Bloc Party, la preuve par 4

A quoi reconnaît-on un groupe important ? En remplissant plusieurs critères, parmi lesquels faire des tubes qui restent ou proposer quelque chose de nouveau à un moment clef.
Dans ces conditions, Bloc Party aura assurément marqué son époque. Banquet est définitivement un des classiques des années 2000, et leurs deux premiers albums auront clairement proposé une direction originale et intrigante, en tant que chef de file du renouveau d’un mouvement post-punk arty mêlant fougue et raffinement.

Ainsi on ne peut qu’être enthousiaste à la sortie d’un nouvel album, alors que l’on croyait le groupe mort et enterré.
L’escapade de Kélé en solo aura eu du bon, puisque délesté des envies électros de son chanteur, le groupe a pu se retrouver et se remettre manifestement à tirer dans la même direction.

Ce qui frappe à l’écoute de Four, c’est l’incursion régulière de textures grunges voire même par moment émo, le groupe avouant d’ailleurs avoir beaucoup écouté Bleach de Nirvana, ou les premiers Smashing Pumpkins lors des sessions de composition de l’album. Des noms qui viennent d’ailleurs naturellement en tête dès la première écoute.
Pour le reste, Bloc Party s’emploie à faire du Bloc Party. Les pédales d’effets sont bien évidemment de sortie, et les rythmiques toujours frénétiques. Ces accents métalliques apportent toutefois à l’album une touche très menaçante, à l’image des inquiétants deux premiers morceaux, les plus efficaces du disque, même si régulièrement des titres à l’ambiance plus cotonneuse offrent une bulle d’air au sein de ce chaudron.

On est parfois aussi frustré, notamment pour Octopus, le premier single, qu’on aurait voulu irrésistible. Mais visiblement noyé dans la malle d’effets de Jonny Greenwood de Radiohead, le morceau s’empètre sans décoller et offrir le refrain sauvage qu’il (qu’on) aurait mérité.
Tout le reste est marqué du sceau de la maîtrise et du savoir-faire, même si les moments de grâce sont plus rares qu’avant. On reste assez loin des sans-fautes qu’étaient l’acclamé Silent Alarm ou le sous-estimé Week-end in the City.
Mais qu’on se le dise, Bloc Party n’est pas mort.

Les Anglais n’ont probablement plus un autre classique dans le ventre, mais cette envie de toujours aller de l’avant, et surtout simplement de « proposer », leur permet de rester un groupe pertinent dans son époque, qui semble avoir encore des choses à dire musicalement.

Four de Bloc Party, disponible depuis le 20 août chez Frenchkiss.

blocparty.com

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Sébastien Weber

chroniqueur attaché aux lives comme aux disques d'exception