J’ai beau ne pas être familier avec le jazz, j’apprécie toujours infiniment la vie et l’extrême classe qui peut découler du genre musical.
Il y a ce côté vibrant, chaleureux et passionné dans la musique d’Eric Legnini, où les notes au piano jouées par l’artiste suivent les harmonies rythmiques de la batterie et la contrebasse, tout en libérant toute l’inspiration et la créativité de son auteur.
L’album démarre sur l’éponyme « Sing Twice ! », parfait exemple de cette aisance musicale manifeste chez Legnini où un jeu lumineux et savant dévoile sa part de maitrise. L’artiste belge donne ici une orientation pop extrêmement vivante à son morceau.
Comme il avait pu y prendre goût sur son précédent album « The Vox » en collaboration avec l’Américaine Krystle Warren, le voilà de nouveau tenté par la conciliation des talents vocaux à son approche moderne du jazz.
C’est entouré de trois artistes aux origines et aux univers singuliers que sur « Sing Twice ! », Eric Legnini est parti à la rencontre de l’Anglais Hugh Coltman aussi à l’aise dans le mariage des genres musicaux au sein de ses albums entre folk, pop anglaise et soul, de la chanteuse Malienne Mamani Keïta invitant les musiques du monde, et enfin de l’Américano-Japonaise Emi Meyer offrant un regard tourné vers la belle pop sur un des titres.
Reprenons l’écoute en compagnie d’abord de notre ami Hugh Coltman, où la voix de ce dernier semble trouver parfaite destination en s’accompagnant du trio essentiel de musiciens formé par Eric Legnini, Franck Agulhon à la batterie et Thomas Bramerie à la contrebasse.
Sur « Salisbury Plain », le jazz joué par le trio glisse comme sur un cours d’eau avec une fluidité experte où Hugh Coltman ne peine pas à suivre le fil du titre avec sa voix pleine d’assurance et d’émotion où la soul plus encore que l’attachement au jazz s’affiche.
Confirmation claire sur le plus intimiste « Snow Falls », aux contours jazz blues et au refrain porteur d’une poésie rare. Un moment raffiné.
On terminera l’écoute des titres accompagné du musicien anglais sur « If Only For A Minute », conclusion d’un triptyque sonore partagé entre deux musiciens aux regards éclectiques et ouverts l’un sur l’autre. Eric Legnini nous dévoile ici un titre plus patient, où le chant de Hugh Coltman se veut rassurant. Les notes comme le chant y sont plus éparpillés, délivrant même quelques contours rnb.
Avec Mamani Keïta, la destination est bien changeante, notamment sur le très africain « Yan Kadi » nous transportant de l’autre côté de la Méditerranée avec un chant vivant et animé. Au piano, Eric Legnini s’entoure de trompettistes et de saxophonistes pour restituer cette chaleur musicale avec beaucoup d’énergie et d’implication. Véritablement dépaysant.
Sur « The Source », Eric Legnini cherche davantage la fusion des univers en proposant à Mamani Keita de s’exprimer sur des notes plus jazzy.
Immanquable également, Emi Meyer invite la pop à la manière d’une Norah Jones d’il y a quelques années, à l’instrumentation exquise et délicate avant toute chose sur « Winter Heron ».
Il nous reste trois titres instrumentaux à découvrir, tout en ayant parcouru dans le désordre le plus total cet album aventureusement riche.
Le jazz devient soul sur « Carmignono », redevient jazz sur « We Love Shibuya » et termine le voyage musical sur « Cinecittà », hommage passionné à l’Italie dont il tire ses racines.
Eric Legnini nous offre un album, cru de 25 années de pratique d’un jazz en constante mutation. « Sing Twice ! » se révèle comme un disque authentique et passionné aussi bien grâce à la créativité constante du compositeur belge qu’à la participation de ces trois artistes venant illuminer singulièrement l’album de leur présence vocale.
« Sing Twice ! » d’Éric Legnini est disponible depuis le 29 janvier chez Discograph.
