[LP] Giant Drag – Waking Up Is Hard To Do

En ce moment, on n’arrête pas de parler du fameux discours d’Amanda Palmer dans lequel elle disait qu’aujourd’hui les gens peuvent avoir tout sans rien débourser et qu’il faut savoir leur donner envie de payer. En gros, un beau discours sur l’indépendance de la musique dont on retient une phrase : « Don’t make people buy your music, ask them ». Annie Hardy, la leadeuse de Giant Drag, fait partie de ces artistes qui savent donner envie à son auditoire d’acheter leurs albums.

En 2005, ils sortent « Hearts and Unicorns » signé chez Kickball Records dont la reprise de « Wicked Game » de Chris Isaak passera à la radio et fera parler d’eux.

On les retiendra pour leur musique sans prise de tête aux titres amusants : « YFLMD » (Comprendre You Fuck Like My Dad), « You’re Full of Shit (Check Out My Sweet Riffs) », « Kevin Is Gay » et j’en passe. On s’amusera des The Cat Solos : une invention d’Annie (dont elle est très fière) et qui consiste à imiter des solos de guitare en miaulant à plusieurs voix.

Giant Drag

On les oubliera aussi vite qu’on les aura connus ce qui freinera leur carrière musicale. Annie explique dans son blog (très marrant par ailleurs : anniehardyparty.com) qu’elle est passée de « vivant sur le toit du monde » à « vivant sur un matelas gonflable sur le sol du salon de son père ». Le blog raconte son retour à la réalité, à la vie normale. Comme elle le dit si bien, elle était sur un boomerang qui l’a ramené exactement là où elle avait commencé. Giant Drag ressortira un EP en 2010 sur le label MRI qui passera à la trappe.

Depuis 2012, toutes les deux semaines environ ils sortent ce qu’ils appellent des « Twosies » qui sont des démos, live, ou inédite allant par deux ou trois. Ils les vendent sur Bandcamp à 1,11$ la chanson. Généralement les Twosies sont accompagnées d’un petit texte drôle comme par exemple sur le « Twosies : Deux-sie » (deux titres live enregistrés en France) on peut lire : « So enjoy this creme de la crap live cut, all kinds of fancy like some camembert cheese ». En général, une des chansons n’est pas en écoute pour donner envie d’acheter.

Annie forme ensuite un nouveau groupe nommé PnP et sort quelque chanson dont la très drôle « Cum See About Me (Take Me To Abortion) en février 2013. Le même mois elle sort la criante et tellement bonne « Unbelievable Psycho Boy » avec Annie and The Psychos (Un autre nom de groupe, mais dont le line-up reste finalement identique à PnP…).

Mais assez parlé du passé parlons du présent ! Aujourd’hui sort le second album de Giant Drag : « Waking Up Is Hard To Do » (oui, je ne chronique que des groupes de fainéants) sur le label « Full Psycho Records » (celui qu’Annie Hardy a créé). Il y a une version deluxe avec un EP de 6 démos en plus. Cela sera le dernier album de Giant Drag, Annie ayant décidé d’en finir avec ce groupe et de passer à autre chose.

Giant Drag - Waking Up Is Hard To Do

On commence tranquillement avec « 90210 » sous des airs de pop entrainante. Sympa, mais sans plus. « We Like the Weather » est une chanson sur le retour d’Annie en Californie. Ça sent le soleil à plein nez avec ce riff de basse très groovy et cette guitare enjouée qui partira en distorsion et nous fera beaucoup penser au refrain de « Turnaround » de Nirvana, mais on lui en veut pas.

Après le soleil on revient à une chanson plus dramatique : « Won’t Come Around ». Très bonne track qui fait penser à plein de trucs connus (comme la musique de Giant Drag en général), mais en plus sincère. Comme si c’était une question de vie ou de mort. La voix d’Annie nous emmène loin. Les chœurs de la fin sont tout simplement géniaux. La chanson d’après est un peu chiante et on la passera très vite.

Heureusement, on enchaine sur « Firestorm » qui est une des meilleures chansons de l’album. J’adore la voix nasillarde et éraillée d’Annie. Elle ne se casse pas le cul avec les paroles et c’est fun.

Ce qui est bien avec cet enregistrement DIY c’est qu’on a l’impression de les avoir en face. La batterie résonne, on imagine très bien la basse faire vibrer le sol et Annie se dandiner avec sa guitare et raconter des trucs sexuels malsains à son auditoire. On continue avec une autre bonne chanson « Garbage Heart ». Je me marre tout seul en entendant Annie chanter sa chanson sur un chat noir et en gueulant sur les refrains « MEOOOOOOOWWW ». De plus, la mélodie a des airs d’Halloween très entrainants et tristes à la fois. Ça contraste fortement avec la chanson suivante qui fait très « musique d’ascenseur » jusqu’au moment où une guitare saturée sort de nulle part le temps de quelques bend et repart aussitôt.

Giant Drag

« Dennis the Pennis » continue sur cette lancée de chansons plutôt calmes, mais nous recaptive par ces refrains à la tension palpable. Malgré son titre accrocheur « Sobriety is a Sobering Experience » est tout ce qu’il y a de plus classique en rock. En d’autre mot, pas de surprise, ni d’originalité, mais sympathique tout de même. Annie nous offre ensuite une chanson pour enlacer l’être aimé et danser un dernier slow avant le très entrainant « Seen the light » qui nous fait penser un peu aux Runaways. La chanson se termine dans une espèce de florilège de chœurs très gospel.

Cet album regroupe des chansons aux influences différentes, mais toutes unies par le son pop grunge de Giant Drag. Ils n’ont rien inventé, mais la voix particulière d’Annie et son humour psycho-débilo-crado-dramatique nous enivrera encore une fois pour l’oublier plus tard. Car oui Giant Drag est un évènement de l’instant, éphémère. Annie Hardy a tué courageusement son groupe à l’agonie. Elle y met fin avec classe. Mais ne soyons pas triste, Annie and the psycho boy ou PnP s’annoncent comme de très bons projets et qui plus est plus criard (ce qui manque un peu dans Giant Drag).

Vous l’aurez compris Annie Hardy est une des personnalités américaines les plus cool et méconnues du rock indépendant américain.

facebook.com/FullPsychoRecords
anniehardy.bandcamp.com/
anniehardyparty.com (le blog rigolo)

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Quentin Lejas

chroniqueur enthousiaste, épris de The Smashing Pumpkins et des Pixies