Le déclin de l’industrie du disque, pourquoi ?

Il y a peu, je suis tombé sur une vidéo de Frank Zappa parlant du déclin de l’industrie du disque avec justesse. Une vidéo qui a quand même 25 ans d’âge… certes, mais la situation ne serait-elle pas la même, voire même, aurait-elle empiré ?

En décortiquant au mieux la vidéo de Zappa, on pourrait ressortir ces phrases sans langue de bois qui nous permettent d’y voir plus clair, notamment pour les personnes qui n’appartiennent pas forcément au milieu de la musique et de son industrie.

Dans les années 60, une quantité importante de musique expérimentale et nouvelle a été enregistrée et sortie sur disque. Regardez qui était à la tête des maisons de disques à l’époque. Pas des jeunes hippies. C’était des vieux qui fumaient le cigare. Ils jetaient un œil au produit et disaient : “J’en sais rien ! J’ai aucune idée de ce que c’est ! Enregistrez moi ça, sortez le et on verra ce que ça donne.” On était mieux lotis avec ces mecs, qu’avec les soit-disant jeunes hippies qui sont aux manettes aujourd’hui et décident de ce que la population devraient voir et écouter.

Voici la vidéo en question :

Alors qu’est-il arrivé à notre musique pour qu’elle se dégrade autant, en si peu de temps ? Dorénavant, les Big Boss te recalent si ta musique n’entre pas dans une certaine standardisation, il faut que ta musique soit en accord avec la mode actuelle, une musique tendance qui pourrait passer dans nos radios nationales toutes ressemblantes les unes aux autres. C’est ça qu’on vous vend dans les clips sur vos chaines préférées, dans les grandes surfaces, sur le top 10 des plateformes de téléchargement, de Deezer et consorts…, une musique sans âme, une musique pré-fabriquée, pour faire rapporter de l’argent à nos grandes structures musicales afin de développer encore plus de musique sans âme. Ici, nous parlons bien entendu du milieu musical, mais les propos de Frank Zappa, tellement criant de vérité sont aussi valables dans tous les domaines. Que ce soit la pub ou le graphisme, le nombre d’images ressemblantes que nous voyons défiler sous nos yeux sont criantes, c’est souvent à nous dégoûter d’exercer dans ces domaines et de voir que les choses différentes passent inaperçues car elles ne rentrent pas dans la norme.

J’ai pris le temps de demander à un ami musicien d’un groupe en pleine effervescence et en pleine démarche pour trouver un label de nous donner son ressenti sur ce qu’on lui a dit :

Quand tu vas démarcher des labels français, la plupart te dise qu’il y a un quota de groupes français (qui chantent en français) à faire passer en radio. Donc les labels, pour être sûr de pouvoir vendre des albums signent très peu de groupes français qui chantent en anglais. Du coup, on est dans l’obligation de se tourner vers l’étranger.

Les majors ont bien entendu leur grosse part de responsabilité dans l’histoire, en effet, il est plus facile de jouer en terrain connu et donc de s’assurer une réussite financière avec une plus grosse marge que de prendre des risques, et de peut-être se faire une moins bonne marge. C’est sûrement parce que les majors ont un monopole et diffusent de la musique « commune » que des artistes indépendants se regroupent sur des labels indépendants afin de sortir des disques, certes avec du mal, dû souvent à une faute de moyen, en se démerdant seuls, en travaillant de manière libre et la plus artisanale possible, mais en étant complètement libre de leurs choix artistiques.

OSER. C’est ce mot que les maisons de disque devraient prendre en compte, prendre des risques. J’aimerais qu’un artiste puisse se rendre devant ces grands patrons en présentant un projet complètement différent, sortant de l’ordinaire. Comme ce vieux patron auquel Zappa fait référence dans son entrevue plus haut, et bien j’aimerais que ce patron de notre époque prenne le risque de produire cet artiste. Oui, c’est ça, prendre des risques, créer, oser !

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Aloïs Lecerf

chroniqueur bercé par et vivant pour la musique à travers les découvertes et les concerts