Daughter – La saine mélancolie

Au moment où je débute cet écrit, le temps fait des siennes, l’orage grogne et la pluie fait cavalcade. Mais Elena Tonra aka Daughter, jeune songwriter londonienne, a ce don de me rassurer. Avec son folk électronique et enivrant, elle me replonge en enfance où tout n’est que douceur et insouciance. Igor Haefeli (guitare/clavier), quant à lui, accompagne l’artiste à la vie comme à la scène. Il apporte sa patte à l’atmosphère aérienne du groupe, féru de petits bruits en tout genre et d’envolées de nappes de clavier.

The Wild Youth, second EP du duo, nous ouvre sur un monde teinté de douceur et de mélancolie. La jaquette sur laquelle Elena se met en scène, grimée de moustaches enfantines, ravive mes souvenirs écoliers. Référence à une jeunesse qui serait peut-être passée trop vite ?

Cependant, les quatre titres qui composent cet opus, tous formés d’un mot court et familier, cachent des textes plus sombres qu’ils n’y paraissent, des histoires d’amour meurtries qui semblent redessiner les contours d’une cicatrice encore ouverte. On flirte ici avec l’univers de Spike Jonze où l’innocence de l’enfance se heurte à la cruauté du monde des adultes.

Ainsi, l’album transpire de sincérité. On sent bien que Daughter y met tout son cœur, de par sa voix aux élans élégiaques d’une beauté rare. Une voix unique et spontanée posée sur des vagues électroniquement envoûtantes, mise en avant par un habillage instrumental épuré.

Le titre « Youth » porte l’EP à son zénith, résumant à lui seul ce dont est capable la jeune Anglaise. Une piste hantée du début à la fin par l’ensorceleuse Elena Tonra, où la paisible guitare-voix du début glisse graduellement vers un ensemble plus débridé. Une course folle à travers la fulgurance des sentiments.

Daughter, c’est une voix qui se complaît à chanter les vicissitudes des âmes en peine, mais sans jamais basculer dans le pathos. Une saine mélancolie à s’injecter les soirs d’orage comme les soirs moins agités. À l’heure où je termine cette chronique, la pluie a cessé sa chevauchée et pourtant « The Wild Youth » tourne toujours dans ma platine.

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