Fauve – Blizzard

Fauve est clairement le groupe qui aura marqué cette première moitié de l’année 2013. Encensé par la critique et la presse spécialisée, le public lui les aura découverts à travers des titres tels « Kané » ou « Nuits Fauves » sur YouTube avec ces vidéos étranges et aériennes signées par le groupe lui-même.
Fauve est un projet (plutôt qu’un groupe) très difficile à cerner et dont la tâche d’en parler de manière à la fois objective, mais sincère se voit être très ardue.

Fauve - Blizzard

J’ai choisi pour l’occasion de parler de Blizzard à la première personne. En effet, cela fait déjà quelques semaines que ce « Blizzard » tourne chez moi ; mais comment parler d’un disque dont on n’a au final pas de réel avis ? Comment critiquer ces petites pièces musico-théâtrales qui se basent sur le texte et font définitivement passer l’instrumentalité au second plan.

Comme l’a parfaitement montré le clip vidéo de l’éponyme « Blizzard », Fauve est avant tout une troupe de théâtre, ou une entité visuelle. Je m’explique.

J’ai beaucoup entendu à droite à gauche Fauve être comparé aux géniaux Diabologum (groupe français mêlant rock 90’s un peu expérimental et spoken word) ; comparaison que je trouve personnellement, nulle et fausse. Certes, les deux groupes officient dans un registre parlé et non chanté, seulement là où Fauve est différent, c’est que ce n’est pas de la musique en réalité, c’est plus proche de la petite pièce de théâtre que du groupe de musique.
Le chant n’est pas réellement parlé ; il est à la fois joué et interprété et c’est là-dedans au final qu’est l’intérêt de Fauve. Ce constat m’est vraiment venu après un paquet d’écoutes et le déclic s’est fait lorsque j’ai visionné pour la deuxième fois le clip de Blizzard où se mêle un cinéma des planches très fragile et mal assuré à la chanson en elle-même. Cette sorte de fourre-tout mêlant visuel, musique et cinéma (dans le sens du jeu) est à la fois ce qui est génial, mais également ce qui est gênant.

Fauve est génial, car c’est nouveau finalement. On n’avait jamais vraiment entendu cela auparavant quoiqu’on dise, mais Fauve est gênant, car il arrive trop tôt sur le devant de la scène. Fauve est encore trop frais et bancal.
Imaginez ces quelques artistes d’ici quelques années, imaginez leurs paroles évoluer, y arrivez-vous ? Ce n’est pas mon cas.
À mes yeux, Fauve s’est ancré dans une thématique que je n’imagine absolument pas évoluer. Je ne vois vraiment pas un album entier parlant de cette jeunesse un peu malhonnête… à moins de prendre un tournant assez important ; ce qui est absolument possible tant le potentiel de ce groupe est grand.

En clair, le réel problème que m’a posé Fauve est le texte. C’est une véritable question de sensibilité, je n’ai jamais apprécié cette forme de poésie ou de chanson qui essaye d’être réaliste en utilisant le langage commun et très familier. Je ne trouve pas ça joli et préfère des textes très écrits au risque de ne rien comprendre du tout du premier coup, ou à l’inverse les textes un peu débiles. C’est une question de préférence avant tout, et, là, le travail de critique s’arrête, je crois.

Fauve

Finalement, je pense que chroniquer Fauve n’a aucune utilité tant c’est l’exemple type de la chose qu’on aimera ou qu’on détestera. À l’inverse on pourra tout simplement y être indifférent, et pour le coup, la critique, on s’en fout royalement.
Je peux facilement comprendre que ces textes provoquent une émotion forte et profonde chez certaines personnes, je peux comprendre que cela parle et véhicule quelque chose et qu’on s’y accroche ; moi, ça n’est pas mon cas.
Là où Fauve est cependant très fort, c’est qu’il met en difficulté le travail de critique en le poussant dans ses retranchements.
Comment être objectif avec un groupe qui joue totalement sur le terrain de la subjectivité ? Comment parler de musique quand ce n’en est pas totalement ? Comment comprendre la sincérité d’un projet qui en possède toutes les caractéristiques ? Ces questions m’ont amené à la conclusion que Blizzard est une réussite certaine de Fauve, cependant le projet devra faire ses preuves sur le long terme et pourquoi pas sur un long format où l’innovation devra être de mise une fois de plus.

« Blizzard » de Fauve, disponible le 20 mai.

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique