Rencontre avec Antoine Bertazzon

Antoine Bertazzon est l’un de ces talents lyonnais, défendant une chanson française contemporaine où les bribes de son imaginaire s’associent à ceux de lieux qu’il a croisés. Il nous parle de ses rencontres, de ses amours et de la vie avec une douce sincérité, et jamais avec amertume.
Pour indiemusic, à l’occasion de son concert demain soir à la Dame de Canton, et à quelques semaines de la sortie de son nouvel EP, j’ai eu le plaisir d’interviewer Antoine Bertazzon. Rencontre avec l’artiste.

crédit : Hippolyte Prigent
crédit : Hippolyte Prigent
  • Bonjour Antoine, comment vas-tu ?

Ça va très bien, merci. Je suis heureux de partager quelques mots avec toi.

  • J’ai cru comprendre que ton nouvel EP allait bientôt sortir. Où et avec qui l’as-tu préparé et enregistré ?

Oui, il devrait sortir à la fin du printemps. J’ai commencé le travail dans mon salon, à fignoler textes et musiques. J’ai ensuite passé beaucoup de temps à maquetter avec les musiciens qui m’entourent avant de rentrer au studio «Inglorious records» au mois de septembre dernier où j’ai fait un travail de pré-production. J’ai ensuite finalisé l’enregistrement du disque au studio indépendant «Tube & Tape» avec Nicolas Neemis (David Suissa, Daisy Lambert, Ok Press). Dans toute cette démarche, j’ai été accompagné par mon label « L’atelier d’en face » et mon manager Nicolas Chionchini que je remercie, sans oublier tous les musiciens qui ont participé à l’enregistrement !

  • Peux-tu me parler du fil conducteur de cet EP ? A-t-il un nom ?

Il se nomme « Un Roman Français», tout d’abord en hommage au dernier roman du même nom de Fréderic Beigbeder, car toutes ces chansons je les ai écrites à une période bien précise. Elles retracent 6 ans de vie et surtout les doutes, les envies d’un mec de 20 à 25 ans. En discutant avec des amis, et des personnes du même âge que je rencontre, je me rends compte qu’on est tous dans un tournant de notre vie. J’ai aussi l’impression qu’on est un peu une génération sacrifiée, car on est tous paumés dans nos choix de vie. T’as l’impression que dès que tu entreprends quelque chose c’est pour la vie ; il y a une certaine crainte de l’échec et du point de non-retour.

  • J’avais déjà pu apprécier ton premier EP avec notamment « Rue de Trion » qui parle d’une rue de ta ville d’origine, Lyon, et « BB Attitude ». As-tu choisi de réenregistrer certains titres de cet EP pour ce nouvel EP ou est-ce entièrement de nouveaux titres que tu vas présenter sur cet enregistrement ?

Il s’est passé exactement 3 ans entre mon premier EP et « Un Roman Français ». J’ai donc vécu des choses et obligatoirement écrit de nouvelles chansons. C’est un besoin pour moi de les présenter aujourd’hui et de montrer cette évolution. Si j’avais réenregistré d’anciens titres, j’aurais eu l’impression de ne pas évoluer. Donc non, que du neuf avec tout de même plusieurs évolutions dans le disque comme avec le dernier titre « Dimanche Matin » où je me frotte à un univers plus noir, un avant-goût de ce qui arrivera par la suite.

  • Parlons de tes textes. Tes chansons trouvent leur inspiration dans des rencontres, des histoires de personnages ou de lieux. Peut-on te voir comme un conteur d’histoire en musique ?

Je n’arrive pas vraiment à conter des histoires ou si j’y arrive ce n’est pas fait exprès (rire).
Je pense qu’il y a deux écoles pour l’écriture de chansons.
Soit tu te lèves tous les matins tu te poses devant ta feuille blanche et tu écris (ou pas) comme un sportif irait faire son footing tous les jours.
Soit tu fais comme moi, tu écris lorsque le trop-plein se fait ressentir, c’est d’ailleurs une sensation très bizarre ces moments de ta vie où tu es à fleur de peau, t’aimerais crier, pleurer ou rire. Eh bien tu couches les mots sur ton papier. Pour moi, c’est clair, c’est une auto psychanalyse le fait d’écrire, ça me fais du bien et c’est le seul moyen d’être sincère et de dire ce que j’ai sur le cœur (je ne suis pas très bavard). C’est peu être la raison pour laquelle plusieurs autres personnes se retrouvent dans ce que je raconte. C’est les petites histoires de ma vie, mais finalement, on vit tous les mêmes choses.

  • Prenons ta nouvelle chanson « Alice » par exemple, quelle est l’histoire de ta chanson ?

J’ai rencontré une fille qui rêvait d’une vie parfaite. C’est assez étrange et beau d’ailleurs de concevoir cela, il y a souvent un certain acharnement à contrôler les choses. Cela aussi peut vraiment nuire au bon équilibre de la personne. Tu es souvent déçu ; c’est comme quand tu attends longuement la soirée de ta vie, tu te fais le film dans la tête jour et nuit et il suffit qu’une personne n’ait pas la coupe de cheveux que tu avais imaginé et c’est le drame. Pour revenir à la chanson, une nuit je me suis réveillé et j’ai vu sourire cette fille dans son sommeil, elle devait surement être dans sa vie rêvée. Ce qui est drôle, c’est qu’on venait de regarder le film de Tim Burton « Alice aux Pays des Merveilles ». Le lendemain, j’ai donc pris mon stylo et les mots ont fait le reste.

  • Tu abordes plusieurs formations pour ton projet, à la fois en formule solo « guitare-chant » et en formule groupe.  Comment ou à quelles occasions l’une ou l’autre de ces formules s’imposent-elles ?

Je ne sais pas, en fonction du budget ? Non, mis à part ça, il y a une certaine histoire de cohérence par rapport au lieu. Tu ne peux pas te pointer seul avec ta guitare et jouer 1h30 devant plus de 1000 personnes. En tout cas, moi, je n’y arrive pas. Je fais de la chanson et qui dit chanson dit textes en français, qu’on écoute. Par contre, je suis toujours ravi de jouer en guitare-voix dans une petite salle intimiste ; c’est un autre exercice où tu es face à toi même, tu dépends de personne et d’aucune structure musicale. Si tu as envie de changer complètement ta chanson, tu peux.
Il y a une certaine forme de liberté qu’on n’a pas en groupe et c’est souvent dans ces moments que je teste mes nouveaux morceaux.

crédit : Mathieu Garcia
crédit : Mathieu Garcia
  • En tant que Lyonnais, tu as principalement joué sur les scènes musicales lyonnaises (Ninkasi, Le Marché Gare, Le Citron) même si on a pu te voir à la Coopérative de Mai dernièrement dans le cadre d’une soirée organisée par l’Atelier d’en Face. Avec la sortie de ton EP, as-tu pour projet de préparer une tournée pour le présenter ?

Oui, nous sommes en train de travailler dessus. Nous allons enfin avoir le petit objet tant attendu entre les mains dans quelques semaines.
Nous allons donc pouvoir rentrer dans le vif du sujet pour la diffusion du spectacle ; le but étant de faire connaître ma musique, mon univers et défendre ce nouvel EP sur toutes les scènes de France.

  • Tu seras d’ailleurs demain, jeudi 11 avril, à la Dame de Canton à Paris. Tu as le pied marin ?

Programme Avril - La Dame de Canton

Oui, j’ai bien hâte, ça va être la deuxième fois que je joue sur Paris. Pour ce qui est du pied marin, on a pas mal de péniches aussi à Lyon pour faire des concerts donc j’irai faire tanguer la Dame de Canton, ça ne me fait pas peur !

  • Merci Antoine et au plaisir d’entendre ton premier EP ou de te découvrir en concert prochainement.

Merci à toi Fréd,  à très vite !

antoinebertazzon.fr
facebook.com/antoinebertazzonofficiel

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques