Lorn – Ask The Dust : basse de destruction massive

Découvert lors d’interminables virées nocturnes sur la toile et totalement par hasard en première partie d’Amon Tobin au Liberté de Rennes. Ces virées qui égayent les longues nuits où le sommeil ne se fait à priori pas suffisamment ressentir, digérant à peine toutes les inepties vues plus tôt dans la nuit. Autant dire qu’il n’est pas forcément nécessaire de parler de ces choses que l’on aurait préféré occulter de notre mémoire. Enfin bref le mal est fait, mais essayons tout de même d’élever le niveau et parlons de ce côté « illuminé » de la force, oui celui des mecs qui se défoncent pour soulager nos oreilles avec un véritable travail ayant nécessité ( je l’espère) plus d’une microseconde de réflexion. Et qui mieux pour représenter cette caste d’artiste (?) qui ose encore créer (c’est-à-dire ne pas ressortir la même copie que celle d’un voisin qui lui au moins peut se réconforter d’avoir eu un semblant d’idée) mon choix s’est porté sur un des poulains les plus prometteurs de l’écurie Ninja Tune, j’ai nommé Lorn.

Quand il s’agit de parler de bass music aujourd’hui, on ne peut occulter celui qui, pour l’heure, est l’auteur du chef d’œuvre ultime du genre ; j’ai nommé, Skrillex. Ça suinte l’ironie à quinze bornes, je le concède. Le Skrillex joue un peu le rôle d’un faire-valoir en fin de compte, comme ce pote avec qui on traine, sachant pertinemment que l’on ne peut pas passer pour le loser de la soirée. Lorn est comme cet enfant que l’on chérit tant il est encore innocent, pur et encore plein de bonne volonté.

Parlons musique. L’album débute tout doucement sur un morceau drum’n’bass psychologique et méchamment agressif tout de même ; le méchant Lorn s’échauffe. Des basses qui défoncent des neurones à la pelle, qui pénètrent dans ta chair.
C’est malsain, groovy (oui, oui) atmosphériquement abyssal (encore oui !). L’album est cohérent, minutieusement réalisé et jouissivement profond.
DES BASSES EN VEUX-TU, EN VOILA. Le bonhomme est dur avec notre intellect cassant toutes les méchantes habitudes musicales, il malmène, agresse, éduque nos oreilles. Il nous purifie, nous montrant qu’aujourd’hui nous sommes encore capables de nous surpasser. N’allez pas chercher non plus un côté incompréhensible, scientifique et ultra- intellectuel, l’album se veut accessible, la lecture est aisée.

La violence monte crescendo suivant le défilement des morceaux, à tel point que la lobotomie est parfois ressentie sur le morceau « Everything is Violence » où l’on sent notre matière grise se dessécher en direct live. Le malaise est permanent, mais jouissif à souhait.

Les morceaux « Diamond » et « The Well » sont les hymnes de l’album.
Le premier se caractérisant par une intrusion cérébrale à coup de violons synthétique et de basses destructrice, tandis que le second nous écrase sous ses basses sorties des tréfonds de la terre (faites bien gaffe elles interviennent par intermittence) agrémentées de cette mélodie tournoyante qui nous hypnotise.

Lorn est un tortionnaire et on l’aime pour ça. Toutefois rien ne vaut une bonne séance de flagellation à coups de basse bien grasse en live, car notre ami américain sait y faire avec nos cœurs attendris, et il n’y va pas de main morte. Le mec se déchire sur scène avec un set propre, construit intelligemment et jouissif. De quoi nous faire bouger un peu n’importe comment sur une musique in-dansable par essence, mais il nous fait sauvagement headbanger. Le Pape Tobin qui était prévu après est passé à mes oreilles pour un récital de flûtes traversières.

Tout ça pour dire que si tu aimes les basses bien grasses et les expériences transcendantales, cet album est fait pour toi.

« Ask The Dust » de Lorn est sorti en juin 2012 et en théorie disponible sur le label Ninja Tune (http://ninjatune.net/release/lorn/ask-the-dust), je dis bien en théorie ; a priori ils n’ont plus de galettes de notre ami dans leurs tiroirs.