Daughter – If You Leave

Il est bon de se retrouver dans des lieux biens connus, mais dont la beauté se voit amplifiée par les traces des âges. Daughter est de ces groupes que l’on croirait avoir entendu un grand nombre de fois, à chaque recoin un peu perdu de l’internet, à chaque rubrique un peu cachée d’un magazine. Il y a un sentiment familier et très chaleureux à l’écoute de ce disque ancré dans l’air du temps.

Daughter - If You Leave

Quelle voix… Le trio regroupé autour d’Elena Tonra, leader charismatique du groupe débarque avec « If You Leave », album à la fraîcheur intemporelle. Là où The XX était revenu il y a quelques mois avec un second album très moyen, Daughter, que l’on pourrait rapprocher musicalement de ces autres anglais, réussit là où le groupe star de 4AD échoue : la classe.

Certes, on ne peut pas dire que The XX soit un groupe spécialement vulgaire, cependant il dispose d’un enrobage chichiteux qui ne sert pas ces compositions pourtant très belles à la base.
Daughter n’est pas comme ça et réussit à sonner toujours parfaitement juste.

En effet, Elena Tonra nous conte ses histoires avec toute sa vérité et toute la grâce dont elle dispose naturellement. Il suffit d’écouter « Smother », second titre du disque, pour être convaincu de la tension et de la magie qui tient ce disque dans le creux de ses bras.

Au fil des mots, la musique s’envole doucement puis explose et s’éteint presque, afin de laisser la voix seule accompagnée d’une guitare électrique nue de toute amplification (à la manière d’un court passage de Staralfur de Sigur Rós). Sans que l’on ne puisse distinguer de références dans Daughter, on pourrait les assimiler à d’autres chanteuses telles Little Scream ou encore Holly Miranda, toutes deux de magnifiques auteures-compositrices-interprètes bénies par les cieux.

Daughter

Il est rare qu’un disque soit aussi beau et touchant et surtout qu’on l’imagine si bien vieillir. « If You Leave » est clairement une œuvre qui doit perdurer dans le temps. Le disque sort lundi, on attendra vivement les dates françaises de concert pour que le trio anglais nous caresse avec son souffle de tendresse.

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique