Entretien avec Chokebore, 20 ans de colère triste

Après plusieurs années de silence radio, le secret le mieux gardé du rock indé revient avec « Falls Best » un nouvel EP explosif. L’occasion de faire le point sur le passé et le futur du groupe avec Troy Von Balthazar, leader étrange et fascinant.

  • C’est bon de vous voir de retour, pouvez-vous nous en dire plus sur les raisons qui vous ont poussées à rejouer ensemble ?

C’est chouette d’être de retour. Je passais entre deux tournées par Berlin, où habitent John et James, et on s’est mis à jouer de la guitare ensemble à nouveau. Ça semblait très naturel, alors on y est allé pas à pas.

  • Cet EP et la tournée annoncent-ils d’autres choses ? Êtes-vous de retour pour de bon ?

Ça va dépendre de comment on se sent. Il n’y a pas de pression pour enregistrer un album ou quelque chose de nouveau. Il faut juste voir comment les choses vont se passer entre nous.

  • Les morceaux sur l’EP rappellent vos albums du début. Pourquoi avez-vous ressenti le besoin de produire quelque chose de plus sauvage, après la tendance plus soft qu’on avait pu entendre dans “It’s a Miracle” ? Était-ce un besoin de faire des chansons aussi courtes ?

C’est juste ce qui est sorti de nous à ce moment-là. Mais de mon côté (Troy a également un projet solo NDLR), j’écris beaucoup de musique lente, donc Chokebore est l’endroit où je peux mettre des chansons plus rythmées.
Quand on écrit les morceaux, on ne pense pas à la longueur. Tout ce qui compte c’est la façon dont ça sonne et
reste cohérent. Quand cela part dans tous les sens, on s’arrête.

  • Comment avez-vous procédé pour vous remettre au travail ensemble pour ces nouvelles chansons. Avez-vous rapidement retrouvé la vieille alchimie ?

C’était un petit peu compliqué au début. On a du se souvenir de comment agir ensemble en tant que groupe. J’ai passé tellement de temps à faire de la musique de mon côté que c’était dur pour moi au début. Puis c’est revenu et tout a fini par couler naturellement.

  • J’adore la façon dont vous êtes parvenu à garder votre son cru si spécifique, mais tout en restant pertinents et surprenants au fil des années. Pensez-vous parfois dans le groupe à ajouter des éléments électroniques ? Y a-t-il des directions que vous voudriez explorer ?

Non, le son de Chokebore est tel qu’il est. On n’ajoutera pas de parties électro ou des guitares acoustiques. On a un son très particulier et je pense qu’on ne doit pas le changer. Chokbore est comme ça.

  • Vous avez toujours un noyau dur de fans qui vous suivent depuis des années. Vous réalisez cette connexion particulière ?

On est très reconnaissant d’avoir des gens qui continuent d’écouter notre musique, c’est un sentiment génial. On a l’impression qu’ils sont comme nos amis, c’est comme ça que nous le ressentons.

  • Cela fait maintenant un bon moment que vous êtes dans ce business. Comment voyez-vous votre place sur la scène actuelle ?

Je ne pense pas qu’on appartiennent vraiment à cette scène. Ça doit être agréable de se sentir connecté avec les autres musiques tout autour de toi, mais nous n’y sommes jamais parvenus. On a toujours été trop étrange, ou juste un petit peu trop différent. Peut-être qu’un jour…

  • Quand vous regardez votre carrière, y a-t-il un album dont vous vous sentez le plus fier ?

Personnellement, je pense que “A Taste for Bitters”, est vraiment un bon album. Je me rappelle lors des enregistrements avoir été complétement perdu dans la musique, absolument dans un autre monde. Mon esprit était dans les guitares, les paroles, et les structures des chansons. Après ça, je suis allé à Bordeaux, et j’étais à deux doigts de me jeter d’un pont, car j’étais triste que ça soit terminé. C’est comme ça que tu sais que c’était bon.

  • Que peut-on vous souhaiter pour l’année à venir ?

J’espère que nous aurons assez d’argent pour manger et faire de la musique pour le restant de notre vie. Ça n’est pas facile à faire, mais j’essaie.

Découvrez également la critique de « Falls Best » sur indiemusic

Remerciements à Troy Von Balthazar pour sa disponibilité et à Guillaume de Vicious Circle.

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Sébastien Weber

chroniqueur attaché aux lives comme aux disques d'exception