce que je veux transmettre.

  • Y’a-t-il un titre sur ce premier album qui serait à même de contenir l’esprit de « Documenta » ou vois tu chaque titre comme une composante essentielle de ce disque ?

C’est réellement un tout. J’ai travaillé très fort pour qu’il y ait une cohérence du début jusqu’à la fin. Il y des morceaux que je préfère comme Red et The Pond. Ils ont tout les éléments du disque : lenteur, minimalisme et répétition.

  • Tu reviens d’une tournée européenne. Quels souvenirs en gardes-tu ? Et quelles ont été les rencontres qui t’ont marqué durant ce périple de quelques jours ?

C’était génial, j’adore l’Europe ! Ça m’a toujours fasciné, le mode vie, le paysage, la culture . C’est tellement différent de chez nous. Ça me fait du bien à chaque fois quand je viens ici.
J’ai rencontré plein de gens très intéressants. J’ai aussi découvert que le public berlinois est extrêmement respectueux.

  • Au sujet de ta tournée, étant passée par Paris, la capitale française est-elle une ville susceptible de t’inspirer ?

C’est une ville intéressante, j’imagine qu’on peut dire qu’elle m’a inspiré puisque j’ai composé quelques pièces pendant mon séjour en Europe mais je ne peux pas dire que c’est directement inspiré d’elle. La France est un pays magnifique, très diversifié et surprenant.

  • En parallèle, Montréal fait-elle partie des villes qui t’amènent vers des sujets d’écritures ?

Indirectement, je crois que oui parce je suis pas mal influencé par mon environnement. Par contre, l’endroit où je suis n’a pas tellement d’importance, je trouve toujours de l’inspiration. Je pourrais écrire n’importe où sans problème. Même un mur blanc peut être intéressant je crois.

  • Sur scène, tu t’entoures de François et d’Alexis. Fred Woods est-il à considérer comme un projet solo ou comme un groupe à trois musiciens ?

C’est un projet solo. Les chansons sont très personnelles. Elles n’expriment que ma vision. Je ne voudrais en aucun cas l’imposer aux autres. Ceci étant dit, Alexis et François sont mes amis les plus proches. Ils m’ont énormément aidé et guidé à travers la composition et l’enregistrement du disque. Ils sont les deux meilleurs musiciens que je connaisse et je leur fais totalement confiance. Sur scène, c’est une autre histoire. Je crois que nous formons un groupe uni, du moins je l’espère.

  • Revenons à Documenta qui a été enregistré à la fois en studio et dans ton appartement. Qu’est ce que le studio et ton appartement t’ont apporté de différents, que tu n’aies pas eu dans l’un ou l’autre, sans l’un ou l’autre sur cet album ?

Généralement, quand je suis en studio, on est plusieurs. Quand j’enregistre chez moi, je suis seul la plupart du temps. La solitude est très importante pour moi dans la composition et l’enregistrement. Ça m’aide a voir les choses plus clairement. J’ai souvent de la difficulté à mettre en mots ce que je veux faire. Le moyen le plus facile pour y arriver est souvent de le faire moi-même. Ça ne fonctionne pas à tous les coups par contre !

  • Concernant toujours l’album, la pochette est en noir et blanc tout comme le clip de « Schools ». La nuit, l’obscurité est-elle une source de créativité, une ouverture vers l’imaginaire pour toi ?

Honnêtement, ma vision esthétique de Documenta ne s’est précisée qu’à la toute fin de l’enregistrement. J’avais envie d’un album noir et blanc par contre avec un penchant pour la lumière plutôt que l’obscurité. Je vois Documenta comme un film noir et blanc filmé en plein jour avec comme seule source de lumière, la lumière naturelle.

Documenta - Fred Woods

  • Dernière question, penses-tu ou as-tu matière à écrire un second album à l’heure actuelle ?

Le prochain album est en train d’être écrit en ce moment même. Beaucoup d’idées, je ne sais pas encore où tout ça s’en va !

  • Merci beaucoup Fred Woods et à bientôt !

Merci à vous !

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques