Philippe Petit, un voyage hors du temps.

Le truc chouette avec un magazine traitant sur la musique indépendante, c’est de recevoir des labels indépendants, des albums d’artistes le plus souvent méconnus de notre culture musicale. On ne tombe pas à chaque fois sur quelque chose qui nous plaît, mais quand c’est véritablement le cas, la découverte est toujours saisissante.

Je recevais donc il y a quelques mois, de la part du label aagoo l’album du multi-instrumentiste et électronicien Philippe Petit, tout droit venu de Marseille, à l’étape un de son dernier triptyque musical baptisé « Extraordinary Tales Of A Lemon Girl ». C’est donc l’épisode 1 « Oneiric Rings On Grey Velvet« , composé de 8 titres, tous plus intéressants les uns que les autres, avec un grand travail sur l’instrumentation, plein de petites pièces qui se mélangent tout en gardant une grande cohésion musicale que j’ai découvert.

À chaque titre, son « Movement » suivi d’un chiffre romain, atypique et cohérent. Sûrement ce qui sert de ligne de base à cet album.

Je dois vous avouer avoir mis beaucoup de temps à chronique de cet album, tant sa musique semble difficile d’accès à la première écoute. En étant rendu à ma dixième écoute, je pense maintenant vous donner un avis bien fondé sur cet ovni. Quoi que, on n’ait jamais assez écouté un disque pour se faire un réel avis dessus. Trêve de parole, place à la chronique de ce délicieux album.

La lecture de l’album commence,  les rythmes s’entremêlent et se démêlent, je commence à me retrouver emmené dans un espace peu à peu submergé par une musique faite de rythmes très différents, s’accumulant les uns sur les autres à la manière des blocs d’un tetris pour ne former qu’une seule et même unité ; des boucles, se répétant dans votre tête.

crédit : Nathalie Ginoux

On ressent d’emblée que l’artiste essaye de nous emmener dans un paysage imaginé par ses soins. Je me retrouve confronté à une sensation de rêve imagé, à contretemps total de la réalité. Ce sentiment durera l’intégralité de l’album.

Je vais revenir principalement sur un morceau qui m’a marqué, « Movement II » ; 16 minutes et l’un des plus intrigants et passionnants passages. Son contenu est bouleversant, comme un voyage au milieu d’astéroïdes, chamboulé par ses rythmes, pour finir au milieu d’une atmosphère un peu plus spatiale, hors du temps.

Plus l’album avance, plus j’ai l’impression de me retrouver dans un voyage dans les reliefs d’une montagne à connotation musicale. Sa musique devient bande-son cinématographique mélange du polar, de l’érotisme et du film d’horreur.

Le travail de ce chef d’orchestre électronique est talentueux, et devient le lieu d’une assemblée de riches mélodies et des textures sensibles. L’album se déroule et la tension passe par tout ses états ; captivant et hors du temps.

C’est un voyage froid, magnifique et remarquable.

Un album à posséder dans sa bibliothèque musicale, assurément !

Disponible depuis janvier chez aagoo.com
Site web : http://www.philippepetit.info/

Photo of author

Aloïs Lecerf

chroniqueur bercé par et vivant pour la musique à travers les découvertes et les concerts