Rencontre avec Émilie Plaitin

C’est au fil de nombreuses échappées à travers la toile que je fis la découverte d’Émilie Plaitin. Cette jeune belge devenue parisienne impressionne par son univers musical et visuel dont l’individualité se dégage de chaque note et de chaque image. Je vous propose le récit d’une rencontre avec une artiste accomplie qui n’attend qu’à être écoutée autant que faire se peut.

Emilie Plaitin
crédit : Mathilde Marc
  • Bonjour Émilie, peux-tu nous parler un peu de ton projet musical, quand as-tu commencé ? Comment celui-ci a-t-il évolué au fil du temps ?

J’ai commencé l’écriture du projet il y a plus ou moins deux ans. Après la lecture de Fragments, le recueil de poèmes de Marilyn Monroe. J’ai lu ses textes et moi qui ne m’intéressait pas du tout à Marilyn, j’y ai découvert quelqu’un de vraiment sensible, d’intelligent, en recherche… Ces mots ont fait échos en moi. J’ai commencé à écrire une série de textes que j’ai essayé de rendre le plus musical possible. Je n’ai jamais voulu faire apparaitre clairement la figure de Marilyn. J’avais le souhait que l’on puisse la voir apparaitre ou non. Selon son envie, selon sa mémoire et sa propre histoire.

  • Stylistiquement, ta musique vit au sein d’un univers très particulier où la chanson chantée en français n’est pas très représentée… Où situerais-tu ton genre musical s’il fallait le mettre dans une case ? Personnellement, je placerais tes chansons quelque part entre l’ambiant et la chanson, voir le spoken word en fait.

Oui, ce n’est pas mal. Tu vises bien, puis j’aime bien que tu ne dises pas chanson « française »… Non pas que je n’aime pas, mais maintenant il y a tant de choses qui sont regroupées sous ce terme. Quant à moi je dis que c’est entre la chanson et l’électro pop à la dérive. C’est compliqué pour le rangement à la Fnac. Tout cela a été fait de façon tellement expérimentale. J’ai posé des voix à l’instinct.

  • Comment s’est fait le choix de chanter dans la langue de Molière ? Était-ce évident ou plutôt douloureux ?

C’était complètement évident. J’ai cependant deux titres en anglais (l’album fiction MM en compte une dizaine). J’aime les mots, la poésie. Je cherchais une manière d’appréhender le français, le rendre musical et sans trop d’emphase. Quelque chose de sobre et de dense (toutes proportions gardées bien sûr).

  • Tes textes sont particulièrement sombres, d’où te vient cette noirceur ? Par extension, qu’est-ce qui t’amène au besoin d’écrire ?

Oui, je vois… J’aime bien l’idée du mouvement perpétuel, de l’effacement et du renouveau, mais pour moi ce n’est pas sombre. C’est la vie. Je peux comprendre ce que tu dis par contre. À l’époque, il y avait cette part de moi qui devait s’exprimer de la sorte. Mes textes les plus récents sont teintés d’autres couleurs. La chanson « Palimpseste » est pour moi aussi la rencontre d’âmes sœurs qui se reconnaissent par exemple. C’est mon côté symboliste, mon côté romantique. Je trouve que c’est beau, c’est « le » fantasme, celui de la rencontre qui n’est pas qu’amoureuse. Les rencontres sont ce qu’il y a de plus vrai dans la vie, c’est ce qu’il y a de plus précieux, avec la cuisine…

Emilie Plaitin
crédit : Catherine Merdy
  • J’ai été assez fasciné par la richesse sonore malgré, au final, des instrumentaux ne semblant pas entasser trop de couches d’instruments. En plus des paroles, écris-tu la musique seule ? Comment procèdes-tu à l’écriture de la musique ? Quels sont tes instruments de prédilection ?

J’ai co-composé tous les morceaux avec un musicien. Pour mon premier projet, j’avais besoin d’aide pour m’aiguiller, j’ai procédé de cette manière. Je pars toujours du texte, je choisis un BPM et ensuite un son de boîte à rythmes qui me plaît. J’en fais des boucles et je pose mon texte par dessus. MC Style ! J’aime beaucoup le rap et le hip-hop. Ensuite, on ajoute des couches sonores. Si tu écoutes « La Famille Kennedy », j’ai fait des backs à la façon hip-hop d’ailleurs.
Niveau instruments, je me suis rendue compte que je suis une fille rythmique ; le beat est super important. J’aime également beaucoup les guitares atmosphériques, planantes. Cependant, je ne serais pas contre me retrouver avec le philharmonique de Londres dans le dos…

  • En plus de l’interprétation musicale, essayes-tu également de créer une entité visuelle autour de tes performances ?

Oui, j’ai étudié le cinéma. Pour moi, ce projet doit s’accompagner d’un univers visuel cinématographique, à tout point de vue. Il est pluriel. Je travaille par exemple beaucoup l’aspect de la lumière en concert, j’ai trouvé un artiste formidable qui m’accompagne et qui a bien compris ce que je cherchais. D’ailleurs, c’est drôle, car il accompagne beaucoup de groupes de rap sur scène (notamment Rim’K). Je voulais quelque chose de l’ordre de l’apparition/disparition, incarné, mais pourtant fantomatique. J’adore les contradictions.

  • Parlons un peu de tes projets. Quels sont-ils ? Un disque serait-il en chantier ? De bonnes dates en prévision ?

Un disque, ce serait formidable, pour cela il faudrait que je sois un peu entourée. C’est du boulot, c’est un métier la production…
J’ai enregistré une dizaine de titres en home studio. Je me suis posé la question « Vais-je sortir cela comme ça ? », j’ai préféré le choix de continuer les concerts, d’aller à la rencontre des gens. Je prépare un clip tout de même.
Concernant les dates, je joue aux Francofolies de Spa le 18 juillet, le 4 juin à l’International et à la rentrée plusieurs dates non précisées encore.
J’ai des milliers d’envies et d’idées pour les futurs morceaux… Je suis toujours heureuse de travailler, j’aime particulièrement le faire en duo.

Emilie Plaitin
crédit : Catherine Merdy
  • J’imagine que tu écoutes beaucoup de musique, quels artistes ont su te toucher dernièrement ?

J’ai beaucoup aimé James Blake. J’aime également ce que fait Trent Reznor. À côté de cela, j’attends le prochain Florent Marchet avec impatience, je l’aime ce gars, il écrit vraiment super bien.

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique