Moïse The Dude – The Dude vol.1

Je n’ai pas vu The Big Lebowsky. Je devrais sûrement le faire. En attendant, je suis allée lire par ci et par là, ce qu’on racontait à propos de ce film, signé par les Frères Cohen. Des mots reviennent. Faignant. Bowling. Coolitude. De quoi espérer une atmosphère des plus nonchalantes. Moïse s’en est inspiré pour son nouveau projet. Alors qu’en est-il de son EP sorti début mai ?

Moise The Dude - The Dude Vol.1

Moïse ou Moïse The Dude, appelez-le comme vous voulez. Il s’en fiche. Si vous y voyez un plagiat de Devin The Dude, vous avez raison. Moïse le dit et l’assume, son nom vient de là. Mais au final, ce qui importe, c’est son rap. Après Bhale Bacce, son aventure avec Cosmar, il revient en solo, avec un EP de 7 titres : The Dude Vol.1. Et là, sa multitude de références fait qu’il nous sert son propre rap. Sans plagiat.

EP concept autour du Big Lebowsky. Début. « Sixtine intro » et le ton est donné. Moïse pose ses marques et ses conditions, à coup d’un égotrip tranchant et « je-m’en-foutiste ». Une prod posée de Mr Blonde, mais terriblement conquérante. À l’image du clip, bande-son insolente. On se voit à marcher seul, au milieu de la route. Une clope dans la main et le majeur en l’air.

Moïse The Dude balance sa plume incisive sur un flow nonchalant. Voilà le paradoxe. Voilà le point d’équilibre. Arrêt sur image. Égotrip jouissif. Et si « faire l’amour à ce jeu » devenait « faire l’amour à ce je » ! Face à tous les autres, Moïse s’aime. Cosmar l’accompagne sur ce titre. De quoi tenter les chœurs, et un refrain faussement chanté. Moïse tacle ses camarades, ou pas, rappeurs à coup d’humour narcissique.

Moise The Dude

« The Dude » piste éponyme et clairement inscrite dans le film. Hymne à la fainéantise. Mot d’ordre : fais ce qui te plaît et emmerde les autres. The Dude se pose en roi de la coolitude. Et on l’envie presque. Voire complètement.
S’en suit, « Nihilliste ». Par définition, négation des valeurs morales et sociales ainsi que de leur hiérarchie. Définition parmi tant d’autres. Mais ici, Moïse se fait radical et tire à balles textuelles sur cette culture de masse, et à mille lieues de son rap, sans prise de tête. Que Lebowsky l’en préserve.

L’EP se déroule de la sorte. Pimenté de clashs. Passages empruntés au film et bruit de quilles articulent les prods. Des prods toutes inscrites dans cette cadence, qui semble faire un pied de nez, à toute l’urgence sociétale. Pour cause, le rappeur a gardé son regard sur la société qui roule à toute vitesse dans le mur. Moïse se pose et fait des bouchons. Il prend son temps de coudre un projet des plus surprenants et magnétisants. Une fois entré dans l’histoire, difficile de s’en sortir sans avoir l’envie d’aller se poser sur un transat un verre de Russe blanc dans la main.

« Russe blanc » alcoolisé, si ce n’est pas psychédélique. Une prod enivrante aux touches Game Boy. En patron mafieux – en peignoir aussi – Moïse s’installe de plus en plus, dans son flow accusateur mais tellement ivre d’impertinence. Un fuck, une montre bling-bling au poignet. Tout le contraste en est tellement efficace. Le titre a été mis en image. L’accompagnent les clichés, qui font l’histoire du rap, boobs à tous va ! On prend notre pied dans ce rap dépoussiérant qui flirte avec la hype ! Sûr qu’ici, celui qui ne voit pas les différents degrés, se prend les pieds dans le tapis et s’écrasera la face au sol. Sûr que Big Lebowsky le regardera du coin de l’œil aussi. Orgasmique.

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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes