Montréal à l’honneur du Chabada

Mercredi soir, le temps radieux m’avait poussé à me rendre au Chabada d’Angers à vélo, pour profiter du regain de température.

J’arrive vers 20h devant la billetterie, salue quelques visages familiers, entame quelques conversations avec Jordane, habitué des concerts qu’il couvre en photo pour le Chabada et Félix, manager d’Half Moon Run, teste mon reflex et me dirige vers la petite salle du Chab’ pour vivre le premier concert de la soirée en présence des Canadiens d’Half Moon Run. Venu plus pour cette première partie que pour Monogrenade, dont je n’ai découvert que brièvement le premier album quelques jours auparavant, j’attends avec impatience le démarrage du concert.

photo : Jordane Chaillou

Il est près de 21h quand les lumières s’éteignent et les trois Montréalais d’adoptions viennent s’installer sur scène. Le trio se présente aux Angevins sur « 21 Gun Salute », dernier titre de l’album. L’ambiance aérienne du titre, relativement fidèle à la version studio, convainc d’emblée l’auditoire, qui découvre à quelques rares exceptions le groupe à cette occasion. « Drug You » en live est stupéfiant, et pour moi le moment le plus fort de ce premier concert. Les voix balancées en écho livrent un spectacle étourdissant aux spectateurs du Chabada.

« Nerve » et « Need It » signent quant à eux les grands moments d’apaisement, où l’on aimerait juste fermer les yeux pour ressentir pleinement chaque seconde. « Judgement » emballe carrément le public, avec ses riffs déchainés. Autant sur disque, je n’avais pas été vraiment convaincu par ce titre, le trouvant un peu hors cadre vis-à-vis des autres compositions, autant sur scène, les trois musiciens, en déployant une impressionnante énergie, me font vite prendre conscience que ce titre a véritablement sa place parmi ce set.

Devon et ses deux acolytes Dylan et Conner enchainent avec passion sur « Call Me In The Afternoon », autre moment marquant de cette date.
Le plaisir se ressent dans le jeu du trio, aimant passer d’un instrument à un autre. Devon évolue ici de la guitare aux baguettes pour frapper avec énergie sur un tom, Dylan quitte son clavier pour une guitare, quand Conner cumule ses mandats au clavier et à la batterie. Cette roulette des instruments durera tout au long du show pour le plus grand plaisir des spectateurs.

photo : Jordane Chaillou

Les titres que j’avais déjà énormément appréciés sur disque prennent vie sur scène dans un déluge de talent et une énergie exaltée. Le public contemple, attentif et calme réalisant l’opportunité de les voir jouer ce soir-là.

C’est avec « Full Circle », reconnu dès ses premières notes par une bonne partie de l’auditoire, que le groupe vient passer le concert dans une autre dimension, celle du grandiose, où les basses viennent nous prendre au ventre, et les voix nous transporter.

photos : Jordane Chaillou

« She Wants To Know » et « Give Up » sont d’autres de ces moments magiques de ce concert avant tout intimiste dans une salle à taille humaine. Une des premières dates de tournée en France pour le groupe, et un jeu de scène déjà parfaitement maitrisé et rodé, conforme à l’espérance placée sur l’album « Dark Eyes ».
Half Moon Run a livré ce soir-là un set incroyablement maitrisé en tout point, vibrant et majestueux sur plus de quarante minutes avec un rappel qui ne s’est pas fait attendre. On m’avait dit et j’avais lu du bien du live du groupe canadien, je peux désormais en dire de même.

Tracklist :

21 Gun Salute
Drug You
Nerve
Judgement
Call Me In The Afternoon
Need It
Full Circle
Fire Escape
She Wants To Know
Vampire
Give Up


Après une bière et un bon quart d’heure d’entracte, le temps d’installer le matériel pour Monogrenade et les Montréalais francophones viennent saluer à leur tour le public. Plus d’un an après la sortie de leur premier album, « Tantale » au Québec, le groupe revenait en France pour une troisième tournée, en quelques mois, sur nos terres pour le présenter en live au public français. Cela à l’occasion de la réédition française de leur album sur le label Atmosphériques.
Comme pour « Full Circle » d’Half Moon Run, le public n’avait qu’une hâte, celle de découvrir en live « Ce soir », titre phare de leur disque.

Comme sur l’album, la formation live, à six membres (chant-piano, guitare, batterie, violoncelle, violon et alto), démarre par une intro et enchaine sur le premier titre, « La Marge ». Jean-Michel, au piano pose les premières pièces et laisse échapper sa voix brumeuse, un peu effacée parmi le reste des instrumentations. C’est d’ailleurs l’un des reproches que j’aurais à émettre sur ce début de concert, où la voix du chanteur ne fût pas assez mise en avant pour profiter des paroles.

Je découvre avec Monogrenade un set des plus complexes, dans sa construction, bien loin des formations mainstream. Les cordes omniprésentes venant y donner une atmosphère chargée d’émotions sur scène, parfois dure d’accès pour les non-initiés d’ailleurs. D’un autre œil, troisième titre de leur set voit le violoncelle de Marianne alliée aux notes légères du piano de Jean-Michel sur l’un des titres les plus sensibles du concert. On a pourtant encore bien du mal à ce moment-là à entrer pleinement dans la deuxième partie de soirée.

Le concert vient enfin inverser cette fâcheuse tendance en alternant moments plus enjoués sur M’en aller, morceau « presque électronique » et très dansant, l’un des plus pop de « Tantale », jusqu’à « l’Araignée », intimiste et mélancolique, touchant et mystérieux parmi les fumées projetées sur la scène. On passe à « Obsolète » qui sur scène rend carrément dingue ; conjugaison réussie de riffs dansants et de touches électroniques obsédantes. Ça commence à prendre !
Les Montréalais enchainent alors avec le très attendu « Ce soir » dans un rodéo séduisant, où tout le public chante et bouge avec le groupe « Ce soir j’te fait danser, J’te jure j’te fais danser, J’tai pas oublié ». Prenant et enivrant.

On découvrira même des extraits du futur album en écriture, avec notamment « Fantôme » et « Sommeil » qui livrent une façade plus éclectique dans les compositions à venir du groupe. Le concert prend fin avec un rappel de deux titres. « Immobile » d’abord, à l’emprunte sonore forte où l’ambiance, grâce aux cordes, monte crescendo jusque dans les dernières secondes et nous embarque un peu plus avec le groupe. Pour « De Toute Façon », le groupe se réunit au-devant de la scène, des instruments acoustiques en main et invite le public à frapper en rythme et à chanter avec eux en séparant les voix d’hommes et de femmes. Les plus timides bien sûr seront les garçons à ce petit jeu.

À 23h30, Monogrenade remercie une dernière fois le public angevin d’être venu ce soir-là, très heureux de l’accueil réservé par la salle « On a été accueillis comme des pachas » dira d’ailleurs Jean-Michel. Le public se montre satisfait de la prestation des deux groupes même si ce soir-là, la première partie de soirée a été davantage l’objet de toutes les attentions que ne l’ont été les Montréalais purs souches à travers un concert en demie-teinte.

Tracklist :

Intro
La marge
D’un autre oeil
Étrange
M’en aller
L’araignée
Escapade
Tantale
Obsolète
Ce soir
La fissure
Fantôme
Sommeil
Immobile
De toute façon

Pendant que bon nombre d’Angevins préféraient regarder ce qui se passait du côté de Paris pensant que tout allait se décider ce mercredi soir pour dimanche, j’étais moi-même bienheureux de vivre cette soirée musicale loin d’un débat télévisuel. Une soirée apolitique, où la seule tendance relayée par le public présent fut celle d’avoir vécu un très bon moment, porté par l’énergie et le savoir-faire de nos cousins du Canada.

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques